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20 % de l'eau n'arrive pas au robinet.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 163 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 26/04/2007
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    D’après les chiffres d’Aquawal publiés dans la presse du 13 avril dernier, 20 % de l’eau n’arriverait pas au robinet. Si c’est vrai, c’est un énorme gaspillage et une gifle pour le consommateur soucieux de consommer le moins possible de cette ressource précieuse.

    Aquawal regroupe près de 90 % des raccordements. Les pertes s’expliquent par des branchements défectueux, les affaissements de terrains ou des accidents de chantiers.

    Actuellement, les distributeurs d’eau échangent chaque année 1 à 1,5 % du réseau. Au vu de cette information, il va falloir l’échanger plus rapidement, au lieu d’attendre entre 60 et 100 ans.

    IL est temps que nous nous penchions sur ce thème. Que propose Monsieur le Ministre ?
  • Réponse du 22/05/2007
    • de LUTGEN Benoît
    Le rendement du réseau tel que calculé dans les chiffres publiés par la S.A. Aquawal rapporte le volume enregistré chez les abonnés, à l’aide de compteurs, à la somme du volume prélevé et du volume d’achats nets à d’autres producteurs d’eau.

    En tant que tel, le terme « fuite » pour qualifier la part d’eau non comptabilisée ne peut en aucun cas être utilisé. Il convient de parler de volume non enregistré. Ce n’est pas juste une question de rhétorique, mais bien deux concepts différents.

    Il n'est pas correct d'affirmer que le réseau d’eau wallon perd 20% de l’eau mobilisée à cause de fuites. Sur ces 20 % d’eau non comptabilisée, une partie est utilisée par le producteur d’eau lui-même afin de laver ses installations ou de purger ses canalisations, une partie est utilisée par les services incendies et la protection civile et ne leur est pas facturée, une partie correspond aux erreurs de comptabilisation des compteurs d’eau, et enfin, une partie est effectivement perdue par des fuites dans les réseaux. Il est difficile de mesurer la part relative de ces différentes composantes, puisque seuls les compteurs d’eau placés chez les usagers permettent de comptabiliser les volumes « sortants » du réseau. De plus, dans l'absolu, l’eau perdue n’est pas forcément perdue pour les ressources en eau. Certes, cette eau a été mobilisée, mais si une fuite intervient, cette eau retourne majoritairement dans d’autres aquifères.

    A juste titre, l’honorable Membre signale que le taux de renouvellement des conduites est actuellement de 1 à 1,5 % l’an. Ce taux de renouvellement correspond aux durées de vie des canalisations d’eau (entre 60 et 100 ans). Aussi, il n’est a priori pas impératif d’augmenter globalement ce taux de renouvellement. Le poste d’investissement « extension et renouvellement des réseaux » correspond à un montant annuel de l’ordre de 100 millions d’euros. Je vous rappelle qu’en recettes, ce budget provient entièrement des factures d’eau dont doivent s’acquitter la population et les entreprises wallonnes en vertu du principe du coût-vérité à la distribution d’eau.

    La politique actuelle de renouvellement des conduites porte par ailleurs ses fruits. En effet, le graphique ci-dessous montre l’évolution du rendement du réseau de quatre opérateurs parmi les plus importants depuis 1990. Vous constaterez que le rendement du réseau s’améliore d’année en année.

    J’invite d’ailleurs l’honorable Membre à consulter le rapport analytique sur l’état de l’environnement wallon (2006-2007), qui sera publié à la mi-juin 2007 et détaillera cette problématique sous tous ses aspects (cf. tableau en annexe. Sources : S.A. AQUAWAL pour le compte du Rapport analytique de l’état de l’environnement wallon (2006-2007)).

    Il est évident que les choses peuvent encore être améliorées. Ainsi, le Comité de contrôle de l’eau a mis récemment sur pied des indicateurs de performance des services de distribution d’eau qui doivent permettre d’inciter les distributeurs d’eau les moins performants à s’améliorer. En particulier, l’état général du réseau de distribution d’eau et des investissements en la matière fait l’objet de quatre indicateurs qui sont suivis d’année en année pour les 55 distributeurs d’eau de la Wallonie.

    L’honorable Membre parle d'« une gifle » pour les ménages soucieux d’une consommation rationnelle d’eau. La Wallonie peut, aujourd’hui se targuer d’une consommation d’eau potable plus faible que la moyenne européenne. C'est avant tout grâce aux ménages et aux entreprises qui ont compris la valeur intrinsèque de l’eau. Toutefois, si effectivement de l’eau est perdue, inévitablement, lors de son transport, les pertes restent minimes par rapport au surplus d’eau qu’il serait nécessaire de prélever si l’usager wallon gaspillait l’eau comme c’est le cas dans certains pays. Aussi, c’est en partie grâce à l’effort combiné des usagers et des distributeurs d’eau que la Wallonie, à l’heure actuelle, malgré sa forte densité de population, ne connaît pas de problème d’approvisionnement en eau. Usagers et distributeurs ne s’opposent pas, mais contribuent ensemble à cet état de fait.

    En conclusion, je dirais que la Wallonie n’a pas spécialement à pâlir de son réseau de distribution d’eau. Le service public de distribution d’eau wallon est efficace et travaille à l'amélioration constante de son réseau, tout en maintenant le prix de l’eau à un niveau abordable pour tout un chacun et ce dans le respect de la législation wallonne et des obligations européennes