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Opportunités économiques de l'égalité hommes-femmes.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2007
  • N° : 57 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 23/11/2007
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine

    Le Forum économique mondial a publié ce 8 novembre le top 20 des pays concernant l'égalité hommes-femmes.

    Le « Global Gender Gap Report » est élaboré sur base de quatre critères :

    - la participation et les opportunités économiques;
    - le niveau d'éducation;
    - l'influence politique;
    - la santé et la survie.

    Les pays nordiques (Suède, Norvège, Finlande, Islande) restent en tête du classement.
    Parmi les pays affichant les plus faibles disparités, les pays de l’Est comme la Lettonie (13ème) et la Lituanie (14ème) ont enregistré la plus belle remontée en gagnant respectivement six et sept places.

    En 19ème position, la Belgique remonte d'une place par rapport à l'année passée. Ce classement serait dû au fait que notre pays a notamment appliqué la parité sur les listes électorales, et adopté le principe du " gender mainstreaming" .

    Par rapport à cette notion de genre ou " gender mainstreaming ", Monsieur le Ministre peut-il nous dire si elle semble être prise en compte et si l’importance de cette question est bien mesurée sur le plan économique de notre Région, voire de notre pays ?

    Je profite de ce fait d’actualité pour interroger Monsieur le Ministre sur la stratégie transversale qu'il souhaite poursuivre en matière " égalité des chances " avec son Collègue Ministre des Affaires sociales et de l’Egalité des chances, Paul Magnette ?

    Monsieur le Ministre peut-il nous éclairer sur l'écart (pourcentage) hommes-femmes en termes de participation économique ?

    Pour Laura Tyson, de l'Université de Californie et co-auteur du rapport, c'est élémentaire : « Les pays qui ne tirent pas pleinement parti de la moitié de leurs ressources humaines courent le risque de fragiliser leur potentiel de compétitivité. ».

    Monsieur le Ministre pense-t-il que nous pourrions établir à notre échelon un lien assez clair entre le développement économique de notre Région (sans doute dans la mise en place du dispositif des titres-services) et l'amélioration de la participation économique des femmes ?
  • Réponse du 14/12/2007
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L'égalité des droits des hommes et des femmes d'accéder à l'emploi et la lutte contre les discriminations sur le marché du travail, qu'elles soient liées au genre ou non, font partie des axes prioritaires de la politique wallonne en matière d'économie et d'emploi.

    L'implémentation structurelle du gender mainstreaming dans les politiques régionales rejoint ces objectifs.

    D'ores et déjà, en matière d'emploi, cette démarche fait partie des priorités du Forem. Par ailleurs, le fait de s'être fixé comme objectif, dans le Plan Marshall, l'augmentation du nombre de places d'accueil des enfants et le développement des services d'aide aux personnes dépendantes, d'une part, ce pour augmenter la disponibilité professionnelle des travailleurs avec ou sans emploi et, d'autre part, d'avoir défini, comme vecteur de création d'activités et d'emplois, le management de la diversité et la lutte contre les discriminations, montre que le Gouvernement est également très sensibilisé à cette question.

    Ce sont ainsi plus de 2.200 emplois directs créés entre 2006 et 2009 pour permettre une meilleure conciliation vie privée - vie professionnelle, qui bénéficiera surtout aux travailleuses et futures travailleuses.

    Le Plan Marshall n'a évidemment de sens que s'il apporte à chacun et chacune un mieux être, une meilleure qualité de vie et un plus grand pouvoir d'achat et donc s'il permet de facto d'améliorer la qualité de l'emploi des femmes et de remédier aux faiblesses régulièrement épinglées: temps partiels, statuts précaires, bas salaire, ...

    Un exemple concret illustratif de la dynamique mise en œuvre: le 13 septembre dernier, 140 nouveaux postes APE 8 points ont été dédicacés aux structures d'accueil extrascolaire reconnues par l'ONE. Aujourd'hui, ces 140 postes sont en passe d'être tous octroyés à 115 structures d'accueil ayant introduit une demande. Ces postes seront prioritairement proposés aux accueillants, majoritairement des accueillantes, travaillant jusqu'à présent sous statut ALE, de manière à ce qu'elles puissent bénéficier d'un vrai contrat de travail avec les avantages, en termes de sécurité sociale, qui y sont liés.

    Si, ce sont les pays scandinaves qui sont en tête de classement en matière d'égalité hommes-femmes, c'est, notamment, parce qu'ils ont développé l'offre de service universel d'accueil collectif des enfants la plus performante en termes de réponses aux besoins sociétaux. Les 950 emplois subventionnés supplémentaires dans l'accueil des 0-3 ans, les haltes-garderies et la garde d'enfants malades ainsi que les 140 emplois nouveaux dans l'accueil extrascolaire ont pour objectif de développer en Wallonie cette offre de services universels.

    Par ailleurs, à côté de ces mesures liées à l'accueil des enfants, les emplois subventionnés dédicacés aux MR-MRS, aux hôpitaux, aux services agréés par l'AWIPH et aux services d'aide aux familles pour soutenir ces dernières lorsqu'elles doivent faire face à une problématique de garde d'enfants ou de parents handicapés, malades ou encore âgés, s'inscrivent aussi dans cette dynamique de soutien à l'insertion professionnelle des femmes, mais également à leur maintien dans l'emploi et à leur promotion dans l'emploi.

    Ce qui a présidé à la mise en œuvre de ces mesures, c'est que, trop souvent, les femmes optent pour le temps partiel, et donc un salaire partiel, ou font le sacrifice de leur carrière voire de leur emploi, parce qu'elles y sont contraintes pour ces motifs familiaux.

    En ce qui concerne les titres services, si leur développement a permis à beaucoup de femmes de sortir du travail au noir et d'obtenir une vraie couverture sociale, en Région wallonne, c'est le développement d'entreprises d'insertion agréées «titre service» qui a été particulièrement soutenu. Les Entreprises d'insertion ont en effet pour mission de privilégier l'encadrement de leurs travailleurs, majoritairement des travailleuses, et les contrats de travail leur étant le plus favorables, à savoir des contrats à durée indéterminée.

    La dynamique développée en 2007 en matière de lutte contre les discriminations et de gestion de la diversité des ressources humaines vise également à favoriser une participation des femmes au marché de l'emploi plus grande et plus qualitative.

    Pour ne citer que cet exemple, l'entreprise WUST de Malmedy à laquelle a été octroyé le prix 2007 « diversité et ressources humaines en Wallonie» pour la catégorie «grandes entreprises», s'est vue primée pour le mode de management qu'elle a mis en pratique pour favoriser l'insertion de femmes dans son entreprise, dans le cadre de l'exercice de « métiers de la construction» qui sont encore trop souvent perçus comme des métiers réservés aux hommes.

    Les mesures évoquées ci-dessus en faveur d'une plus grande égalité hommes-femmes, dans la participation économique de chacun et chacune suffisent à démontrer que cette question de l'égalité hommes-femmes préside de manière transversale à la politique menée en matière d'économie et d'emploi et que, si elle n'a pas encore permis une participation économique parfaitement égalitaire, elle a néanmoins contribué à une plus grande activité des femmes.

    En effet, le taux d'emploi en Région wallonne est de 55,9 % pour un taux féminin de 48,3 % et un taux masculin de 63,5 % (source IWEPS, calculs Forem) (1). Néanmoins, il convient de constater que si en Région wallonne, l'évolution de ce taux entre 2003 et 2005 est de + 0,5 %, cette croissance est portée uniquement par les femmes (+ 1,9 %) alors que le taux masculin diminue (- 0,6 %).

    Enfin, le rapport PEKIN qui sera prochainement soumis au Parlement par le Ministre de l'Egalité des Chances a pour objectif de présenter un bilan des politiques transversales menées en matière d'égalité hommes-femmes, en Région wallonne.



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    (1) Pour rappel, le taux d'emploi indique le pourcentage de personnes qui ont effectivement un emploi (population active occupée) parmi la population en âge de travailler (de 15 à 64 ans).