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Forêt récréative.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2007
  • N° : 22 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 26/09/2007
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme


    Le Professeur Jacques Rondeux (Gembloux) demande une politique forestière réfléchie qui réponde à la manière de voir la forêt aujourd’hui se préparer pour satisfaire les attentes de demain. Que se cache-t-il derrière ce propos général ?

    Quand on pense forêt aujourd’hui, on pense biodiversité et forêt récréative. Deux aspects auxquels il faut ajouter la fonction écologique (bois-énergie), la production de bois (matière première précieuse), régulation du climat (fixation de CO2) et à la chasse. Ce sont tous des objectifs peu ou mal chiffrés jusqu’à présent. De ce fait, il est difficile aux yeux du Professeur « d’hiérarchiser les fonctions de la forêt », étape indispensable à toute gestion future de la forêt générant des recettes et des dépenses.

    Vu que la forêt doit accomplir un ensemble de fonctions très diverses voir parfois antagonistes, il n’est plus possible que sa gestion soit réservé aux seuls professionnels forestiers. La concertation avec d’autres secteurs s’impose : propriétaires, chasseurs, associations récréatives, communes, acteurs touristiques, Horeca, professionnels du bois, DNF, … La bonne gestion sera dorénavant concertée entre l’ensemble des acteurs qui valorisent les forêts de façon directe ou indirecte.

    Il est vrai que différentes fonctions entrent en concurrence : la valorisation du bois comme source d’énergie est en compétition avec d’autres valorisations à des fins plus nobles. Ce qui est prôné aujourd’hui comme perspective d’avenir peut très vite muter en difficulté, voire même en obstacle. « Aujourd’hui, c’est la forêt récréative, demain ce sera autre chose. »(Prof. Fondeux)

    Face à ce constat, le Professeur, dans une interview du 7 septembre dernier, déplore qu’on c’est « trop vite privé de l’approche scientifique ».

    Voilà en résumé des propos qui doivent nous interpeller à la veille de la réforme du Code forestier. Interpellés parce que nous ne pouvons pas faire abstraction de l’approche scientifique de la forêt et que nous, politiques, avons besoin du dialogue avec les scientifiques. Interpellés aussi parce que nous devons construire une politique multidimensionnelle cohérente qui marquera la fin du morcellement des fonctions de la forêt sur base des intérêts particuliers.

    Puis-je savoir comment Monsieur le Ministre réagit par rapport à la critique selon laquelle on c’est « trop vite privé de l’approche scientifique » ?
  • Réponse du 09/10/2007
    • de LUTGEN Benoît

    En Région wallonne, comme dans les autres pays européens, c'est la gestion multifonctionnelle qui est préconisée, conformément aux critères définis par les conférences ministérielles sur la protection des forêts (Helsinki et suivantes).

    Pour rappel, selon les critères définis par la conférence d’Helsinki, le développement durable des bois et forêts implique la nécessité d’appliquer de manière équilibrée et appropriée les principes suivants :

    1° le maintien et l’amélioration des ressources forestières et leur contribution au cycle du carbone ;
    2° le maintien de la santé et de la vitalité des écosystèmes forestiers ;
    3° le maintien et l’encouragement des fonctions de production des bois et forêts ;
    4° le maintien, la conservation et l’amélioration de la diversité biologique dans les écosystèmes forestiers ;
    5° le maintien et l’amélioration des fonctions de protection dans la gestion des bois et forêts, notamment le sol et l’eau ;
    6° le maintien et l’amélioration d’autres bénéfices et conditions socio-économiques.

    Dans le projet de Code forestier, dont la note d'orientation a été approuvée, à mon initiative, par le Gouvernement le 19 juillet 2007, j'ai décidé d’intégrer les six principes d’Helsinki et de tenir compte de toutes les interactions entre l’économie, l’écologie, la chasse, le social et le tourisme.

    En ce qui concerne les forêts publiques, dont la gestion est assurée par l’administration wallonne (la D.N.F. en l’occurrence), c’est par les plans d'aménagement forestier que l’on précisera le poids des différentes fonctions. L’accent sera porté sur l'une ou l'autre d'entre elles compte tenu des spécificités locales. Les aspects "ouverture de la forêt au public" doivent évidemment être plus développés dans les forêts périurbaines ou dans les régions de grande affluence touristique.

    Des résultats de recherche, comme ceux développés dans l’article dont l'honorable Membre fait référence, seront évidemment indispensables et intégrés dans les plans d’aménagement.

    Les communes sont associées à l'élaboration des plans d'aménagement forestier de façon à ce qu'elles appréhendent les conséquences des décisions proposées dans les plans.

    Concernant le projet de Code forestier, une large concertation est en cours. Elle s'adresse à tous les milieux : économique, écologique, social, touristique et cynégétique.

    Les mesures proposées dans le nouveau Code s'appuient sur les résultats de recherches ; celles-ci et leur prolongement seront particulièrement utiles dans l'élaboration des arrêtés d’exécution.

    Je tiens également à rappeler que je viens de mettre en place un groupe de travail composé d’experts scientifiques de toutes les Universités. Ce groupe de travail a pour mission de proposer un plan de gestion forestière au regard du changement climatique.

    Pour la complète information de l'honorable Membre, en 2007, un budget de 1.960.000 euros est consacré, par mon département, à la recherche forestière avec les différentes universités (Gembloux, Louvain-la-Neuve, ULB et Ulg).

    Rien que pour cette année, l’intervention financière de la Région wallonne dans les recherches de l’équipe du professeur Rondeux est de 753.000 euros.