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Manque de moyens en matière de lutte contre l'analphabétisme.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2007
  • N° : 57 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 03/12/2007
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à MAGNETTE Paul, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Diverses études ont pu montrer le taux d'analphabétisation anormalement élevé qui existait dans de nombreuses communes de la Région wallonne et notamment dans celles du Hainaut occidental. Aujourd'hui toutes les tranches d'âge sont concernées et celles et ceux qui ont des difficultés à lire et à écrire ressentent leur problème comme étant une véritable punition, surtout lorsqu'ils sont à la recherche d'un emploi.

    Heureusement, diverses structures, composées essentiellement de bénévoles, se sont peu à peu mises en place en vue de les aider dans ce combat qu'il n'est pas toujours aisé de mener, que "on ait 16 ans, 45 ans ou 63 ans.

    Il apparaît malheureusement que ces structures d'accueil et de réapprentissage soient victimes de leur « succès ». Il manquerait aujourd'hui cruellement de formateurs et, à défaut d'être en nombre suffisant, certaines demandes pour suivre ces formations d'alphabétisation ne peuvent être satisfaites.

    Pour moi - tout comme je l'espère pour Monsieur le Ministre - c'est inadmissible car c'est refusé d'aider quelqu'un qui veut absolument s'en sortir et c'est un peu plus le pousser vers la marginalisation.

    Quels sont les moyens aujourd'hui mis en œuvre par la Région wallonne en vue de lutter contre l'analphabétisation ? Combien recense-t-on d'inscrits à ces formations ? Combien y a-t-il de formateurs ? Monsieur le Ministre estime-t-il que les structures actuellement en place en Région wallonne en vue de lutter contre analphabétisme et la marginalisation du public sont suffisantes ? Des moyens supplémentaires seront-ils mis en œuvre, éventuellement en collaboration avec ses collègues du Gouvernement, je songe plus particulièrement ici aux collaborations qui peuvent avoir lieu avec le Forem ?
  • Réponse du 27/12/2007
    • de MAGNETTE Paul
    Pour bien mesurer l'impact des actions menées en matière de lutte contre l'analphabétisme, il faut d'abord s'attarder sur la stratégie qui a été adoptée dans la partie francophone du pays, car les intervenants sont multiples et nombreux et se situent à différents niveaux.

    Ainsi, vous devez savoir que la Communauté française, la Commission communautaire française de la Région de Bruxelles-Capitale et la Région wallonne ont conclu le 2 février 2005 un accord de coopération relatif au développement de politiques concertées en matière d'alphabétisation des adultes.

    Cet accord institue d'abord une Conférence interministérielle spécifique, centrée sur l'alphabétisation des adultes, ainsi qu'un Comité de pilotage permanent.

    Ce dernier est chargé d'analyser et d'évaluer les actions développées dans les secteurs concernés, à savoir: l'éducation permanente, la formation professionnelle, l'enseignement de promotion sociale, la formation initiale et continue des formateurs en alphabétisation, l'insertion socioprofessionnelle et de l'emploi, l'accueil des personnes issues de l'immigration et des primo-arrivants et de l'égalité des chances. Sur cette base, il formule à l'attention des membres de la Conférence interministérielle, des recommandations relatives à la coordination des politiques en la matière, en adéquation avec les besoins exprimés et répertoriés.

    Il vient de publier son deuxième état des lieux, avec des résultats qui nous permettent de visualiser les moyens affectés à la lutte contre l'analphabétisme.

    Il apparaît ainsi qu'en Communauté française, on dénombre quelque 310 opérateurs, issus majoritairement du secteur associatif, qui organisent des formations pour près de 15.000 personnes, sur 448 lieux de formation.

    Toutefois, il apparaît effectivement que tous les besoins exprimés ne sont pas encore totalement rencontrés actuellement, par manque de places disponibles : 1.200 demandes n'auraient pas pu être satisfaites en Région wallonne.

    Pour la plupart des opérateurs, les formations s'intègrent dans des activités ou des projets d'éducation permanente, d'insertion sociale ou socioprofessionnelle ou encore d'action sociale ou de soutien scolaire. En outre, plus d'un opérateur sur trois organise aussi une école de devoirs.
    Une telle offre de formations et d'autres activités en lien avec l'alphabétisation est indicative d'une volonté des opérateurs de terrain d'apporter des réponses globales et adaptées aux besoins d'intégration sociale. De plus, elle est de nature à renforcer l'efficacité de la lutte contre l'illettrisme en articulant les dimensions prévention et remédiation.

    Les moyens mobilisés et consacrés à cette politique par les signataires de l'accord de coopération sont significatifs et illustrent bien leur volonté de développer une politique ambitieuse en cette matière:

    Ainsi, en Région wallonne:

    En matière d'Action sociale et d'Egalité des chances, la politique d'alphabétisation se décline essentiellement à travers l'intégration des personnes étrangères et d'origine étrangère (selon les termes du décret du 4 juillet 1996, y relatif) pour laquelle des actions d'alphabétisation et de cc français langue étrangère» sont organisées à destination des primo-arrivants et des personnes installées depuis plusieurs années mais pas encore familiarisées avec la langue française. Cette politique est complétée par un appel à projet annuel, par le Fonds d'Impulsion pour la Politique de l'Immigration (FIPI) et le Fonds Européen pour les Réfugiés (FER). Les moyens affectés dans ce cadre s'élèvent en 2007 à 734.638€. De plus, je viens de conclure, une convention de 150.000 € avec l'asbl Lire et Ecrire en Wallonie afin de développer des actions d'alphabétisation à destination des publics non demandeurs d'emploi (pensionnés, femmes au foyer, invalides, sans-papiers, etc.).

    En dépit de ces efforts et des initiatives prises, le deuxième état des lieux que j'évoquais met en lumière une offre de services inégalement répartie sur le territoire wallon. La poursuite du plan stratégique en développement devra y être attentive, en s'appuyant sur des plates-formes territoriales à mettre en place et les évaluations qu'elles ne manqueront pas de faire.

    En matière de Formation, des actions d'alphabétisation sont soutenues à travers l'action des organismes d'insertion socioprofessionnelle (OISP). Le budget des OISP qui est consacré à l'alphabétisation est estimé par l'Administration à 1.073.387€ (hors dépenses de personnel et points APE). La formation des demandeurs d'emploi en alphabétisation fait également l'objet d'une convention-cadre de 2.350.000€ entre le FOREM et l'asbl Ure et Ecrire en Wallonie.

    Complémentairement, le Gouvernement wallon conclut depuis plusieurs années des conventions avec Ure et Ecrire en Wallonie (490.000€) afin d'assurer la sensibilisation des acteurs socio-économiques et la formation des travailleurs et des demandeurs d'emploi.

    Il peut être utile de rappeler également que des moyens conséquents ont été apportés dans le cadre du Plan Stratégique Transversal n° 3 - Inclusion sociale afin de sensibiliser les agents du FOREM et des CPAS à la question de l'analphabétisme.

    Ce travail mené par Ure et Ecrire en Wallonie aboutira à ce que les agents du FOREM et des CPAS puissent repérer un problème de lecture ou d'écriture auprès des personnes qu'ils accueillent et à les orienter au mieux vers une offre de formation adaptée. Le PST3 vise également le renforcement de l'offre de formation avec l'objectif de créer 525 places supplémentaires à l'horizon 2009. 3.850.000€ y seront ainsi consacrés dans le cadre de la programmation 2006-2009.

    En ce qui concerne la Communauté française:

    L'Enseignement de Promotion sociale organise des cours d'alphabétisation, de français langue étrangère et de préparation au Certificat d'Etudes de base (CEB). Environ 2.423.996€ sont consacrés à ces cours. De plus, depuis 2005, 20.000 périodes de cours supplémentaires ont été dégagées et affectées de manière continue aux établissements.

    La Communauté française est également active en alphabétisation grâce à l'éducation permanente (2.523.157€ affectés à l'alphabétisation) et les actions visant l'égalité des chances (239.000€).

    Enfin, afin de développer les synergies entre les acteurs de la Communauté française et de la Région wallonne et d'apporter les réponses les plus adaptées aux besoins des opérateurs locaux d'alphabétisation, une coordination territoriale des moyens affectés sera mise en place sur l'ensemble du territoire de la Communauté française en s'inspirant du Plan bruxellois sur l'alphabétisation et à partir du projet wallon de plates-formes subrégionales. Ainsi, des plates-formes territoriales seront mises en place à l'échelle de chaque sous-région. Elles associeront administrations, associations d'alphabétisation, acteurs sociaux et socio¬économiques, écoles autour d'un projet cohérent et efficace.

    Je ne doute pas qu'une telle stratégie permettra de combler les lacunes actuelles et de prendre en compte les besoins émergeants non satisfaits que vous mettez en évidence.