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Viande porcine.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2007
  • N° : 88 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 15/11/2007
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    COPA salue l’annonce de l’U.E. de vouloir à nouveau ouvrir la mise en stockage de la viande porcine ainsi que d’autoriser à nouveau l’exportation de cette viande mise au frais, voire congelée.

    Elle sonne l’alerte en disant que si aucune mesure n’est prise afin de rencontrer la situation des producteurs de viande porcine, le secteur risque d’en prendre un coup dont il ne se remettra pas. Exagéré ou justifié ?

    On doit se rendre compte que le stockage par le privé ne suffira pas à terme pour rééquilibrer le marché. La mise en vente ultérieure des réserves de viande porcine risque de mettre en péril la reprise douce des marchés.

    COPA demande donc de bien observer l’évolution du marché et d’autoriser l’exportation dès que les premiers signes de faiblesse apparaissent. En attendant, on demande de développer des mesures compensatoires qui permettent d’aider les producteurs et leurs coopératives.

    Monsieur le Ministre partage-t-il les craintes et les critiques exprimées par COPA ? Avons-nous, en tant que Région wallonne, le moyen d’y faire face ?
  • Réponse du 10/12/2007
    • de LUTGEN Benoît

    La situation actuelle des producteurs de viande porcine est préoccupante. En un an, les prix des porcs sur pied ont régressé de plus de 11% (108,75 euros les 100 kg en octobre 2006 contre 96,00 euros les 100 Kg en octobre 2007) (1) . Une telle baisse des cours n’est toutefois pas exceptionnelle. Le niveau de prix actuel se situe d’ailleurs dans la moyenne des cinq dernières années. En effet, le marché du porc est cyclique et sa rentabilité ne se détermine pas sur une année.

    Cependant, actuellement, ce marché est confronté à un double problème. Compte tenu notamment de l’envolée du prix des céréales, la chute des prix du porc s’accompagne d’une hausse substantielle des prix des aliments : près de 30% en un an (20,55 euros les 100 kg en septembre 2006 contre 26,50 euros les100 kg en septembre 2007) (2) .

    Le problème se situe donc au niveau de la marge entre le coût de production et le prix perçu par les éleveurs, dont la régression plombe la rentabilité des exploitations qui ne sont pas sous contrat d’intégration avec garantie de prix. C’est le cas pour plus de 50 % des exploitations en Wallonie.

    La Filière porcine wallonne estime que les prix payés aux éleveurs devraient être relevés de 40 euros les 100 kg (soit près de 140 euros les 100 kg) pour couvrir l’augmentation des coûts des aliments. Il est donc vital que le niveau des prix à la production se rétablisse le plus vite possible.

    Le problème décrit ci-dessus concerne l’ensemble du marché européen (voir graphiques en annexe). C’est donc à ce niveau que des mesures doivent être mises en place.

    Parmi les mécanismes prévus par la réglementation communautaire, la Commission européenne a proposé l’ouverture d’un régime d’aide au stockage privé. Cette proposition a été adoptée par le Comité de gestion Viande porcine du 18 octobre 2007. Le règlement qui en découle est entré en vigueur le 29 octobre 2007. Il prévoit, pour 10 catégories de produits, des périodes de stockage de 3 à 5 mois, la Commission pouvant décider de prolonger ces périodes. Ce 23 novembre, au niveau de la Belgique, l’aide a été demandée pour 3.373 tonnes et les contrats conclus avec l’organisme d’intervention portent sur 2817 tonnes. Au niveau européen, les quantités couvertes par ce régime ont atteint 85.000 tonnes.

    Dans le cadre du Comité de gestion viande porcine, plusieurs Etats membres (dont la Belgique) sont intervenus pour signaler que cette mesure, qui a le désavantage de reporter le problème dans le temps (au moment où la viande stockée est remise sur le marché), ne suffisait pas à elle seule à faciliter la remontée des prix. Certains Etats membres ont insisté pour élargir le champ des restitutions à l’exportation, afin de désengorger le marché. En effet, le règlement de la Commission (CE) n° 1518/2003 portant modalités d’application du régime des certificats d’exportation dans ce secteur permet l’octroi de restitutions pour l’exportation de toute une série de produits (demi-carcasses, jambons, épaules,…). Mais, jusqu’à présent, ce règlement n’a été utilisé que pour les préparations et conserves de viande de porc.

    Le 27 octobre 2007, lors du Conseil des Ministres de l’Agriculture de l’UE, la Belgique a appuyé la délégation polonaise : elle demandait à la Commission de mener la réflexion à propos d’autres mesures de soutien du marché qui pourraient s’ajouter à celles prises au Comité de gestion.

    Pendant plusieurs semaines, la Commission a refusé d’envisager d’autres mesures de marché, voulant, dans un premier temps, observer la réaction du marché après la mise en place du régime de stockage privé.

    Toutefois, lors du Conseil des Ministres européens de l’Agriculture des 26 et 27 novembre dernier, la Commissaire européenne à l’Agriculture Mme Fischer-Boël, a annoncé son intention de proposer au Comité de gestion viande porcine de réintroduire de nouvelles restitutions à l’exportation de viande porcine. Elle justifie sa décision par la dégradation du marché, la dépréciation continuelle du taux de change du dollar face à l’euro qui réduit la compétitivité européenne et les envolées des cours des aliments.

    Cette décision a été entérinée ce 29 novembre par le Comité de gestion compétent. La proposition d’introduction et de fixation de restitutions pour les carcasses et les poitrines a été votée favorablement par 21 Etats membres, dont la Belgique. Cette mesure s’impose vu l’étroitesse des marges bénéficiaires, la dépréciation du dollar qui réduit la compétitivité des exportateurs européens et le cours des aliments. Une proposition de suppression de l’aide au stockage privé au 5 décembre (déjà suspendue du 28 novembre au 4 décembre) a toutefois été adoptée au cours de ce même comité de gestion. L’intention de la Commission est d’éviter les risques de spéculation sur les produits pouvant bénéficier des deux types d’aides.

    Par ailleurs, la Commission vient de présenter une proposition visant à suspendre temporairement les droits de douane à l’importation de certaines céréales jusqu’à la fin de la campagne 2007/2008. Cette proposition vise à répondre à la tension sur le marché des céréales dans l’Union européenne, en favorisant l’approvisionnement du marché communautaire grâce à la facilitation des importations de céréales en provenance des pays tiers. Cet apport supplémentaire de céréales devrait contribuer à faire pression sur le niveau des prix et permettre ainsi de revenir à un niveau plus raisonnable des prix des aliments, en particulier ceux destinés aux porcs. Cette proposition serait soumise au Conseil des Ministres de l’Agriculture de l’UE dans le courant du mois de décembre.


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    (1) Source : Groupe Danis.
    (2) Source : Association professionnelle des fabricants d'aliments.