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Meilleure gestion des médicaments - Projet de la Mutualité chrétienne en matière de maisons de repos et maisons de repos et soins.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 116 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 07/09/2007
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à MAGNETTE Paul, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    J'ai déjà pu aborder avec le prédécesseur de Monsieur le Ministre la problématique de l'utilisation des médicaments dans les maisons de repos et les maisons de repos et de soins de la Région wallonne.

    Au mois de mai 2007, la Mutualité chrétienne a présenté les résultats de son étude sur la consommation de médicaments dans les maisons de repos et les maisons de repos et de soins. Il existerait ainsi une grande variabilité en matière de consommation de médicaments entre les différentes maisons de repos et maisons de repos et de soins de la Région wallonne.

    Cette variabilité se retrouverait non seulement dans le nombre moyen de médicaments administrés à chaque résidant mais également dans le type de médicaments ou encore le prix de ceux-ci.

    La Mutualité chrétienne propose ainsi plusieurs pistes en vue de mieux maîtriser la qualité, la quantité mais également le coût des médicaments donnés.

    Monsieur le Ministre a-t-il pu prendre connaissance de cette étude? Quelles sont, selon lui, les raisons qui peuvent justifier cette forte variabilité entre les maisons de repos et maisons de repos et de soins de la Région wallonne?

    Selon Monsieur le Ministre, quelles sont les pistes qui permettraient de remédier à cette variabilité en terme de consommation de médicaments?

    Enfin, Monsieur le Ministre entend-il contacter les différentes Mutualités (chrétienne, socialiste, libérale, neutre) afin qu'un système similaire à celui proposé par la Mutualité chrétienne puisse être étendu à l'ensemble des maisons de repos et maisons de repos et de soins de la Région wallonne?
  • Réponse du 03/10/2007
    • de MAGNETTE Paul

    L'étude de la Mutualité chrétienne à laquelle l'honorable Membre fait allusion, est intervenue à la suite du rapport établi par le Centre fédéral d'expertise et publié fin 2006.

    Ce rapport se concluait par les quatre recommandations suivantes.

    1. Depuis 2004, il existe une obligation légale pour les maisons de repos et de soins d'utiliser un formulaire qui participe à la réalisation d'une prescription rationnelle. Des mesures devraient être prises dans le but d'augmenter l'implémentation et l'impact du formulaire dans les maisons de repos et de soins et dans les maisons de repos. Le médecin coordinateur devrait jouer un rôle plus important dans ce processus. Un formulaire thérapeutique peut jouer un rôle central dans le transfert de connaissances des meilleures pratiques à l'égard des médecins prescripteurs dans les maisons de repos et les maisons de repos et de soins ainsi que dans l'exécution locale de règles de prescription et de système de contrôle de la qualité. Une collaboration étroite et continue avec plusieurs associations scientifiques et professionnelles est cruciale. Les autorités compétentes en matière d'information pharmaco-thérapeutique indépendante et de pharmacovigilance devraient accroître leurs efforts pour fournir des résumés d'évidence relatifs à l'opportunité et augmenter la conscientisation à l'égard des risques associés à l'utilisation de médicaments chez les personnes âgées.

    2. Des accords locaux concernant le choix concret de médicaments génériques entre institutions, médecins prescripteurs et pharmaciens peut stimuler leur usage. Actuellement, la faisabilité pratique d'un choix pour les génériques peut être limitée par la disponibilité parfois très importante des différentes molécules. Une étude devrait porter sur la possibilité de fourniture de doses uniques grâce auxquelles les médicaments sont conditionnés par patient de manière individuelle.

    3. Il est nécessaire d'orienter la formation traditionnelle des infirmières et des pharmaciens vers leur nouveau rôle de gestion de la médication dans les institutions de soins en collaboration avec le médecin coordinateur. Une meilleure formation pharmacologique du personnel infirmier et une amélioration de la communication avec le pharmacien dispensateur et les médecins prescripteurs sont susceptibles d'améliorer la qualité de la médication dans les maisons de repos et dans les maisons de repos et de soins.

    4. Les médicaments dispensés dans les pharmacies de quartier sont actuellement remboursés par un financement à l'acte. Dans l'espoir de combiner les incitants en faveur d'une amélioration de la qualité et des coûts, d'autres systèmes de financement devraient être explorés.

    L'étude menée par la Mutualité chrétienne porte sur la consommation médicamenteuse de ses affiliés. Cette étude, qui porte sur un segment bien spécifique de la population des personnes âgées hébergées en maisons de repos et maisons de repos et de soins, confirme les constats dressés par le Centre fédéral d'expertise.

    En résumé, les résultats de l'étude de la Mutualité chrétienne se déclinent comme suit.

    En 2005, un résident d'une MR ou d'une MRS recevait en moyenne dix médicaments différents. Le nombre moyen par jour s'élevait à quatre.

    La quantité de psychotropes consommés pose également question: en moyenne, pas moins de 44 % des résidents ont reçu des antidépresseurs durant minimum 30 jours. En outre, quasi un résident sur quatre en moyenne (23,3 %) a reçu des antipsychotiques, des médicaments utilisés dans le traitement de graves pathologies psychiatriques, comme la schizophrénie.

    En moyenne, 31 % des patients ont reçu au minimum un médicament de la "liste de Beers". Cette liste comporte des produits considérés comme étant moins recommandés pour une population âgée car ils peuvent potentiellement faire plus de mal que de bien, principalement en raison des effets secondaires liés à l'âge.

    Ce qui frappe surtout, c'est la grande variabilité entre les différents établissements. On trouve ainsi des institutions où quasi 75 % des patients utilisent des antidépresseurs, alors que ce taux n'est que de 14 % dans d'autres institutions. Pour les antibiotiques, les différences sont encore plus frappantes: les pourcentages de patients recevant au minimum une dose par jour varient de 11 % à 96 %.

    Un élément positif concerne l'administration du vaccin contre la grippe puisque les établissements atteignent, en moyenne, un taux de couverture de plus de 90 %.

    L'étude de la Mutualité chrétienne s'est également concentrée sur les médicaments moins chers. En 2005, 25 % des médicaments prescrits étaient soit des produits génériques, soit des médicaments moins chers. 15 % étaient des spécialités (chères) avec surcoût pour le patient et 60 % étaient des spécialités encore sous brevet, donc sans alternative générique. La variabilité est, ici encore, importante puisque certains établissements ne consommaient que 5 % de médicaments moins chers, tandis que dans d'autres, les médicaments moins chers représentaient 59 % du volume total de médicaments consommés.

    Ma réflexion au départ des éléments qui précèdent, m'amène à formuler les réponses suivantes.

    La variabilité du niveau moyen de consommation de médicaments entre établissements est bien entendue interpellante et confirme, si besoin en était, l'utilité de l'étude menée par le Centre fédéral d'expertise et de l'initiative prise par la Mutualité chrétienne de s'inscrire, pour ses affiliés, dans la même démarche.

    Mon objet n'est pas de stigmatiser tel ou tel intervenant dans la prescription, la dispensation, la gestion ou l'usage d'un processus de soins. Ma préoccupation serait plutôt de m'inscrire dans la dynamique de consultation et de coopération mise en place par le Ministre-Président, Rudy Demotte, lorsqu'il assurait la gestion du Ministère fédéral de la Santé publique.

    Comme l'honorable Membre le sait, la compétence est fédérale, et j'ose espérer que le prochain Ministre fédéral de la Santé publique poursuivra sur la voie tracée par son prédécesseur et rassemblera autour de cette thématique les différents acteurs, dont font partie les Mutualités.