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Marges de manoeuvre dont dispose la Région pour rendre un peu de pouvoir d'achat aux ménages les plus démunis.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2007
  • N° : 64 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 13/12/2007
    • de STOFFELS Edmund
    • à MAGNETTE Paul, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Je pourrais commencer ma question de la manière suivante : « Après la discussion sur les chèques logements, une autre discussion sur les chèques alimentaires ? ».

    Certaines entreprises de l’alimentation profitent de la hausse des matières premières pour augmenter de manière excessive leurs prix. Une fois le prix augmenté, il n’évolue plus à la baisse, même si la matière première du produit en question redevient moins chère.

    Après les pommes de terre, après les produits laitiers, après le pain, le citoyen est en droit de se demander ce qui l’attend encore.

    Pour des ménages à bas revenus, ces augmentations s’accumulent à d’autres que sont le loyer, l’énergie, la redevance « déchets », …

    Et ce n’est pas un hasard si, dans le même temps, nous assistons de plus en plus à des collectes d’aliments organisées par des groupements caritatifs qui les distribuent après de ceux qui vivent dans la pauvreté.

    Manger sain, manger des légumes et des fruits tous les jours – comme le proposent les nutritionnistes – se transforme de plus en plus en vœux pieux pour les ménages à bas revenus !

    Les producteurs confirment pour une grande part que l’augmentation du produit final ne correspond pas à l’augmentation du prix pour la matière première. Il s’agit bel et bien d’une augmentation excessive. Le profit va aux mains de certaines multinationales et des chaînes de la grande distribution qui continuent, elles, à réaliser des profits considérables.

    La plupart de celles-ci entendent d’ailleurs maintenir leur politique de prix gonflés. Pour certains, on peut espérer qu’ils mettront dans leurs rayons des marques sous leur propre enseigne et plus accessibles au niveau prix moins.

    La sensibilité du consommateur étant de plus en plus éveillée pour les prix (et notamment des consommateurs à bas revenus), je me pose la question de savoir si il n’est pas temps de négocier avec les chaînes de supermarchés afin que celles-ci acceptent des chèques alimentaires mis à disposition par les CPAS et financés conjointement par l’autorité publique et le secteur en question.

    Il faudra à mon avis rappeler au secteur qu’au vu de sa politique des prix gonflés il a une certaine responsabilité sociale pour la situation de ceux qui ne disposent que d’un bas revenu et qu’en conséquence, il doit aussi participer aux financement de mesures qui visent à sortir les gens de cette impasse.

    Nous savons, vous et moi, que la politique des prix se négocie le plus souvent, pour ne pas dire exclusivement, au niveau Fédéral, là où les fédérations du secteur rencontrent directement les autorités fédérales.

    Cependant, nous reconnaîtrons tous le rôle de première ligne de l’autorité régionale dans la lutte contre les inégalités sociales. Et la question de l’accès à une alimentation correcte et suffisante est aussi du ressort de la Région.

    Dès lors, nous en arrivons à la réflexion que je vous soumets. J’ai bien conscience que la question est toute sauf simple. Nous touchons autant au pouvoir d’achat des ménages, qu’à la politique de lutte contre le surendettement ou encore à la nécessité d’une alimentation saine et équilibrée.

    Aussi, je souhaiterais avoir l'avis de Monsieur le Ministre sur cette proposition. Est-elle envisageable, voire réalisable à ses yeux ? S’inscrit-elle bien dans le débat que nous avons initié ensemble il y a de cela deux semaines ?

    Encore une fois, j’ai bien conscience des marges de manœuvre limitées à notre niveau de pouvoir. Cependant, elles existent, aussi réduites soient elles.

    En tant que responsables politiques, pendant que le fruit de l’Orange bleue n’en finit plus de pourrir, tant les désaccords entre les partenaires pressentis sont à ce point visibles, nous devons voir si, à la mesure des moyens qui sont les nôtres, il est possible de rendre un peu de pouvoir d’achat à nos concitoyens.
  • Réponse du 16/01/2008
    • de DONFUT Didier

    La question de l'honorable Membre est pleinement d'actualité. Si le mécanisme de l'indexation des salaires et des allocations sociales permet aux revenus de nombreux Wallons, de suivre, à distance, l'évolution des prix à la consommation, il est aussi vrai que nos concitoyens, les plus démunis, sont surexposés à la flambée des prix: ceux du logement et de l'énergie, mais aussi ceux de nombreux produits de base.

    Nombreux sont ceux qui n'ont pas les moyens de prendre des mesures qui limiteraient la hausse de ces coûts en achetant un véhicule neuf ou en faisant isoler leur logement.

    C'est vrai qu'après avoir fait face à ces dépenses, il reste peu pour le reste. Il arrive souvent que des Wallonnes et des Wallons soient amenés à choisir entre la nourriture et les soins de santé.
    Ce n'est pas pour autant qu'il faille entamer une distribution de chèques alimentaires. Si les revenus du travail ou les allocations sociales ne suffisent pas à assurer un minimum de moyens d'existence, il y a lieu de faire baisser les prix des marchandises ou d'augmenter ces revenus. En effet, chaque citoyen doit bénéficier du droit de vivre dignement. Cela signifie, notamment, que chacun doit pouvoir bénéficier de revenus suffisants.

    Je ne peux souscrire à la proposition de l'honorable Membre qui consiste à faire payer, partiellement, à la collectivité, des hausses de prix qui profitent aux entreprises financières et aux spéculateurs. Par ailleurs, notre sécurité sociale est un système d'assurance solidaire qui accorde des droits aux personnes, sur base de leurs prestations professionnelles ou assimilées. Par opposition, ceux qui perçoivent le Revenu d'insertion sociale bénéficient de l'aide sociale publique. Le principe d'un système de chèques alimentaires implique un retour à une pratique d'assistance sociale généralisée.

    Le Gouvernement fédéral sortant a pris la décision de lier les allocations sociales au bien-être. Cette mesure, exigée par les socialistes, va dans le bon sens.

    C'est encore le Gouvernement fédéral qui pourrait limiter la hausse des produits énergétiques en adaptant les taxes dont ils font l'objet. C'est encore lui qui pourrait modifier le panier de biens et de services à partir duquel est construit l'indice des prix à la consommation.

    Je me permettrai de conclure en rappelant que les revenus du travail représentent moins de 50% du total des revenus. Depuis 60 ans, la richesse de notre pays ne fait que croître. Ce n'est donc pas les moyens financiers qui manquent. C'est le partage de cette richesse qu'il faut organiser mieux.