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A quand un développement réfléchi des parcs éoliens en Région wallonne ?

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2007
  • N° : 3 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 20/09/2007
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    Nous comptons actuellement 56 éoliennes en activité et 67 en projet en Région wallonne. Elles ont une production annuelle estimée à 195.000 MWh, soit une puissance de 91,3 MW. L’Institut pour le développement durable estime le nombre d’emplois générés par cette technique à quelque 400 unités. Une éolienne de 2 MW fait l’économie de 1.500 tonnes de CO2 par an. L’objectif est d’atteindre en 2010 une capacité de 370.000 MWh avec environ 150 éoliennes.

    Est-ce que l’augmentation de la capacité de production d’électricité par les éoliennes suffit pour faire face à l’augmentation de la consommation d’énergie électrique ? Et quelle va être en termes de quantités produites la part des éoliennes dans l’ensemble de la production d’énergie alternative ?

    Jusqu’à présent, il est difficile d’identifier la politique wallonne : est-ce que ce sera le vent, le soleil, la géothermie, les barrages ou encore d’autres formes d’énergie ou est-ce que ce sera un mixte entre toutes ces formes de sources d’énergies alternatives qui sera privilégié ? Bref, quels sont les moyens que nous nous donnons pour atteindre l’objectif fédéral de fermeture progressive des centrales nucléaires ?

    Après ce prélude, j’en viens au cœur de ma question.

    A chaque endroit où un promoteur présente un projet de parc éolien, nous avons l’occasion d’observer une levée de boucliers de citoyens-riverains plutôt hostiles à cette technologie parce qu’elle entraîne des effets indésirables.

    Il ne m’appartient pas de juger globalement de la pertinence des arguments des uns et des autres. C’est en fonction des réalités locales que chaque projet doit être analysé. Ce qui m’intéresse, c’est que nous semblons mener une politique au cas par cas sans qu’il n’y ait une vision coordonnée en ce qui concerne les zones d’implantation où l’implantation d’éoliennes serait à encourager ou à déconseillée.

    Je partage l’avis d’IEW lorsqu’elle critique – je cite – que le développement éolien est insuffisamment encadré et qu’il est urgent de se doter d’outils de référence adaptés. Nous avons besoin d’une cartographie des zones favorables à l’implantation d’éoliennes ou, en d’autres termes, d’un vrai atlas du vent. Non seulement, ce serait un outil planologique permettant de rencontrer en temps utile les soucis des riverains mais aussi un outil qui permettrait d’attirer des investisseurs potentiels.

    Je ne partage pas le point de vue de Monsieur le Ministre lorsqu’il dit qu’une telle cartographie est trop coûteuse et qu’elle prend trop de temps pour être réalisée. Evidemment, si nous interdisons tout investissement pendant la mise sur pied d’une telle cartographie, nous risquons de freiner un mouvement favorable au climat et à l’environnement. La cartographie n’exclut pas que des projets puissent être introduits et autorisés.

    Monsieur le Ministre dit que la complexité du relief wallon rend aléatoire la réalisation d’une carte des vents fiable et suffisamment précise. Mais croit-il que sans carte, ce sera mieux ? Comment pourrions-nous évaluer, sans un tel instrument, la part des éoliennes dans un mixte énergétique qui se substitue progressivement à l’énergie nucléaire ? Certes, toute carte de vent reste toujours quelque part approximative, mais elle permet d’estimer si les éoliennes constituent une vraie alternative pouvant contribuer de façon substantielle à l’approvisionnement de la Région wallonne en énergie.

    Je n’accepterai pas que le débat se limite à compter jusque 150 éoliennes, parce que 150 éoliennes seront insuffisantes pour établir une vraie stratégie de production d’énergie alternative. Soit il s’avère que les emplacements qui permettent une production d’électricité suffisante sont assez nombreux et on pourra développer une véritable stratégie plus ambitieuse. Soit la récolte estimée ne promet pas une rentabilité au-delà d’un nombre donné d’éoliennes et on devra en temps utile s’orienter vers d’autres formes d’énergies. Ne pas consacrer du temps et de l’argent à une telle étude, c’est se priver d’un outil planologique très utile.

    Par contre, Monsieur le Ministre prépare une carte des zones exclues en raison de critères de protection du paysage. C’est une bonne initiative car, en effet, non seulement il objective la discussion en établissant un catalogue de critères auxquels les promoteurs et les riverains peuvent faire référence, mais, en plus, il prépare de façon anticipative la discussion sur le plan local.

    Mais j’oserais faire un pas plus loin en suggérant à Monsieur le Ministre qu’à l’image du TGV, un fonds de compensation soit créé et destiné à financer des investissements dans les communes qui subissent un impact paysager ou autre par les parcs éoliens. Cette politique a contribué à compenser l’impact par des projets souhaités par la population.

    Au vu des déclarations faites dans la presse, il m’a semblé utile de ramener le débat. En tant que parlementaire, je souhaite que nous participions à ce débat et que nous ne nous contentions pas du rôle d’observateur extérieur, et ce, d’autant moins que les enjeux sont importants.
  • Réponse du 25/10/2007
    • de ANTOINE André

    Pour donner suite à la question posée par l'honorable Membre j'ai l'honneur de porter les éléments d'information suivants à sa connaissance.

    Concernant les chiffres, nous recensons effectivement 56 éoliennes en fonctionnement et des permis délivrés pour 84 nouvelles machines. De plus dans les très nombreuses demandes instruites par les services de mon administration centrale, il faut ajouter des avis de principes favorables établis sur base de la cartographie des champs de contraintes pour l'implantation de parcs éoliens sur le territoire wallon (cette cartographie des contraintes environnementales, d'aménagement du territoire et paysagères à l'implantation d'éoliennes a été réalisée, à l'échelle du 1/50.000e, sur l'ensemble du territoire wallon; le travail, achevé en avril 2006, a conduit à identifier les zones présentant pas ou peu de contraintes dans ces domaines, comme celles à exclure sur ces bases). Les objectifs "2010" devraient donc être atteints et même vraisemblablement dépassés, tout en préservant et nos paysages, et des potentialités pour l'avenir.

    L'augmentation de la capacité de production de l'éolien ne peut suffire à elle seule (je rappelle que la Région wallonne a ratifié la Convention de Florence) à satisfaire l'accroissement de la consommation d'énergie électrique. Avec une consommation environ 44 % supérieure à la moyenne européenne, et même environ 26% supérieure à celle du Japon, la Belgique est en effet un des pays où la consommation par habitant est une des plus élevée au monde. Il paraît donc évident que ni le vent, ni le solaire, ni la géothermie, ni l'hydrologie, ni la biomasse, ne peuvent être envisagés isolément, mais qu'il s'agit bien d'un "mixte" de l'ensemble. L'éolien "on-shore" ne peut en aucun cas être la seule alternative.

    Les projets éoliens comme bon nombre de projets d'aménagement du territoire ou d'urbanisme suscitent effectivement en Région wallonne des levées de boucliers. En aucun cas, nous ne devons mener de politique au cas par cas. Sur base de la cartographie précitée, un avis de principe est remis aux différents demandeurs ou promoteurs. De plus, les services de mon administration veillent à "répartir" les projets éoliens sur l'ensemble du territoire, en préservant les encerclements de zones d'habitat, et en veillant à limiter les effets pervers de "covisibilité" en imposant des distances d'environ 12 à 15 kilomètres entre deux parcs. Combinée à l'application de critères rigoureux en termes, entre autres, de production minimale admissible par champ éolien, une telle démarche permet dès lors de planifier un développement éolien qui allie à la fois maximalisation de la production énergétique éolienne et utilisation parcimonieuse du sol, soit un développement éolien dans une logique de développement territorial harmonieux et durable. Sur base de la "Convention de Florence", il convient aussi de veiller à préserver une sélection de paysages représentatifs de la diversité des paysages ruraux wallons constituant un patrimoine d'enjeu régional au sein duquel l'implantation d'éoliennes conduirait à une dénaturation non compatible avec l'objectif de préservation de tels paysages. Au delà de cette démarche de support du choix des sites d'implantation d'éoliennes, il ne faut pas négliger, dans l'optique d'une meilleure acceptation des éoliennes par les citoyens, la composition desdits parcs éoliens qui doit être réfléchie sur base de critères de composition paysagère et non pas, comme c'est trop souvent le cas actuellement, sur base des seules disponibilités foncières des terrains.

    Sans être la seule solution, les éoliennes peuvent contribuer pour une part à l'approvisionnement en énergie de la Région, et il est possible de dépasser le nombre de 150 machines, tant qu'il est établi un ratio coût paysage / MW éolien projeté. Sachant que depuis 1980, la puissance des éoliennes a été multipliée par un facteur 500, et par un facteur 10 depuis les dix dernières années. Il convient aussi de gérer les sites potentiels, et d'en préserver une part importante pour des éoliennes nouvelles génération.

    Concernant un "Fonds éolien", sachant qu'il s'agit d'une énergie déjà plus onéreuse, faut-il encore grever ses coûts par ce type de procédure?

    A la question principale qui concerne la nécessité d'encadrer le développement de l'énergie éolienne en Région wallonne, notamment par la définition des zones où l'éolien est à encourager et de celles où il est déconseillé, je peux apporter les éléments de réponse suivants : une cartographie des contraintes environnementales, d'aménagement du territoire et paysagères à l'implantation d'éoliennes a été réalisée, à l'échelle du 1/50.000e, sur l'ensemble du territoire wallon; ce travail, achevé en avril 2006, a conduit à identifier les zones présentant pas ou peu de contraintes dans ces domaines, comme celles à exclure sur ces bases.

    Combinée à l'application de critères rigoureux en termes, entre autres, de production minimale admissible par champ éolien et d'entre-distance minimale entre champs éoliens, une telle démarche permettrait dès lors permettre de planifier un développement éolien qui combinerait à la fois maximalisation de la production énergétique éolienne et utilisation parcimonieuse du sol, soit un développement éolien dans une logique de développement territorial harmonieux;

    Je tiens encore à revenir sur un point qu'il ne faut pas négliger dans l'optique d'une meilleure acceptation des éoliennes par les citoyens: au-delà de cette démarche de support au choix des sites d'implantation d'éoliennes, la composition desdits parcs éoliens doit être réfléchie sur la base de critères de composition paysagère et non pas, comme c'est trop souvent le cas actuellement, sur la base des seules disponibilités foncières des terrains.