/

Du bois pour fixer le CO2.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 292 (2006-2007) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 11/09/2007
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Actuellement, quelque 550.000 ha soit environ 30 % du territoire wallon sont couverts de bois. D’une part, le bois, fournisseur de matière première, remplit une fonction économique et touristique. D’autre part, il remplit une fonction environnementale d’autant plus considérable qu’elle permet de fixer des quantités énormes de GES (CO2). Je partage entièrement votre souci d’intégrer cet aspect dans le futur code forestier que vous présenterez vers la mi-2008.

    Dans le cadre de ce débat, je souhaite confronter Monsieur le Ministre avec plusieurs questions :

    - depuis que la Région wallonne développe le bois-énergie, certains scieurs ressentent un manque de matière première à un prix abordable. Déjà, les exportations de la matière première fait chauffer les prix. Le bois-énergie provoque alors une pénurie ressentie par les scieurs de feuillus plus que par les scieurs de résineux. N’est-il pas utile d’encourager la plantation de biomasse destinée à des fins énergétiques qui puisse d’une part réduire la pression sur la matière première qu’est le bois et d’autre part offrir de nouvelles potentialités aux agriculteurs;

    - n’est-il pas utile d’augmenter progressivement le nombre d’ha destinés à la sylviculture et d’augmenter ainsi la capacité de fixer du C02 ainsi qu'à long terme, la production sylvicole qui sera la base d’un secteur de transformation du bois;

    - n’est-il pas utile de favoriser prudemment (c’est-à-dire sans tomber dans le piège des monocultures) la plantation d’arbres qui ont une capacité plus importante de fixer du C02, grandissant plus vite, arrivant plus vite à maturité et pouvant être récolté plus vite ?
  • Réponse du 01/10/2007
    • de LUTGEN Benoît

    La plantation sur terres agricoles pour produire de la biomasse ligneuse à des fins énergétiques est relativement complexe. Premièrement, il faut que cette production soit économiquement rentable et réponde à un réel besoin de diversification de l’agriculture. Ensuite si cette pratique se développe, elle doit se faire en respectant l’environnement. Les prescriptions en matière d’aménagement du territoire (plan de secteur) doivent également être respectées. Cette question sera débattue avec mon collègue André Antoine dans les prochaines semaines.

    En Wallonie la surface forestière au sens strict du terme est stable depuis une vingtaine d’années. L'extension de cette surface semble difficile si on considère les affectations concurrentes du sol. Par contre, l’administration est souvent confrontée à des défrichements de forêts et leur conversion en terres agricoles. Le CWATUP doit être respecté pour éviter ces déboisements.

    Je tiens également à rappeler que malgré les efforts fournis par les gestionnaires et propriétaires en faveur de la biodiversité en forêt, la fonction de production garde toute sa place dans les forêts de la Région wallonne.

    La remarque de l'honorable Membre sur les essences qui ont une plus grande capacité de stocker du CO2 est pertinente mais suscite encore bien des débats au sein des scientifiques. C’est la raison pour laquelle j’ai invité un groupe de travail d’experts en la matière à me remettre un rapport sur ce sujet.

    Dans l’état actuel de nos connaissances, une essence comme le douglas pourra utilement remplacer l'épicéa dans les stations où il est parfaitement adapté. Sa production est supérieure et ses possibilités de valorisation pour des usages à long terme paraissent plus importantes.

    Il est essentiel de tendre vers la constitution de la forêt la plus saine possible en misant sur la diversification des essences et des provenances génétiques, ainsi qu’en permettant aux arbres de se développer dans les conditions les plus favorables.

    En effet, c'est seulement si la forêt possède la plus large capacité d'adaptation qu'elle pourra résister au changement climatique et qu'ainsi elle pourra jouer son rôle en matière de stockage de CO2.

    Pour conclure, je rappelle qu’en ce qui concerne la valorisation du bois, il est toujours plus intéressant, au plan du bilan CO2 et de l'emploi, de privilégier l'utilisation du bois dans des filières longues (ameublement, construction, menuiserie, panneaux, papier) que son utilisation sous forme d'énergie.