/

Les abeilles.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 211 (2007-2008) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 21/02/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Les apiculteurs tirent la sonnette d’alarme. 30 à 40 % des abeilles meurent pendant que les discussions avec les ministères prennent du temps. La cote d’alerte est à 20 %.

    Et la question n’intéresse pas seulement les apiculteurs mais aussi les agriculteurs et les horticulteurs. Sans l’aide des abeilles, la fertilisation n’a pas lieu et nous n’aurons pas nos fruits.

    La cause de cette catastrophe est la varroa, parasite qui s’en prend aux abeilles et à leur progéniture. Quelle est son origine ? Quelles sont les conditions favorables à sa prolifération ? Le réchauffement favorise-t-il la prolifération du parasite ?

    De plus en plus d’apiculteurs, découragés de voir mourir leurs ruches, abandonnent. Ce qui est un facteur d’inquiétude supplémentaire.

    Il y a des produits pour détruire le parasite mais, comme le miel est une denrée alimentaire, il ne pourra pas être appliqué.

    Rappelons-nous de ce qu’Einstein avait annoncé : 4 ans après que l’abeille soit disparue, l’être humain va suivre. Où en sommes-nous ? Que faire pour aider les apiculteurs à sauver leurs abeilles ?
  • Réponse du 10/03/2008
    • de LUTGEN Benoît

    A cette période de l’année, nous ne disposons que des premières estimations de mortalité de colonies. Si les chiffres de 30 à 40 % de mortalité peuvent être avancés pour certaines zones, ils nous semblent, dès aujourd’hui, surestimés si l’on considère l’ensemble de la Région wallonne. Selon le CARI, qui suit cette situation de près, des chiffres de l’ordre de 15 % sembleraient beaucoup plus proches de la réalité de terrain.

    Le parasite Varroa destructor est un des principaux responsables de cette situation. Suite aux conditions climatiques clémentes de cet hiver, il a eu un développement de ses populations trois fois plus important que les années précédentes, ce qui a surpris de nombreux apiculteurs. Ces données sont fournies par le réseau de surveillance sanitaire wallon géré par le CARI dans le cadre du programme européen de soutien de l’apiculture.

    Le Varroa destructor, agent de la varroase chez l’abeille domestique, a été décrit pour la première fois par un chercheur hollandais en 1909 en Extrême Orient. Il y a de fortes chances que cet acarien soit présent et endémique dans ces régions depuis longtemps. Il a été détecté en Allemagne en 1969 et, depuis, s’est répandu sur tout le continent européen.

    Le développement optimum de l’acarien est conditionné par la présence continue de couvains dans la ruche. Ce dernier est lui-même dépendant des conditions climatiques, ce qui explique le développement considérable de ces acariens cet hiver.

    De plus, les conditions climatiques printanières et estivales ont très fortement réduit les apports naturels de nectar durant la saison de production 2007. Par contre, les températures extrêmement clémentes de cet hiver ont maintenu une activité inhabituelle à l’intérieur des ruches, ce qui a entraîné une consommation hivernale deux fois supérieure à la normale. Pénurie des stocks et consommation accrue ont généré de ce fait des famines dans certaines colonies nourries normalement par les apiculteurs.

    Il reste, comme par le passé, des cas inexpliqués. Même si leur fréquence s’est fortement réduite, avec moins d’un tiers de cas signalés, ces phénomènes continuent de retenir l’attention des scientifiques. La recherche de résidus de pesticides et d’autres contaminants dans les différents composants de la ruche, ainsi que l’identification des maladies et parasites qui affectent les colonies d’abeilles, sont toujours en cours à la Faculté des Sciences Agronomiques de Gembloux, en collaboration avec l’Université de Liège.

    Un programme de lutte contre le varroa a été défini par l’AFSCA. Quatre matières actives ont été autorisées, sous certaines conditions, en 2007.

    Dans le cadre du programme européen de soutien de l’apiculture et avec le soutien de la Fédération apicole belge, le CARI va proposer un nouvel achat groupé de médicaments contre la varroase aux apiculteurs par le biais de la prochaine revue Actu Api. Celle-ci sera distribuée gratuitement en mars à tous les apiculteurs. Une fois de plus, l’attention des apiculteurs sera attirée sur l’importance des traitements curatifs correctement réalisés.

    Le coût de l’ensemble des traitements revient à la valeur de moins d’un kilo de miel par ruche.

    Pour les personnes qui craignent la présence de résidus toxiques dans les ruches, il faut préciser que tant le thymol (extrait d’essence du thym) que l’acide oxalique (extrait notamment de certaines légumineuses) sont des produits naturels utilisés dans le cadre de l’apiculture biologique.

    Je reste particulièrement attentif aux problèmes vécus par nos apiculteurs. Outre le rôle pollinisateur des abeilles, elles sont de véritables sentinelles de l’état de notre environnement. « Si l’abeille venait à disparaître, l’homme n’aurait plus que quelques années à vivre » prophétisait Albert Einstein.