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Gestion proactive des centres villes.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2007
  • N° : 148 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 07/12/2007
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    Dans certaines communes, on assiste à des fermetures de commerces qui s'ajoutent aux bâtiments déjà vides dans les centres. Effet dominos ? Coïncidence ? Concurrence de commerces de grande surface situés en périphérie ou en dehors des centres ?

    Préoccupons-nous du cas de Malmédy ! D'après un échevin : "Si des secteurs commerciaux fonctionnent bien, on a, en parallèle, de plus en plus de cellules vides ou des commerçants précarisés". Une étude de l'ULg avait déjà pointé un certain déclin dans l'hypercentre malmédien, ainsi que le caractère "vieillot" de commerces.

    Si les commerces de grande surface s'installent en périphérie, ils drainent le pouvoir d'achat en dehors des centres. A l'inverse, les centres se remplissent de commerces qui n'y ont pas leur place.

    Le président de "Malmédy commerces", M. Beck, met le doigt sur le problème. Il déclare " hériter de nombreuses années de non-gestion du centre ville. L'hypercentre est déforcé par rapport à la périphérie car on n'y a pas investi … Maintenant, on peut avoir un effet dominos avec les fermetures de commerces … Il fut travailler et essayer de trouver des commerçants qui augmenteront le niveau. Cela passera par la gestion centre ville".

    Les mot-clés sont donnés : il faut une gestion centre-ville. Selon ma conception, cela passe par un volet économique, d'une part, et par une meilleure gestion urbanistique de la mobilité des centres villes, d'autre part.

    Il s'agit ici d'un travail qui demande une expérience professionnelle spécifique qui dépasse les tâches du conseiller en aménagement du territoire. De ce fait, la synergie entre différents départements s'impose, notamment entre Monsieur le Ministre et son Collègue de l'Economie. L'objectif étant d'aboutir à un "Plan Marshall communal" qui s'intègre dans le Plan Marshall de la Région wallonne.

    Les communes doivent être encouragées de procéder à une gestion de leurs centres villes. Elles auront besoin de l'aide régionale pour le faire. Quels sont les outils régionaux qui pourra inciter cette gestion proactive alliant l'économie et l'aménagement du territoire ?
  • Réponse du 29/01/2008
    • de ANTOINE André

    Comme l'honorable Membre le perçoit bien, les mécanismes qui influencent le secteur commercial sont complexes. En effet, de nombreux facteurs peuvent provoquer un impact important sur un tissu commercial donné, en particulier la délocalisation des activités commerciales.

    Généralement, pour les distributeurs, le manque de surface disponible, le prix de l'immobilier en centre-ville ou les contraintes liées à la mobilité et aux riverains sont des arguments de poids quant à la décision de s'implanter en périphérie. Les responsables politiques locaux voient dans ces projets une possibilité de dynamiser les activités économiques et la création d'emploi. Toutefois, comme le rappelle l'honorable Membre, cette migration des commerces vers la périphérie n'est pas sans conséquences pour le tissu commercial existant, et ce même pour les petites agglomérations.

    Les logiques d'attractivité d'un centre-ville sont assez complexes et généralement interdépendantes. Je ne décrirai que trois exemples de facteurs déterminants: l'offre, la convivialité et la mobilité, mais l'innovation, le prix du foncier, le type de consommateur, peuvent également avoir un impact non négligeable.

    Une étude actuellement en cours à la Région wallonne montre qu'une importante partie des chalands est influencée par l'offre proposée dans leur décision de « visiter» un centre commerçant, qu'il soit du type shopping centre ou centre-ville. En effet, assez naturellement, le consommateur apprécie de disposer d'un certain choix dans ses achats. La multiplication de l'offre est souvent considérée positivement. En effet, l'introduction de commerces complémentaires dans un centre-ville sain renforce généralement son attractivité. Cependant, une multiplication de surfaces disponibles peut entraîner une concurrence insoutenable pour certains commerces, provoquer leur fermeture et donc une déstructuration du tissu commercial.

    En termes de convivialité, les espaces commerciaux laissés vides sont autant d'exemples pour le chaland du manque d'attrait que présente l'espace commercial concerné. Ce problème se répand assez vite à l'ensemble du tissu commercial. Cette dynamique enclenche généralement un cercle vicieux ou « effet dominos » comme le définissait l'honorable Membre.

    Les problèmes de mobilité sont aussi liés aux crises vécues par certains centres-villes, même de petites agglomérations. L'utilisation massive de la voiture pour les achats quotidiens a été rendue indispensable par le nombre croissant de commerces en périphérie. L'étalement de plus en plus important des commerces réduit les possibilités de mobilité douce en principe propre au shopping. En effet, les chalands d'un centre-ville sain n'hésitent pas à parquer leur voiture à une distance plus importante du centre et prennent plaisir à déambuler entre les différents quartiers commerçants.

    Comme je viens brièvement de le décrire, les logiques qui influencent l'évolution de l'appareil commercial sont variées et dépendent de la situation économique, urbanistique et sociale du centre-ville.


    En ce qui concerne Malmédy, comme l'honorable Membre l'a souligné, j'estime que l'attractivité des commerces du centre-ville fléchit. Les facteurs auxquels il vient d'être fait allusion y contribuent sans nul doute.

    Si je partage pleinement les aspirations de l'honorable Membre à une meilleure gestion des centres-villes, je lui rappelle que les communes disposent d'ores et déjà de moyens d'agir sur l'évolution de leur appareil commercial. Je me limiterai à l'évocation du rôle que peuvent jouer à cet égard les instruments de planification territoriale prévue au CWATUP.

    Ainsi, en permettant aux communes de fixer l'implantation des équipements, notamment commerciaux, et les orientations générales destinées à harmoniser et à intégrer les flux de circulation, le schéma de structure communal rend possible l'inscription de cette évolution dans une perspective de développement durable des centres-villes.

    Il en est de même du plan communal d'aménagement, tant par la précision qu'il peut apporter aux affectations du plan de secteur, pouvant interdire des développements non souhaités, que par les options urbanistiques qu'il peut imposer.

    Par ailleurs, le législateur fédéral a donné la possibilité au collège communal d'autoriser, mais également, de refuser, un projet d'implantation commerciale. Il est vrai que les acteurs communaux sont souvent mal armés pour faire face à de telles demandes. Afin de pallier ce déficit, j'envisage d'établir un schéma de développement des implantations commerciales. Même si, actuellement, les travaux en cours s'intéressent principalement aux grandes agglomérations, ils ont pour objectif de long terme de donner aux autorités communales les outils nécessaires à la perception du réel potentiel économique des différents projets. Le schéma constituerait à cet égard un outil d'aide à la décision communale.

    En attendant, la Région wallonne a confirmé par l'adoption du SDER l'importance des centres-villes et les options à mettre en œuvre - en particulier par les communes - pour les défendre.

    En ce qui concerne Malmédy, les deux instruments de planifications précités peuvent être mis en œuvre. Un schéma de structure est actuellement en cours de réalisation. Ce document, précisé par un règlement communal d'urbanisme, pourra mettre en avant des priorités pour le développement de nouveaux commerces en privilégiant le centre-ville de l'agglomération. L'élaboration d'un plan communal d'aménagement sur la zone d'activité économique «pont à Warche» permettra une meilleure gestion des nouvelles implantations commerciales. Considérant que le site constitue l'entrée de l'agglomération, l'accent sera mis sur la qualité paysagère et par conséquent une meilleure recherche urbanistique. De plus, le plan communal vise également à ne plus autoriser des commerces qui n'ont pas leur place en périphérie comme de l'équipement de la personne, principal moteur du commerce de centre-ville.

    Enfin, je souhaite attirer l'attention de l'honorable Membre sur le fait qu'en matière d'implantations commerciales, l'échelle communale est généralement peu pertinente. La périphérisation de l'appareil commercial et les phénomènes conséquents de déstructuration et de paupérisation du tissu commercial des centre-villes sont généralement dus à la concurrence qu'exercent les communes périphériques, à laquelle la ville ou commune-centre ne peut faire face. Un schéma de développement des implantations commerciales peut dépasser les limites d'une approche strictement communale.