/

Les insomnies provoquées par la téléphonie mobile dans l'habitation.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 82 (2007-2008) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 29/01/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à DONFUT Didier, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    En 2008. nous sommes toujours à une époque où l'on se pose des questions sur l'influence du rayonnement des téléphones mobiles sur le corps humain. Beaucoup d'études ont déjà certifié que le rayonnement n'augmente pas le risque de cancers.

    Pourtant une étude récente a démontré qu'il pouvait y avoir des impacts sur la santé quant au rayonnement des téléphones portables. Cette étude, qui est disponible, attribue au rayonnement des mobiles des effets négatifs sur le corps humain.

    Le Karolinska Institut à Uppsala, un institut suédois, et des universités américaines ont constaté ensemble que l'utilisation des téléphones mobiles avant le sommeil réduisait la qualité de celui-ci et pouvait entraîner des maux de tête, des dérangements de concentration, voire des dépressions.

    Trente-cinq hommes et trente-six femmes entre 18 et 45 ans ont été examinés par les scientifiques. D'autres n'ont pas été exposés à un rayonnement. Ceux qui ont été exposés au rayonnement de 884 MHz ont eu besoin de plus de temps pour arriver dans la première phase de sommeil bas et sont restés plus courts dans la phase la plus profonde.

    Les chercheurs supposent que le rayonnement des téléphones d'intérieur active le système de stress du cerveau, ce qui conduit à des problèmes de sommeil chez ces individus.

    Si je pose cette question de manière conjointe avec le Ministre Antoine, c'est parce Messieurs les Ministres peuvent intervenir, chacun d'entre eux dans les matières qui sont les leurs : tant pour l'impact de la téléphonie à l'intérieur de l'habitation (compétence Logement du Ministre Antoine), que pour les aspects de santé publique (compétence de Monsieur le Ministre).

    Etudier les impacts des ondes de la téléphonie d'intérieur sur notre santé apparaît aujourd'hui comme un enjeu de société !

    Monsieur le Ministre peut-il me dire s'il a eu connaissance de cette étude ? Sinon, pense-t-il se la procurer ? Ne pense-t-il pas qu'il y a un devoir de prudence à respecter ? Bref: que penser des résultats de l'étude et des conclusions politiques à en tirer au niveau des compétences régionales qui sont celles de Monsieur le Ministre ?

    Je remercie Monsieur le Ministre pour la précision des réponses qu'il apportera dans un domaine qui touche la grande partie de nos concitoyens chaque jour.
  • Réponse du 25/02/2008
    • de DONFUT Didier

    Aussi bien la Communauté scientifique que la population générale se posent des questions sur l'impact éventuel du rayonnement émis par les téléphones mobiles sur la santé humaine. Des recherches sont effectuées dans de nombreux domaines et notamment celui de l'influence que pourrait avoir l'usage du GSM sur le sommeil.

    L'étude mentionnée a été conduite par le Professeur Bengt Arnetz et ses collaborateurs de la Wayne State University (USA) et de l'Université d'Upsala (suède). Les résultats ont été présentés dans le VOL. 3, No 7, 2007 de la Revue scientifique PIERS Online (Progress in Electromagnetics Research).

    Il s'agit d'une étude de laboratoire en double aveugle qui réunissait 71 volontaires, hommes et femmes âgés de 18 à 45 ans. Trente-huit de ceux-ci présentaient, avant l'entrée dans le programme de recherche, des symptômes qu'ils attribuaient à l'utilisation du GSM.

    Les participants ont été répartis de manière aléatoire en deux groupes: le premier était exposé pendant trois heures à des ondes radio correspondant à celles émises par un GSM puissant qui émet à puissance maximale, et l'autre, à de «fausses» ondes, sans qu'aucun sache qui était soumis à l'exposition ou non.

    Ensuite, ils dormaient dans un laboratoire du sommeil et leur activité cérébrale était contrôlée par électroencéphalogramme.

    Les chercheurs ont observé que les personnes exposées avaient besoin, en moyenne, de six minutes supplémentaires pour atteindre le stade de sommeil profond et que la durée du stade de sommeille plus profond (stade 4) était pour elles, en moyenne, inférieure de 8 minutes par rapport aux personnes non exposées.

    Contrairement à ce qui est apparu dans divers organes de presse, le rapport de l'étude ne mentionne pas d'effet sur la mémoire, l'humeur (pas de dépression) ou la concentration. En ce qui concerne les maux de tête, seules, les personnes asymptomatiques au départ ont rapporté plus de maux de tête si elles étaient dans le groupe exposé.

    Les auteurs concluent que l'exposition aux ondes radio, dans ces conditions, est associée à des effets négatifs sur la qualité du sommeil, en rapport avec certains stades de celui-ci. Ils affirment donc que cette étude est pertinente dans la discussion actuelle sur les effets possibles de l'exposition aux ondes générées par les téléphones mobiles.

    Cette étude alimentera certainement le débat sur les effets de l'utilisation prolongée du GSM. Cependant, lorsqu'on examine le rapport des résultats de cette étude, il est important de tenir compte des points suivants :

    1° durant l'expérience, l'exposition au rayonnement était très forte et les auteurs reconnaissent dans leur publication qu'elle correspondait à la pire des possibilités réelles et que la durée était effectivement très longue. L'exposition ne correspondait donc pas à une situation de vie réelle;

    2° l'expérience se déroulait en laboratoire et les participants n'étaient donc pas dans des conditions naturelles de sommeil. Les auteurs parlent de sommeil «induit» sans plus d'explications;

    3° le groupe de participants était très limité: seulement 71 personnes dont une grande proportion (38) présentaient déjà une sensibilité particulière à l'usage du GSM avant l'étude. L'échantillon ne représente donc pas valablement la population générale.

    Les résultats doivent donc être confirmés par une étude plus étendue, dans des conditions plus proches de la vie réelle, avant de pouvoir en tirer des conclusions sur les effets des ondes électromagnétiques émises par les GSM sur le sommeil, en général.

    Cette étude attire cependant l'attention sur les risques éventuels de la téléphonie mobile et je reste très attentif à l'évolution de la recherche dans ce domaine mais les compétences préventives et éducatives en ce qui concerne un usage modéré et prudent du GSM relèvent exclusivement des compétences de la Ministre de la Santé de la Communauté Française.