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Noyau dur du chômage.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 30 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 26/04/2007
    • de STOFFELS Edmund
    • à ARENA Marie, Ministre de la Formation


    A l’heure à laquelle l’UWE se félicite d’une progression probable du PIB wallon de 3 %, on devrait s’attendre à ce que cette progression se répercute aussi sur le taux de chômage ou plutôt sur le taux d’emploi.

    D’un autre côté, nous constatons qu’il y a des inadéquations entre le profil des demandeurs d’emploi et les emplois disponibles, par exemple dans les secteurs de la construction, du bois, de l’alimentaire etc. Ne faut-il pas dire la vérité aux jeunes quand ils sont encore en formation ? Ne faut-il pas leur dire clairement quels sont les métiers pour lesquels on recherche des travailleurs et quels sont les débouchés qui mènent à l’impasse ?

    Ne faut-il pas plaider pour encourager davantage de jeunes à suivre une formation professionnelle dans l’entreprise ? Et encourager les patrons de contribuer à la formation des jeunes en les engageant comme apprentis plutôt que de se lamenter sans arrêt sur les inadéquations constatées ?

    Est-ce une piste que de doubler la prime à l’embauche par une prime à l’embauche d’un apprenti (qui compensera en partie l’effort du patron lorsque celui-ci s’engage à former un jeune) ?

    Reste après tout le noyau dur du chômage composé de personnes dont le manque de qualification est tel qu’il est extrêmement pénible de trouver un emploi pour eux.

    A combien de personnes Monsieur le Ministre estime-t-il ce noyau dur ? Y a-t-il des concentrations de ce noyau dans les villes ? Lesquelles ? Quel est le profil type de ce noyau ? Est-ce que les PRC ne devraient-ils pas se focaliser sur eux ?
  • Réponse du 31/05/2007
    • de ARENA Marie

    Je remercie l'honorable Membre pour sa question.

    Comme il l’a certainement constaté, le Plan d'actions prioritaires pour l'Avenir des Wallons et des Wallonnes (Plan Marshall) consacre une part importante de son budget à la lutte contre les pénuries de main-d'œuvre qualifiée.

    Pour faire face à la problématique des pénuries, identifiée comme un problème majeur tant au niveau du PST2 que du Plan d'Actions Prioritaires, j'ai organisé avec mon Collègue le Ministre Marcourt, une première action de réflexion et de consultation. Ainsi, il a été décidé, sous l'égide d'un centre de recherche (OULBEA), de mener cette action sous la forme d'une série de neuf tables rondes consacrées, chacune, à un secteur professionnel au sens large. Les conclusions ont fait l'objet d'un rapport qui a été présenté lors d'un colloque conclusif le 31 mars 2006.

    Un plan intégré de lutte contre les fonctions critiques et les pénuries de travailleurs qualifiés a été confié au Forem. L'objectif est d'identifier et, si possible, d'anticiper les pénuries et d'y réagir en mettant en place des actions concrètes telles que l'accompagnement systématique des demandeurs d'emploi à l'issue de leur formation, mais aussi diverses démarches impliquant, les causes étant souvent multiples, d'autres acteurs ou niveaux d'intervention (partenaires sociaux, Gouvernement fédéral, etc.).

    Le plan d'action du Forem comporte quatre axes développés en parallèle:

    - une action d'analyse et de traitement des « métiers en pénurie», baptisée «Jobfocus », destinée à traiter dix métiers/an au rythme de un métier par mois pendant quatre ans;
    - une approche sous-régionale de proximité, portant sur des plans d'actions emploi/formation semestriels, pour des réponses concrètes à des besoins locaux à court terme;
    - l'augmentation du volume des formations qualifiantes dans les fonctions critiques, (objectif de 17.000 formations additionnelles en 4 ans (dont 1. 700 en 2006 et 3600 en 2007) ;
    - l'adressage individualisé de propositions d'emploi aux stagiaires terminant une formation qualifiante au sein des centres de Forem Formation.

    Par ailleurs, nous travaillons à la mise en place d'un service unique d'information et d'orientation professionnelle à destination des jeunes et des demandeurs d'emploi. Ce service s'appuiera sur la mise en place d'un logiciel d'information sur les métiers, les formations et les parcours scolaires qui y conduisent. Ce logiciel informera également sur l'état de la demande et de l'offre d'emploi dans le métier choisi, ce qui contribuera à la diffusion de l'information, certes opportune au moment du choix professionnel.

    Je compte également développer la formation professionnelle en alternance, d'une part par la valorisation des outils mis en place actuellement (IFAPME, CEFA, dispositifs d'alternance sectoriels, etc.), et d'autre part, par l'élargissement du PFI (Plan formation insertion), notamment pour les jeunes de moins de 25 ans peu qualifiés.

    Des travaux sont actuellement en cours en mon Cabinet en vue d'harmoniser les primes alternance de la Région wallonne afin de réduire les inégalités entre les jeunes des CEFA et de l'IFAPME.

    En ce qui concerne le noyau dur du chômage, aborder ce concept uniquement sous l'angle du «manque de qualification» est insuffisant. Plusieurs dimensions doivent effectivement être prises en considération :

    - la qualification: les personnes les plus qualifiées trouvent plus rapidement un d'emploi que celles peu ou pas qualifiées. Remarquons cependant que les jeunes issus de l'apprentissage ou de certaines filières professionnelles ou techniques trouvent aussi rapidement du travail. Cette seule dimension ne permet donc pas de définir le « noyau dur » ;
    - la durée d'inoccupation: les demandeurs d'emploi inoccupés (DEI) depuis plus de deux ans, tendent à s'enliser de manière durable dans le chômage. Ces personnes sont qualifiées de chômeurs de longue durée ;
    - l'âge: on observe que les demandeurs d'emploi les plus âgés présentent une durée d'inoccupation plus élevée et sortent moins vite sur le marché du travail ;
    - il est également nécessaire de prendre en considération la dynamique de la demande d'emploi. En effet, si certaines personnes passent la majorité de leur temps comme demandeur d'emploi, d'autres font de réguliers allers-retours entre le travail et le chômage. Ainsi, nombre de personnes cumulent des intérims ou des contrats à durée déterminée.

    Considérant ces différentes dimensions et sur base de la statistique sur la demande d'emploi, en avril 2007, la Région wallonne de langue française compte:

    - 259.833 DEI dont 215.128 demandeurs d'emploi demandeurs d'allocations et 20.026 jeunes en stage d'attente;
    - 117.225 DEI présentent une durée d'inoccupation supérieure à 2 ans;
    - 75.731 DEI inoccupés depuis plus de deux ans ont un niveau d'études qui ne dépasse pas le secondaire du 2ème degré (peu qualifiés) ;
    - 6.661 DEI inoccupés depuis plus de deux ans et peu qualifiés ont moins de 25 ans.

    Il est évident que certaines villes rassemblent une concentration plus importante de jeunes DEI peu qualifiés. C'est pourquoi, lors du Gouvernement conjoint thématique Emploi/Formation, le Ministre Marcourt et moi-même avons pris toute une série de mesures qui visent les jeunes peu qualifiés et qui doivent permettre d'éviter l'enlisement dans ce « noyau dur» du chômage, comme par exemple, l'aménagement du PFI déjà évoqué précédemment.