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Nappe aquifère du Tournaisis - Bilan et état des connaissances.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 214 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 20/06/2007
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Le XXème siècle est considéré comme étant le siècle de l'or noir. On dit que le XXlème siècle sera celui de l'or bleu. Durant des années la nappe aquifère du Tournaisis a ainsi été surexploitée. Outre l'alimentation en eau potable du Hainaut occidental, cette nappe aquifère dessert également la métropole lilloise et une grande partie de la Flandre.

    Cette surexploitation a pour résultat une forte diminution de la nappe aquifère avec de lourdes et graves conséquences pour la région. De manière provisoire, c'est d'ailleurs la nappe aquifère Pecq-Roubaix qui a été sollicitée pour tenter de combler le déficit en approvisionnement de la nappe du Tournaisis.

    Ce sont les patrons carriers qui sont aujourd'hui mis à contribution en vue de valoriser leurs eaux d'exhaure.

    Dans un premier temps, Monsieur le Ministre peut-il me dire si l'équilibre de ces deux nappes a enfin été atteint ? Quelles sont les ponctions encore effectuées sur la nappe du Tournaisis et quelles sont celles effectuées sur la nappe Pecq-Roubaix? Les apports en eau, notamment venus des carrières, sont-ils suffisants par rapport aux ponctions ? Quelles sont les perspectives d'avenir pour ces deux nappes à court, moyen et long terme?

    Enfin, il est également essentiel que les habitudes de nos concitoyens puissent changer en matière de consommation d'eau. Ainsi, les habitants des communes du Hainaut occidental peuvent-ils être considérés comme étant de bons consommateurs ou, a contrario, de gros gaspilleurs d'eau par rapport à leurs homologues wallons, flamands et du Nord de la France ?
  • Réponse du 10/07/2007
    • de LUTGEN Benoît

    Je tiens tout d'abord à correctement définir la désignation des ressources aquifères qui concernent le Tournaisis.

    La nappe aquifère transfrontalière des calcaires carbonifères, qui est utilisée pour alimenter une partie du Hainaut occidental, de la Flandre ainsi que la région lilloise, a fait l'objet de nombreuses études qui ont généré différentes appellations liées aux délimitations des zones examinées.

    Ainsi, la partie surexploitée de cette nappe est souvent appelée nappe de Pecq-Roubaix. Par ailleurs, la partie wallonne de cette partie surexploitée a donné lieu, en application de la directive-cadre 2000/60/CE, à la masse d'eau n° RWE 060 appelée "Calcaires du Tournaisis".

    La nappe aquifère des calcaires carbonifères wallons situés au sud et à l'est, et qui n'est pas globalement surexploitée, a souvent été appelée nappe libre de Péruwelz-Seneffe et a donné lieu, en application de la directive-cadre 2000/60/CE, à la masse d'eau n° RWE 013 appelée "Calcaires de Péruwelz-Ath-Soignies".

    Il est vrai que la surexploitation de la nappe de Pecq-Roubaix a provoqué une forte diminution du niveau piézométrique avec de lourdes conséquences pour la région dans le Tournaisis, en Flandre et en France.

    Pour faire face à cette situation préoccupante, une gestion équilibrée de la ressource est indispensable.

    Au niveau belge, cette gestion implique l'accord de coopération du 2 juin 1997 conclu entre la Région wallonne et la Région flamande.

    Au niveau international, des contacts trilatéraux (France - Flandre - Wallonie) suivis ont lieu dans le cadre et en marge de la Commission Internationale de l'Escaut en vue du respect de dispositions de la directive 2000/60/CE du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l'eau.

    Un colloque organisé conjointement par la Région wallonne et l'Académie de l'Eau de Paris, a eu lieu le 9 février 2007 à Tournai et a permis de faire le point sur cette problématique.

    Bien que des études complémentaires trilatérales soient nécessaires pour disposer d'une connaissance actualisée de la ressource et pour disposer d'un outil d'aide à une gestion optimisée, les résultats obtenus à ce jour sont déjà remarquables et optimistes.

    Grâce au respect d'un programme de réduction des prélèvements d'eau destinée à la production d'eau potable pour la Flandre et la Wallonie (réduction compensée par les fournitures d'eau de substitution), la nappe de Pecq-Roubaix a été stabilisée et remonte tout en restant nettement en-dessous de son niveau d'il y a un siècle.

    Ce résultat a été obtenu essentiellement grâce à une réduction constante des prélèvements des producteurs belges d'eau potable qui ont capté en 2006 un volume de 18,74 millions de m3, soit 15,12 millions de m3 de moins que lors de l'année de référence 1993. Les producteurs d'eau français ont mené, à une moindre échelle, une politique similaire.

    L'eau de substitution a été fournie par la Transhennuyère qui potabilise l'eau d'exhaure des carrières mélangée à l'eau de dilution prélevée dans la masse d'eau RWE 013. La production 2006 de la Transhennuyère a été de 9,87 millions de m3. Une autre partie de l'eau de substitution a été fournie en Flandre par l'usine de production d'eau potable à partir de l'eau de surface potabilisable (eau de l'Escaut prélevée dans le canal Bossuyt-Courtrai).

    En conclusion, je peux dire qu'un équilibre des masses d'eau RWE 060 et RWE 013 a été atteint mais qu'il reste très fragile.

    La nappe transfrontalière (RWE060 et les masses d'eau homologues en Flandre et en France) remonte grâce aux réductions des prélèvements, mais en cas d'incidents climatiques ou techniques imposant une augmentation de prélèvements, ce résultat obtenu en une dizaine d'années d'efforts continus peut être compromis rapidement.

    La nappe de Péruwelz-Ath-Soignies (RWE 013) à la frontière de la masse d'eau RWE 060 atteint un équilibre moins favorable qu'auparavant en raison de la production de la Transhennuyère ajoutée à celle des prises d'eau préexistantes. Le niveau de l'eau ayant baissé, des conséquences négatives sont apparues et devront être maîtrisées.

    Le volume d'eau d'exhaure des carrières utilisé pour la Transhennuyère n'a pas toujours été suffisant pour pérenniser la production d'eau. Ce problème devra aussi être maîtrisé.

    Les perspectives d'avenir pour ces deux nappes à court, moyen et long terme sont donc bonnes à condition de rester vigilant et de maintenir une gestion rigoureuse.

    Enfin, je tiens à souligner que les habitants des communes du Hainaut occidental peuvent être considérés comme des consommateurs "économes". Leur consommation est en effet relativement faible et n'influence pas significativement l'équilibre des masses d'eau souterraine concernées.