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Le nucléaire augmente le risque de maladie du cancer.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 194 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 03/01/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    Je sais que la Région wallonne n'est pas compétente en matière de production d'électricité au départ du nucléaire. Mais j'entends tellement souvent Monsieur le Ministre défendre la thèse du nucléaire lorsqu'il s'agit d'assurer notre approvisionnement en énergie qu'il permettra de lui faire part d'une étude réalisée chez nos voisins allemands, étude qui doit nous interpeller et nous encourager à accélérer encore la mise en œuvre d'une politique des énergies alternative, voire d'aller éventuellement au-delà de l'objectif de 12 % d'électricité verte en 2012.

    Le Kinderkrebsregister (Registre des cancers d'enfants) à Mayence vient de publier les résultats d'une étude alarmante: plus on habite près d'une centrale, nucléaire, plus on court le risque que l'enfant soit atteint de leucémie - tel est, en une phrase - le résultat de l'étude en question.

    Comme partout, le monde politique réagit en relativisant et en remettant en question le bien fondé scientifique de l'étude. Le Ministère de l'Environnement allemand n'est pas convaincu du fait que l'augmentation du risque d'être atteint du cancer est liée à l'exposition aux rayons ionisants émis par une centrale nucléaire. Leur conclusion: pour établir un lien de cause à effet scientifiquement établi, l'exposition aux rayons radioactifs devrait être de 1000 fois supérieure aux doses actuelles pour expliquer le taux de leucémies constatées aux alentours des centrales.

    Le Amt für Strahlenschutz (Office chargé de protéger le public contre les rayons ionisants) déclare que le résultat de l'étude ne peut pas être expliqué de façon plausible au départ des émissions effectives des réacteurs. Mais il ajoute ne pas connaître d'autres facteurs qui expliqueraient la corrélation statistique entre la distance de l'habitation par rapport à la centrale nucléaire et le risque d'être touché par cette maladie.

    Quoi qu'il en soit, entre les lignes, les deux autorités confirment qu'il y a des émissions, contrairement aux discours toujours apaisants qu'on entend dès qu'il s'agit de sécurité et d'impact sur la santé et sur l'environnement. L'étude, quant à elle, établit une corrélation entre la distance et le risque. En effet, dans un périmètre de 5 km autour des 16 centrales qui ont fait l'objet de l'étude (qui a duré entre 1980 et 2003), 77 enfants ont été atteints d'un cancer dont 37 de leucémie alors que, statistiquement, on aurait dû s'attendre respectivement à 46 et 17 enfants malades.

    Résultat: l'existence d'une centrale augmente le risque statistique d'être atteint de cancer et de leucémie de 1.2 voir de 0.8 patients par an. Le constat se confirme pour chacun des 16 sites observés. Les scientifiques, menés par le Professeur Blettner à Mayence et accompagnés d'un comité de 12 experts (ceci pour illustrer que l'étude n'a rien de farfelu), n'établissent pas de lien de cause à effet mais se contentent de décrire la corrélation observée. Ils ont examiné 1.592 enfants touchés par le cancer et 4.735 enfants en bonne santé servant comme groupe contrôle.

    Les autorités allemandes, et notamment le Ministre Gabriel, annoncent vouloir approfondir l'étude. D'autres demandent que soient tout de suite tirées les conclusions qui s'imposent Mais en quoi nous concerne-t-il ?

    Dans la mesure où nous dépendons largement d'une électricité produite: sur base nucléaire et qu'en tant que Région wallonne nous sommes désireux de faire avancer la production d'énergies renouvelables et alternatives. nous sommes tout aussi bien concernés qu'à travers notre responsabilité en matière d'environnement et de santé. Mais avant tout, je pense que la vérité a ses droits.

    Je souhaite que les déclarations en faveur de l'énergie nucléaire soient faites à la lumière de cette vérité. Je souhaite donc que les Ministres de la Santé, de l'Energie et de l'Environnement de la Région wallonne puissent procéder au même type de recherche scientifique que ce qui vient d'être fait à Mayence. Les constats qui établissent une corrélation entre l'habitat proche d'une centrale nucléaire et le risque d'être atteint d'un cancer devront-ils être confirmés ou pourront-ils être infirmés pour ce qui nous concerne ?
  • Réponse du 19/02/2008
    • de ANTOINE André

    Je tiens d'emblée à dire que je ne suis pas le Ministre compétent en la matière. A double titre: en effet, les moyens de production nucléaire et les aspects qui y sont liés sont une compétence fédérale. La santé est une compétence exercée à la fois par le fédéral et, pour certains aspects, par les Ministres régional et communautaire. En tout cas, pas par moi.

    Mes considérations sur l'énergie nucléaire auxquelles l'honorable Membre fait référence sont guidées par certains arguments. Mais je n'ai jamais nié que cette source d'énergie n'est pas, mais comme les autres, la panacée.

    Cela étant, mes services ont pris contact avec l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) , établissement public dont la mission est de veiller à ce que la population et l'environnement soient protégés d'une manière efficace contre le danger des rayonnements ionisants (articles 14 à 27 de la loi du 15 avril 1994). Dans le cadre de sa mission, cette agence est chargée de stimuler et coordonner les travaux de recherche et de développement dans les domaines de la sûreté nucléaire et de la protection radiologique.

    Sur son site, l'agence mentionne effectivement avoir pris connaissance de l'étude (et renvoie à des articles portant sur le sujet ainsi qu'au site allemand www.bfd.de ) et précise "suivre soigneusement les développements futurs de celle-ci".

    Il n'y a pas, à ma connaissance, d'étude similaire en Belgique mais c'est bien au niveau fédéral que celle-ci doit être initiée.