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Super camions.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 271 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 15/02/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    C’est avec un certain étonnement que j’ai lu que Monsieur le Ministre était en faveur des super camions. Depuis lors, on se pose des questions concernant la sécurité, l’emploi, la convivialité et les autres modes de transport. J’y viendrai.

    De quoi parlons nous ? De véhicules modèles scandinaves de 25 mètres et de 60 tonnes et plus. M. Y. Leterme se dit favorable aux demandes de certains milieux économiques flamands d’expérimenter dans ce domaine et de demander à son administration d’étudier une adaptation de l’arrêté royal de 1968 qui limite les poids lourds à 18.75 mètres et à 44 tonnes.

    Qu’Yves Leterme réagisse en sa qualité de Ministre fédéral de la Mobilité, on le comprend. Il y voit une contribution au développement stratégique d’un pôle logistique de la Flandre. Mais quelle a été la motivation de Monsieur le Ministre d’exprimer son agrément à l’égard des super camions ? Il disait dans la presse que le thème a fait l’objet d’un groupe de travail et qu’une dizaine de routes wallonnes avaient été identifiées et seraient prêtes à accueillir une phase test.

    Je suppose que cette déclaration a été faite en étroite concertation avec le Collègue de Monsieur le Ministre chargé des Travaux publics. En tout cas, je tiens à lui rappeler différentes réponses qu’il a données à différentes questions parlementaires : le 16 avril 2007, il évoque la nécessité d’évaluer le coût éventuel des adaptations des infrastructures (je pense p.ex. aux ronds-points) ainsi que les questions relatives à la sécurité routière vis-à-vis de ces méga camions. Il dit ne pas être opposé, mais se pose des questions quant à l’impact sur la dégradation des routes. Dire « oui » serait – selon lui – prématuré. Si des tests doivent avoir lieu, ce serait d’abord entre les ports et les entreprises qui exigent des tonnages lourds.

    Renaat Landuyt, le prédécesseur d’Yves Leterme, s’exprimait de façon prudente en séance du 21 février 2005 de la Chambre, Commission des Infrastructures. Des camions géants ont été autorisés dans les zones portuaires et chez Volvo-Gand. Il dit que le gros problème n’est pas le poids des camions mais le maillage fin du réseau routier belge. Les risques de blocage de la fluidité de la circulation sont moins importants en Scandinavie que chez nous. Et il termine en déplorant que la Belgique a un retard important à combler dans le domaine du rail et de la navigation intérieure.

    Dans une réponse antérieure, il dit que les avantages mis en exergue par les partisans des camions géants doivent être pondérés par l’augmentation attendue du volume du transport par la route. Ces camions présentent, par rapport au rail et la voie d’eau, des performances environnementales et énergétiques (pensons aux émissions CO2) plus proches de celles de la route classique que de celles plus avantageuses du rail et de la voie d’eau auxquels ils se substitueront.

    Et j’ajouterai une réflexion sociale. Si demain, nous avons des poids lourds qui transporteront à deux ce que les camions de maintenant transporteront à trois, nous devons craindre aussi une perte d’emplois dans le secteur. Certes, les quantités à transporter vont augmenter et une partie d’entre elles pourront l’être par ces méga camions. Mais globalement parlant, le risque que des emplois vont être rationalisés est réel, dès qu’on passe de la phase expérimentale à la phase opérationnelle.

    Sans que nous ayons parlé d’autres impacts environnementaux tels que le bruit, les vibrations ou tout simplement la convivialité des habitations longeant les itinéraires choisis. Ou encore des impacts lorsque l’usager faible (cycliste, piéton) est confronté avec ces géants de la route. Ou encore le comportement sur l’autoroute par temps de pluie quand celle-ci rend difficile de dépasser un camion, notamment lorsque le trafic est très dense.

    Bref, voilà un tas de questions auxquelles il faudra trouver des réponses. Monsieur le Ministre les a-t-il ? Je n’imagine pas qu'il a lancé une discussion sans avoir réfléchi aux conséquences tant sur le plan budgétaire que sur le plan de l’environnement et de la sécurité. Je serai donc impatient de connaître ses approfondissements de la question.
  • Réponse du 12/03/2008
    • de ANTOINE André

    Je suis personnellement favorable à la réalisation de tests de circulation de super camions en Wallonie. Cela étant, ces véhicules ne pourraient circuler que dans un cadre bien déterminé. Ils ne pourraient emprunter que des itinéraires adaptés à ce charroi et ne nécessitant aucune adaptation de l'infrastructure. En outre, ce type de transport doit être exécuté sur des axes de circulation où il n'est pas en concurrence directe avec la voie navigable ou le chemin de fer.

    A l'initiative de l'Union wallonne des entreprises, un groupe de travail constitué de chargeurs, de transporteurs, des fédérations professionnelles, de représentants de la Région, a examiné la faisabilité d'une dizaine d'itinéraires potentiels dont certains traversent les frontières régionales voire nationales.

    La mise en œuvre d'un (ou plus) de ces itinéraires nécessitera l'accord préalable du pouvoir fédéral (et/ou du pays limitrophe concerné).

    II est à noter que deux parlementaires du VLD ont déposé, le 25 janvier dernier, une proposition de résolution à la Chambre des Représentants demandant au Gouvernement fédéral de lancer des projets pilotes sur les écocombis avec les Régions et d'adapter la réglementation relative aux dimensions et aux poids autorisés des véhicules de transport routier et de leurs accessoires, compte tenu de la directive européenne 96/53.