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Sangliers bien nourris.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 232 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 04/03/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Du temps du prédécesseur de Monsieur le Ministre, on n’arrêtait pas d’évoquer le sujet et de critiquer le Ministre pour les mesures inadéquates ou non prises. Je ne peux pas m’empêcher de croire que certains étaient plus intéressés par la chasse politique que par la chasse au sanglier.

    Monsieur le Ministre a corrigé la situation, p.ex. en prolongeant les périodes de chasse ou en décentralisant les processus de décisions administratives. Tout aurait pu aller pour du bien dans le meilleur des mondes.

    Et voilà qu’ils reviennent : dans nos bois, dans nos prairies, dans les journaux et même dans notre Parlement (du moins virtuellement).

    Natagora dénonce le nourrissage : les chasseurs soignent trop bien le gibier qu’ils vont tirer. Selon l’organisation de protection de la nature, ceux qui critiquent la Région wallonne et qui revendiquent des mesures complémentaires sont eux-mêmes pour une partie responsables de l’évolution des populations de sangliers. Monsieur le Ministre confirme-t-il ces propos ? Correspondent-ils aux réalités ou sont-ils exagérés ?

    Natagora regrette que le nouveau Code forestier ne prévoit rien pour limiter la surpopulation des gibiers qui vont s’attaquer aux écorces (cervidés), aux œufs d’oiseau qui nichent au sol ainsi qu’aux bulbes (sangliers).

    En un quart de siècle, les populations de cervidés auraient doublé et celle des sangliers aurait triplé. Le taux de reproduction actuel, favorisé par des hivers doux, contribue à augmenter la pression que ces espèces vont exercer sur les différents biotopes.

    Les quotas fixés par les conseils cynégétiques en ce qui concerne le nombre d’animaux à abattre ont-ils été atteints ?

    Le nourrissage, qui se veut uniquement dissuasif, l’est-il vraiment ? Ou s’agit-il parfois plutôt d’engraissage ?

    Monsieur le Ministre constate-t-il une augmentation ou une diminution du nombre de dégâts que les animaux provoquent chez les agriculteurs ?
  • Réponse du 17/03/2008
    • de LUTGEN Benoît

    Les chiffres avancés par Natagora proviennent de mon administration. Dans plusieurs massifs forestiers, le nombre de grands ongulés sauvages dépasse ce qui est habituellement admis en fonction de la richesse du milieu. Pour le cerf par exemple, on ne devrait pas dépasser les 35 à 40 bêtes aux 1.000 hectares de bois dans les milieux les plus accueillants, si l’on veut que la forêt assume toutes ses fonctions et puisse se régénérer normalement. On est bien souvent au-delà de ce seuil (même si ce n’est pas le cas partout, comme le démontrent les tableaux de chasse réalisés depuis plusieurs années).

    L’accroissement important des populations de grands ongulés n’est pas spécifique à la Région wallonne : le problème est général et observé dans tous nos pays voisins.

    C’est dans ce contexte que j’ai déjà pris des mesures visant à mieux réguler le niveau de la population des sangliers en Région wallonne:

    - l’augmentation des périodes d’ouverture de la chasse du sanglier qui permet la chasse en battue en plaine dès le 1er août et la chasse à l’approche et à l’affût toute l’année;
    - la régulation des populations à l’aide de battues administratives organisées en dehors de la période fixée pour la chasse en battue;
    - l’utilisation de trappes de capture par les agents de la Division de la Nature et des Forêts dans les endroits où la sécurité et la santé des personnes sont menacées;
    - le soutien financier à la recherche scientifique relative à la gestion des ongulés sauvages en Région wallonne.

    D’autres solutions devront être trouvées principalement au travers de la loi sur la chasse plutôt qu’au niveau du nouveau Code forestier.

    Pour la saison cynégétique 2006-2007, trois conseils cynégétiques sur quatre n’ont pas atteint les quotas de tir minimum imposés par mon administration pour l’espèce cerf. Cette situation perdure depuis quelques années et il en sera encore de même pour 2007. La possibilité d’infliger des amendes administratives en matière de chasse prévue au sein du décret relatif aux infractions en matière d’environnement constituera une piste pour remédier à cette problématique.

    Le nourrissage est réglementé depuis 1994 au niveau de la Loi sur la chasse. Toutefois, il est exact que le nourrissage dissuasif du sanglier est parfois détourné de l’objectif qui consiste à dissuader cette espèce d’aller causer des dégâts en plaine. Détourné de son objectif dissuasif, il constitue un élément favorable à la multiplication du sanglier.

    Néanmoins, le nourrissage n’est pas la seule cause de l’augmentation des populations de grand gibier. Des facteurs naturels (climat, ressources alimentaires disponibles liées à l’importance des fructifications forestières, …) y contribuent également.

    Les pouvoirs publics n’intervenant pas dans l’indemnisation des dégâts de grand gibier aux cultures agricoles, et la Loi de 1961 imposant au chasseur sur le bois d’où proviennent les animaux ayant causé les dégâts aux cultures d’indemniser l’agriculteur, l’indemnisation se fait à l’amiable ou, à défaut, devant le Juge de Paix. Dès lors, mon administration ne dispose pas de données à ce niveau.