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Le traitement des déchets à Lille.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2007
  • N° : 32 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 05/10/2007
    • de KAPOMPOLE Joelle
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    C’est à Lille qu’a vu le jour un des projets les plus achevés en matière de développement durable : il s’agit du projet européen « Biogasmax ».

    En résumé, il s’agit de traiter les déchets organiques lillois issus des collectes sélectives, des parcs à conteneurs, des cantines et des marchés municipaux. On traite ces déchets dans une unité de biométhanisation, la fraction solide des déchets est valorisée comme compost et le gaz est utilisé pour faire tourner les bus de la communauté urbaine de Lille.

    On peut dire que nos amis lillois ont fermé un cercle vertueux : ils assurent l’indépendance énergétique de leur réseau de transport en commun, ils valorisent une grande partie de leurs déchets, ils réduisent leurs émissions de CO2 et ils assurent des emplois locaux !

    En termes de développement durable, que demander de plus ?

    En 2006, notre excellent Collègue R. Meureau avait déjà interrogé Monsieur le Ministre sur ce projet. Monsieur le Ministre répondait, et je vous cite : j’ai demandé à des experts d’examiner le projet « biogazmax » (1) .

    Quelles ont été les conclusions de ces experts ?

    Bien entendu, nous n’avons de métropole comme Lille en Région wallonne, néanmoins, il n’est pas inintéressant d’étudier ce système.

    Nous avons déjà des unités de biométhanisation en Région wallonne. Il y a bien entendu l’unité d’Havré mais elle n’est pas la seule. Des intercommunales (BEP environnement et Idelux) vont se lancer dans des collectes sélectives en janvier prochain. N’y a-t-il pas là matière à réflexion ?

    En tout cas, le projet « biogazmax » démontre qu’il n’y a pas de fatalité en matière de développement durable et que ce ne sont pas toujours les Scandinaves qui sont avance. Je pense que nous avons vraiment intérêt à nous intéresser à ce qui se fait de l’autre côté de la frontière.

    La réussite et l’admiration que suscite ce projet démontrent que la biométhanisation peut être une réussite à Lille comme à Havré. Alors, il est certain que le modèle lillois n’est pas exportable tel quel mais nous aurions tort de ne pas nous y intéresser. En tout cas, en relisant les propos de Monsieur le Ministre du 19 septembre dernier, je pense, au contraire de lui, qu’il y a un avenir pour une biométhanisation autre qu’agricole …


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    (1) CRAC 134, Commission environnement, 9 mai 2006, p. 13.
  • Réponse du 11/10/2007
    • de LUTGEN Benoît

    Dans son intervention, l'honorable Membre cite, en faisant référence à des propos que j’ai tenus le 19 septembre dernier, « qu’il y a un avenir pour une biométhanisation autre qu’agricole ».

    Je tiens à préciser que jamais je n’ai dit - et encore moins pensé - qu’il n’y avait pas d’avenir pour la biométhanisation des déchets ménagers. Je pense qu’il s’agit d’une interprétation qui n’apporte rien de constructif à la problématique de la gestion des déchets, et qui, de plus, risque d’exacerber les passions autour de ce sujet qui vous tient particulièrement à cœur et sur lequel je me suis déjà exprimé à de multiples reprises.

    J'invite l'honorable Membre à relire, à cet égard, les propos que j’ai tenus à MM. Borsus et Wesphael, le 10 juillet 2007, concernant une question sur l’unité de biométhanisation d’Assesse.

    Je maintiens qu’il s’agit d’être vigilant en amont du procédé, via les collectes sélectives, de manière à « présenter » aux portes de l’unité de biométhanisation, des déchets « non contaminés » par des fractions autres que biodégradables. Il en va de la qualité du digestat et de sa valorisation ultérieure en agriculture, horticulture ou sylviculture.

    Je faisais référence à cela lorsque j’énonçais que le traitement de déchets ménagers par biométhanisation pouvait engendrer des difficultés environnementales.

    En ce qui concerne le projet « Biogasmax » à Lille, c’est un projet que je surveille avec grand intérêt.

    Je crois utile de préciser, en préambule, qu’il convient de distinguer le projet « Biogasmax » proprement dit, et le Centre de Valorisation Organique de Lille, qui y est associé.

    Pour rappel, le projet Biogasmax est un projet cofinancé par la Commission européenne et par la Communauté Urbaine de Lille. Il a pour objectif principal de démontrer que les villes peuvent produire du carburant de haute qualité, à partir notamment du traitement de déchets organiques. Pour votre bonne information, les principaux partenaires de la « CUL » dans ce cadre, tous porteurs de projets pionniers dans le domaine du biogaz, sont les villes de Haarlem et de Rome, ainsi que la région de Göteborg et la ville de Stockholm. L'honorable Membre évoquait les Scandinaves, elle constatera qu’ils sont également présents …

    A Lille, le projet Biogasmax prévoit de mettre en service des bus qui rouleront au biogaz, produit par le Centre de valorisation organique dont la construction vient de s’achever récemment.

    Etant retenu par d’autres obligations, j’ai demandé spécialement à l’un de mes collaborateurs d’assister à son inauguration.

    Il s’agissait d’une inauguration dans le sens premier du terme puisque les premiers camions arrivent à la Centrale depuis peu de temps.

    Cette installation est dimensionnée pour 100.000 tonnes par an (déchets verts, d’espaces verts, déchets de cuisine des collectivités, déchets ménagers porte à porte).

    Les prévisions d’apports se chiffrent pour le moment à plus ou moins 50.000 tonnes. Lors de l’inauguration, l’installation était essentiellement approvisionnée par des déchets verts (pelouse + taille d’arbustes) provenant des espaces verts de la Communauté urbaine de Lille, la collecte des déchets organiques auprès de la population semblant plus difficile à mettre en place.

    Ce centre vient donc à peine d’être mis en route, avec des apports en déchets qui ne reflètent pas encore le contexte prévisionnel. L'honorable Membre comprendra qu’aucun bilan technique ou économique du projet ne peut être tiré à ce stade. On annonce notamment que d’ici 2010, quelque 400 bus utiliseront le biogaz. L’avenir sera seul juge des résultats …

    Il en va d’ailleurs de même pour le projet « Biogasmax » dans son ensemble. Compte tenu du temps nécessaire à sa mise en route effective (qui implique la coordination de vingt-huit partenaires européens) et de sa durée estimée de réalisation (4 ans), il est prématuré de demander aux experts de tirer d’éventuelles conclusions dès aujourd’hui.

    Il est évident que la valorisation du biogaz est un élément crucial dans l'évaluation économique d'une installation de méthanisation, qu’il soit valorisé sous forme d'électricité, sous forme de chaleur, sous forme d'électricité et de chaleur (par cogénération) ou sous forme de biogaz carburant.

    Chacun de ces produits a une certaine valeur (variable) sur le marché.

    En ce qui concerne la production du biogaz carburant telle que développée à Lille, c’est effectivement un projet intégré qui allie gestion des déchets et développement durable.

    J’y suis très sensible puisque je soutiens avec vigueur la production d’un autre carburant « propre », le bioéthanol de « Biowanze ».

    Ceci dit, je crois, comme l'honorable Membre, que le modèle lillois ne peut être exporté, comme tel, dans notre Région car les réalités wallonnes sont quelque peu différentes (unité de plus petite taille, besoin en carburant pas toujours proche des unités de biométhanisation existantes ou en prévision, valorisation électrique bénéficiant d’un contexte plus favorable,…).

    Mais, à ce stade, je le répète, aucune piste ne peut être négligée. Et je reste particulièrement attentif aux résultats qui seront obtenus à partir du COV de Lille, ainsi que, d’une façon plus générale, de toutes les réalisations qui seront développées dans le cadre du projet « Biogasmax ».