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Mise en valeur des terrils - Etude.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2007
  • N° : 92 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 19/11/2007
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Il y a quelques semaines, j'interrogeais Monsieur le Ministre concernant la mise en valeur du patrimoine industriel wallon.

    Dans sa réponse, Monsieur le Ministre m'informait que, pour les anciens sites miniers et en particulier les terrils, il avait commandé une étude sur la valorisation touristique de ceux-ci. Cette étude devait se clôturer dans le courant du mois de septembre 2007.

    Ce rapport a-t-il été remis à Monsieur le Ministre ? Quelles sont les conclusions de celui-ci et quels sont les moyens qui seront mis en œuvre par le Gouvernement wallon en vue de favoriser le développement touristique des terrils et anciens sites miniers de la Région wallonne ?

    Quels sont les sites miniers et anciens terrils qui seront ainsi mis en valeur?
  • Réponse du 12/12/2007
    • de LUTGEN Benoît

    Longtemps les terrils n'ont eu qu'un intérêt économique, soit pour les résidus de charbon, soit pour le «rouge» qu'ils contenaient, soit enfin pour les matériaux de remblai ou de fondation qu'ils représentaient. Nombre d'entre eux ont été exploités, ou « valorisés» selon le terme employé dans la législation. Mais bien vite, d'autres types de valorisation ont été mis en œuvre. Les intérêts environnemental, paysager, historique sont apparus et ont permis de maintenir l'essentiel de ces montagnes artificielles que l'on peut désormais assimiler à un patrimoine régional. Il me paraît essentiel qu'une politique de valorisation touristique des terrils soit également mise en place.

    S'il existe une possibilité de valorisation touristique des terrils en Région wallonne, mon intention est d'éviter une politique d'investissement « au coup par coup ». Une réflexion d'ensemble sur la valorisation touristique de terrils était donc un préalable. Le type et l'ampleur des aménagements à prévoir devait aussi faire l'objet d'une réflexion globale au niveau de notre région. C'est l'objet d'une étude que j'ai commandée et qui vient d'être finalisée. Elle a été réalisée conjointement par les bureaux Bodson Espace, Agua et l'ASBL « La Chaîne des Terrils wallons ». Cette étude constitue donc la première étape de la politique de valorisation touristique des terrils que j'entends mener.

    L'étude

    La Région wallonne compte encore sur son territoire 340 terrils de grande taille nés de la première révolution industrielle. Afin d'intégrer les terrils dans le registre touristique, il faut opérer un changement de perspective pour passer d'une logique d'exploitation d'un gisement à la logique de construction d'un produit. Pour cela, il faut donner à ce potentiel une structure qui l'organise. Est ainsi née l'idée d'une structure de coordination des initiatives prises au niveau local. Celle-ci serait commune à tous les terrils depuis le Hainaut occidental, à l'ouest, jusqu'au Pays de Herve à l'est. Elle tiendra compte de l'existence de quatre bassins : le Couchant de Mons, le Bassin du Centre, le Bassin de Charleroi et le Bassin du Grand Liège.

    Créer des équipements touristiques

    Des analyses réalisées, il ressort qu'il ne faut pas considérer le seul terril comme un produit touristique en soit, qu'il suffirait, pour en assurer le succès, de mettre à la disposition de la clientèle. Il faut donc organiser l'offre en tenant compte de la « demande » des touristes. Pour cela, l'étude recommande notamment:

    - de tenir compte des facilités d'accessibilité aux terrils, en voiture, en transport en commun;
    - de combiner le produit terril avec les circuits lents (sentiers, Ravel) ;
    - d'aménager des points d'ancrage de la future structure de coordination des terrils wallons. Ceux-ci se feraient au départ de sites existant comme par exemple, le PASS au Crachet, le Bois du Cazier, Blégny-mines ou encore Saint-Nicolas-Iez-Liège ;
    - de prévoir des aménagement destinés à développer des produits adaptés aux différents segments de clientèle et dont les terrils sont le support tangible ( par exemple des circuits différenciés pour le touriste-lambda, pour les randonneurs, pour les personnes intéressées par le patrimoine industriel, pour les adeptes du sport-aventure .. );
    - de développer une politique d'événements (historiques, environnementaux, sportifs ... ) .

    Construire le produit touristique "terril"

    Un produit touristique ne se limite pas à la matérialité de ce qui est offert - ici les terrils - mais aussi tout ce qui concerne le domaine de l'image, résultat d'une stratégie. L'étude recommande ainsi de jouer sur l'image de nature post-industrielle. Il ne sert à rien de nier l'histoire des sites miniers mais il est intéressant d'insister sur le fait que la nature a repris ses droits sur ces sites. Pour cela, une stratégie de communication destinée à changer l'image des terrils est indispensable. Une stratégie de distribution et de « commercialisation » du produit devra également être mise en place et ceci lorsque les aménagements dont je viens de parler auront eu lieu.

    Sélection de terrils

    Vu la quantité de terrils existants, une grille d'analyse a été définie en tenant compte de divers critères, comme l'accessibilité, l'existence d'aires de stationnement, les possibilités d'aménagement à frais relativement restreints (panorama, sentier, portique et signalétique .. ), la proximité d'autres équipements touristiques ou sportifs, de Ravel, ... Seize terrils ont ainsi été sélectionnés comme ayant un potentiel touristique. Il sont répartis tout le long du sillon industriel. D'ampleur, d'aspect, d'intérêt biologique différents, ils représentent un échantillon des divers terrils de Région wallonne. Ils seront les points d'appui pour le développement de ce que certains appellent une chaîne de terrils. Mon intention est d'encourager l'exploitation touristique de ces terrils en priorité.

    Les terrils sélectionnés sont les suivants (d'ouest en est) :

    - terril Saint-Charles N°2 à Dour;
    - terril N°14-17 Titan à Mons (Flénu) ;
    - terril Sainte-Marguerite à Binche (Péronnes-Iez-Binche) ;
    - terril des Hauchies N°25 à Charleroi (Marcinelle) ;
    - terril du Cerisier à Charleroi (Marcinelle) ;
    - terril de la Tombe à Charleroi (Marcinelle) ;
    - terril du Boubier N°2 à Châtelet;
    - terril Sainte-Marie à Fleurus (Lambusart) ;
    - terril Sainte-Barbe à Fleurus (Lambusart) ;
    - terril des Aulniats à Farciennes;
    - terril Saint-Jacques à Farciennes;
    - terril Sainte-Eugénie à Sambreville (Moignelée) ;
    - terril de la Petite-Bacnure à Liège;
    - terril de la Batterie Nouveau à Liège (Milmort) ;
    - terrils de Bernalmont et de Belle-Vue à Herstal;
    - terril du Hasard à Fléron.

    Options pour une approche touristique des terrils

    Si j'ai décidé d'encourager et d'encadrer la mise en valeur des terrils, d'un point de vue touristique, ce sont les onze Communes qui sont les premières concernées par un projet se développant sur un terril. Aussi, l'initiative doit être avant tout communale ou locale. Je souhaite donc apporter mon aide à la concrétisation de dossiers locaux. Cette aide qui se fera sur base des résultats de l'étude peut se faire notamment:

    - par des conseils du Commissariat général au tourisme et des subventions destinées au développement d'équipements touristiques adaptés aux terrils;

    - par des subventions à l'achat de terrils. En effet, l'arrêté du Prince Régent du 2 juillet 1949 et l'arrêté royal du 10 décembre 1975 organisent l'octroi de subvention pour l'achat, l'aménagement d'espaces verts. Cette législation pourrait, dans certains cas, s'appliquer aux terrils;

    - par des subventions éventuelles qui pourraient être octroyées si la commune souhaitait mener une réflexion paysagère (le terril et ses environs). En effet, il arrive qu'au pied de magnifiques terrils subsistent des friches industrielles, des terrains abandonnés sur lesquels apparaissent des dépôts clandestins... Les terrils sont indissociables de leurs abords;

    - par des conseils et un encadrement que le Commissariat général au tourisme (et éventuellement d'autres administrations régionales) peut apporter aux communes;

    - enfin, par le développement progressif d'une structure de coordination des initiatives prises au niveau local, celle-ci ne prenant corps que grâce à la concrétisation de projets locaux.