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La prolifération du raton laveur dans nos contrées.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 271 (2006-2007) 1

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  • Question écrite. du 22/08/2007
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme
    C’est en 1986 que l’on a pu observer la présence du raton laveur dans nos contrées.

    Depuis plus de 20 ans, cette espèce animale a proliféré et aujourd’hui, certains experts de la biodiversité tirent la sonnette d’alarme. En effet, il semblerait que la présence de ces ratons laveurs constitue une menace pour la biodiversité.

    La croissance incontrôlée de cette espèce a conduit à une forte expansion du raton laveur au sein de la Région Wallonne et principalement dans les vallées ardennaises. Cette présence engendre un certain nombre de nuisances, notamment, au niveau environnemental.

    Le Conseil de l’Europe a classé le raton laveur dans la liste des espèces qui présentent un danger pour la biodiversité et il recommande son éradication.

    Monsieur le Ministre, la Région Wallonne envisage-t-elle de réguler la présence de ces mammifères sur son territoire? Une méthode particulière est-elle envisagée ?
  • Réponse du 07/09/2007
    • de LUTGEN Benoît
    Il est exact que depuis deux ans, les observations de raton laveur ne sont pas rares et des traces ou observations attestent de sa présence dans les zones boisées de plusieurs bassins hydrographiques de la Région wallonne. On ne peut toutefois pas encore parler de prolifération. Son abondance et sa répartition en Région wallonne devraient être étudiées plus précisément.

    Il convient toutefois de se préoccuper dès à présent des risques encourus par la faune et la flore indigènes.

    Selon la littérature scientifique basée sur les expériences des pays voisins, on n'a pas jusqu'à présent démontré de problème de compétition avec des espèces qui occuperaient la même niche écologique (comme le chat sauvage). La possibilité de compétition avec le putois devrait quant à elle être documentée.

    L'espèce étant omnivore, se nourrissant tant d'insectes, de baies, que de mollusques, batraciens ou petits mammifères, les principaux risques posés par la présence de l'espèce sont la prédation d'espèces rares et menacées telles que la moule perlière (localisée sur certaines portions de cours d'eau ardennais) et les oiseaux nichant au sol. En ce qui concerne ces derniers, la gélinotte des bois est l'un des rares oiseaux forestiers nichant au sol qui pourrait souffrir de la présence du raton-laveur. Cette espèce n'a toutefois plus été observée ces dernières années et ses zones de présence potentielle sont très limitées.

    Il y a également lieu de noter que, pour les oiseaux nichant au sol, l'impact très net des surpopulations de sangliers a été mis en évidence et que cette pression est et restera certainement supérieure à celle qui peut être induite par le raton laveur. Le raton laveur n'a, par contre, pas d'impact direct sur les habitats.

    La recommandation n°77 (1999) du Conseil de l'Europe relative à l'élimination de vertébrés terrestres non indigènes cite le raton-laveur comme "exemple d'espèces envahissantes ayant prouvé être une menace pour la diversité biologique", mais reste prudente et nuancée sur les mesures à mettre en œuvre par rapport à ces espèces.

    En effet, elle recommande avant toutes choses aux Etats membres:

    - de réglementer l'importation de ces espèces;
    - d'évaluer préalablement la menace que ces espèces représentent pour la diversité biologique sur leur territoire;
    - d'évaluer la possibilité d'éliminer des populations qui représentent une menace pour la diversité biologique et de les éliminer si cette mesure a été jugée réalisable.

    Elle recommande également:

    - de rechercher la participation et la coopération de toutes les parties intéressées;
    - de convaincre l'opinion publique du bien-fondé des mesures envisagées, en veillant à ne pas heurter les consciences sur des problèmes dont la perception relève directement des valeurs culturelles.

    Au niveau légal, le lâcher dans la nature d'espèces non indigènes est interdit en Région wallonne et le raton-laveur ne figure pas dans la liste des espèces qui peuvent être détenues telle qu'arrêtée par le Ministre fédéral de l'Environnement.

    Afin d'améliorer la connaissance de l'abondance de l'espèce en Région wallonne et de son impact potentiel vis-à-vis de la faune et de la flore indigène, plusieurs mesures vont être mises en œuvre : recensements, collaboration avec les universités ... Une attention sera également portée aux autres espèces animales non indigènes envahissante dont l'impact est aussi, voire davantage, préoccupant : grenouille taureau, écureuil gris, ...

    Compte tenu des connaissances actuelles, je compte mener une opération de capture de l'espèce dans une zone du bassin de la Sûre occupée par la moule perlière, afin de supprimer tout risque de prédation.

    La technique de capture est actuellement à l'étude ; elle impliquera vraisemblablement l'utilisation de cages avec appâts non empoisonnés et visera à être sélective et sans cruauté. Cette opération tiendra lieu d'opération pilote, et sera au besoin renouvelée dans d'autres zones sensibles.