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Bilan mitigé sur la qualité du lait maternel.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2007
  • N° : 148 (2007-2008) 1

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  • Réponse du 22/01/2008
    • de LUTGEN Benoît

    Mon cabinet ainsi que mon administration ont parfaitement connaissance de l'étude dont l'honorable Membre fait état dans sa question. En effet, cette étude a été financée dans le cadre de l'accord de coopération du 10 décembre 2003 entre l'Etat fédéral, la Communauté flamande, la Communauté française, la Communauté germanophone, la Commission communautaire commune, la Commission communautaire française, la Région flamande, la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale visant la collaboration dans les domaines de l'environnement et de la santé.

    Le projet s'est déroulé à la demande et à charge de la Conférence interministérielle mixte environnement – santé au sein de laquelle siègent toutes les autorités fédérales, régionales et communautaires de Belgique en matière d'environnement et de santé.

    Ce projet s'inscrivait dans une campagne menée par l'Organisation mondiale de la santé sur ce thème.

    Il est à remarquer qu'au cours de cette campagne, un nombre de polluants beaucoup plus élevé que par le passé, dont les pesticides organochlorés et les retardateurs de flammes, a été mesuré.

    L'entièreté de l’étude est disponible sur le site www.nehap.be . Dans la synthèse des résultats, on y lira ce qui suit :

    « En résumé, on peut affirmer que dans le lait maternel belge, certaines substances :

    - n'ont pas (plus) été retrouvées, à savoir : l’aldrine, l’endrine, l’o,p’-DDD, le p,p’-DDD, l’o,p’-DDE, le mirex, l’endosulfane, le bromocyclène, le S421, l’iode Fenfos, le 4,4’-méthoxychlore, le nitrofène, le méthyl de triclosan, la pendiméthaline et le PFOA et les dioxines/furannes halogéné(e)s;

    - approchaient les limites de quantification, à savoir : la dieldrine, l’époxyde d’heptachlore cis, l’oxy-chlordane, l’o,p’-DDT, le bêta-HCH et le gamma-HCH, le toxaphène et le PFOS;

    - étaient (encore) clairement présentes, à savoir : les dioxines/furannes polychloré(e)s, les PCB, le p,p’-DDE, le HCB, les éthers diphényliques polybromés (PBDE), le HBDC, quelques congénères de dioxines/furannes polybromé(es) et le musc xylène.

    Cela signifie que la plupart des pesticides organochlorés mesurés qui ont été interdits il y a 25 à 30 ans, ne sont à présent plus ou à peine retrouvés dans le lait des mères qui sont elles-mêmes nées aux alentours de cette période. »

    On ne peut donc en conclure que « de nombreux pesticides sont encore présents dans l'organisme des mamans » comme vous l'indiquez et il ne conviendrait pas non plus de tirer de mauvaises conclusions de cette étude. Car, comme vous l'indiquait ma collègue de la Communauté française, Madame la Ministre Catherine Fonck, en réponse à la question que l'honorable Membre lui posait sur le même sujet, cette enquête ne remet pas en doute les avantages de l'allaitement maternel.

    En ce qui concerne la comparaison avec d’autres pays européens, il conviendrait d’attendre les résultats de la campagne dans ces pays dont je ne suis pas, pour l'instant, en possession. L’étude globale de l'OMS ne sera sans doute disponible que dans le courant de cette année ou au début 2009.

    Il est également heureux de constater que, globalement, les résultats sont encourageants puisqu'ils montrent que les taux des substances qui étaient mesurées précédemment sont à la baisse lorsqu'on les compare avec les résultats précédents.

    Mais il est exact que l'on retrouve certaines substances alors que leur usage est interdit en Belgique depuis de nombreuses années.

    Parmi celles ci, deux pesticides :

    - le DDE (dichloro-diphényl-dichloroéthylène), un métabolite du DDT (dichloro-diphényl-trichloréthane) qui est un insecticide à large spectre interdit chez nous depuis 1976 mais toujours utilisé dans d'autres pays, notamment pour lutter contre la transmission de certaines maladies comme le paludisme. Le DDT, et principalement le DDE, s’accumule dans les plantes et dans les tissus graisseux des poissons, des oiseaux et autres animaux;

    - le HCB (hexachlorobenzène) qui est un fongicide interdit en Belgique depuis 1974 mais utilisé dans certains pays pour la protection du bois. Il est aussi un sous-produit de plusieurs procédés industriels. Il se dégrade lentement dans l’air, dans l’eau il se lie aux sédiments et aux particules en suspension. Dans le sol, il reste fortement lié à la matière. Il se dissout aussi très bien dans les lipides.

    Pour expliquer la présence de ces POP'S (polluants organiques persistants), il convient de rappeler leurs caractéristiques : outre le fait qu'ils sont effectivement extrêmement toxiques, ils persistent pendant des années voire des dizaines d'années avant de se décomposer en substances moins dangereuses. Ils s'évaporent et se déplacent sur de longues distances, dans l'eau comme dans l'air, et ils s'accumulent dans les tissus graisseux.

    La persistance et la mobilité des POP'S font qu'ils peuvent se trouver littéralement dans le monde entier, même dans les zones les plus reculées comme l'Antarctique ou l'Arctique.

    Comme ils sont attirés par les tissus graisseux, phénomène appelé la bioaccumulation, même lorsqu'ils se dispersent d'abord en faible quantité, ils se concentrent ensuite d'un organisme à un autre en remontant la chaîne alimentaire. Il est donc logique qu'on les trouve dans les tissus graisseux des êtres vivants qui se trouvent au plus haut de la chaîne alimentaire, tels que l’être humain.

    Le déplacement de ces POP'S dépend de la température ambiante ; c'est ce que l'on appelle "l'effet sauterelle". Ces produits chimiques se propagent de par le monde, ils s'évaporent dans les zones chaudes, sont emportés par le vent et les particules de poussières pour retomber dans les régions froides de la planète puis se volatiliser et repartir. En s'éloignant des zones équatoriales, les POP'S parviennent dans des climats plus froids où l'évaporation est moindre. C'est pourquoi ils ont tendance à se déplacer vers les pôles et les zones montagneuses.

    C'est donc au niveau mondial que des mesures doivent et ont déjà été prises pour lutter contre ces polluants organiques persistants. Dans le cadre de la Commission économique pour l'Europe des Nations unies (UNECE), le protocole à la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance sur les POP's cible seize substances particulièrement toxiques dont les deux évoquées ci-dessus. Ce protocole est entré en vigueur le 23 octobre 2003. Dans le cadre plus large de l'ONU, la Convention de Stockholm vise à éradiquer douze de ces substances. La Belgique a ratifié ces deux textes, qui sont également mis en application au niveau européen via un règlement spécifique.

    Il convient donc, d’une part, d'inciter un maximum de pays à ratifier cette convention et, d'autre part, d’élargir le spectre des substances toxiques visées notamment dans le cadre des travaux du Conseil environnement de l’Union européenne.

  • Question écrite du 24/12/2007
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Dans le cadre de la Cellule « Environnement - Santé» regroupant tant l'Etat fédéral que les entités fédérées, une vaste enquête a eu lieu en Belgique concernant la qualité du lait maternel. Les résultats qui nous ont été communiqués, notamment par l'intermédiaire du « Journal du Médecin », sont particulièrement mitigés.

    On constate ainsi que de nombreux pesticides sont encore présents dans l'organisme des mamans, au même titre que, par exemple, les dioxines ou encore les PCB. Ce qui est d'autant plus alarmant, c'est que certaines des substances détectées dans l'organisme des mamans sont interdites en Belgique depuis plus de 30 ans. On pourrait, par contre, se montrer satisfait si l'on analyse les données sur la durée. Les concentrations en produits toxiques sont en effet en diminution.

    Néanmoins, la Belgique serait toujours largement au-dessus de la moyenne européenne.

    Monsieur le Ministre a-t-il pu avoir connaissance de cette étude ? Quelle est sa réaction lorsque l'on constate que les pesticides sont toujours bien présents dans les organismes, notamment des jeunes mamans, et que certains des produits décelés sont des produits strictement interdits en Belgique depuis plus de 30 ans ?

    Monsieur le Ministre a-t-il pu prendre des contacts à ce sujet avec ses homologues, tant au niveau fédéral qu'au niveau des entités fédérées ? Quelles sont les mesures qui seront éventuellement prises par Monsieur le Ministre en vue d'améliorer les critéres retenus en matière de santé environnement ?