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Cartographie des vents.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 343 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 18/03/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    Autant je suis d'accord sur le fait que nous avons besoin d'une cartographie identifiant les endroits où il serait malvenu d'ériger des éoliennes, autant je suis partisan d'une cartographie qui répertorie les endroits où l'implantation d'une éolienne donnerait un résultat encourageant à son implantation.

    Il est vrai qu'il ne faut pas placer une éolienne n'importe où. Il faut éviter les réserves naturelles et les abords des zones Natura 2000 et des centres classés " monument et site ". En effet, une éolienne n'est pas sans impact sur l'habitat naturel dans lequel elle sera implantée et il est de notre devoir de protéger notre patrimoine naturel autant que notre patrimoine culturel.

    Il faut aussi éviter le chaos. Actuellement, les demandes d'implantation nous arrivent sans aucune planification systématique et coordonnée pour l'ensemble du territoire.

    N'est-il pas opportun d'établir une carte des vents pour toute la Wallonie ? Une carte identifiant les endroits où une telle implantation a un sens et nous informant quant au potentiel d'extension qu'a cette technologie de récolte d'énergie ?

    C'est notamment le dernier aspect qui m'interpelle. Suite aux décisions de l'U.E., nous devons produire d'ici 2020 au minimum 13 % de notre énergie globalement consommée (ménages, industries, transport) au départ de sources alternatives. Devant cet objectif, nous avons besoin de connaître le plus exactement possible le potentiel tant en matière d'économie d'énergie qu'en matière de production au départ du vent et du soleil. Un résultat de 13 % d'ici 2020 ne s'improvisera pas.

    Je plaide donc en faveur d'une politique qui planifie et qui programme au lieu d'improviser. Et cela autant pour atteindre les objectifs climatologiques que pour relancer l'économie wallonne, car en effet, les 13 % peuvent être aussi une chance, un vrai coup d'impulsion en faveur d'un renouveau économique si nous en avons la volonté.

    Si je plaide aujourd'hui en faveur d'une cartographie des éoliennes, c'est dans l'objectif de nous encourager à nous attaquer tout de suite à la mise en œuvre de l'objectif multiple des 13 %.

    Actuellement, nous sommes à 2.2 % , ce qui correspond au constat du Ministère de Monsieur le Ministre.

    Comment Monsieur le Ministre va-t-il s'y prendre pour atteindre l'objectif des 13 % ? Concrètement, va-t-il réaliser une cartographie des vents ?
  • Réponse du 21/05/2008
    • de ANTOINE André

    En réponse à la question posée par l'honorable Membre, j'ai l'honneur de lui faire part des observations suivantes.

    Quant à l'objectif national de 13 %, il faut rappeler que cet objectif vise les différentes formes d'utilisation des énergies: électricité, chaleur, climatisation et réfrigération, carburants etc... Et, vu la consommation de combustibles fossiles dans le secteur des transports, l'objectif est ambitieux à l'échelle de la Belgique compte tenu de la part actuelle des énergies renouvelables dans toutes les formes de consommation d'énergie (2,2 %). Cela étant, la Région wallonne n'a pas attendu que l'Europe impose un objectif pour se mettre en marche. Les efforts réalisés en Région wallonne pour développer les énergies renouvelables dans toutes leurs formes sont déjà importants et témoignent d'un réel volontarisme en la matière.

    En matière d'électricité d'origine renouvelable, la Wallonie s'est fixé un objectif régional ambitieux en matière de production d'électricité à partir de sources d'énergie renouvelable (SER) ou de cogénération de qualité :

    - 12 % de quota de production d'électricité verte à l'horizon 2012 (contre 3,25% à Bruxelles et aucun quota d'électricité d'origine renouvelable fixé à cet horizon en Flandre) ;
    - une exigence wallonne de 10 % d'économie de CO, (par rapport à une centrale TGV) afin que les mégawat/heure produits soient reconnus comme verts (contre 5 % à Bruxelles et aucune exigence d'économie de CO, en Flandre) ;
    - la production d'électricité verte a quasiment doublé entre 2004 et 2007 : d'un peu plus de 700.000 certificats verts, on se situe désormais à 1.400.000 certificats verts délivrés par an.

    Le parc solaire thermique installé a également connu une progression spectaculaire: rien que pour l'année 2007, près de 3.200 dossiers ont été réceptionnés, pour près de 18.000 m2 de panneaux nouveaux installés - 6.000 en 2004 - (à la fin 2007, la surface totale installée avec l'appui de Soltherm était de près de 55.000 m2 contre moins de 10 000 m2 en juin 2004).

    Au vu de ces excellents résultats, la réalisation d'une cartographie des vents pour l'implantation d'éoliennes ne m'apparaît nullement indispensable. En outre, ces résultats pourront vraisemblablement être amplifiés mais, pour ce faire, il s'agit que les autorités fédérales fournissent les chiffres de la part de SER envisagée et qu'elles mettent en oeuvre les négociations de partage de l'effort entre les Régions.

    Quant à la production spécifique d'énergie éolienne, elle a été évaluée à 243 203 MWh produits entre 2004 et 2006. Par delà ce chiffre, ce qu'il importe de retenir, c'est la croissance fulgurante de cette production comme le démontre le détail de cette production :

    2004 46 163 MWh
    2005 70 872 MWh
    2006 126 168 MWh


    La production a augmenté de plus de 50 % chaque année et cette progression remarquable ne s'est pas arrêtée puisque le facilitateur estime que la puissance totale installée à cette date permettra de produire 312 000 MWh/an, soit plus en une seule année que ce qui avait été produit en 3 ans! Ces chiffres sont très positifs mais ne permettent pas de dire que l'effort consenti en matière d'énergies renouvelables est suffisant. Il faut aller encore plus loin.

    Ces chiffres démontrent également que l'adoption d'un plan régional d'implantation des éoliennes n'est pas indispensable pour atteindre les objectifs que s'est fixé le Gouvernement.

    Faut-il pour autant parler de développement anarchique des parcs éoliens? Je ne le pense pas. Outre les aspects de spéculation foncière que pourrait engendrer l'adoption d'un plan des zones susceptibles d'accueillir des éoliennes, au risque de compromettre les objectifs du Gouvernement, il est certain qu'un plan régional d'implantation des éoliennes ne pourrait donner la garantie suffisante que l'ensemble des paramètres de l'analyse de ce type de projets puisse être rencontré.

    J'ai toujours soutenu que l'implantation d'un parc éolien - ou de tout autre projet visant à la production d'énergie renouvelable - devait s'apprécier de façon globale et transversale, en prenant en compte tous les aspects d'un projet (paysage, potentiel éolien, nuisances éventuelles pour le voisinage, impact sur la faune, co-visibilité, raccordement au réseau, etc.), ce qui ne peut raisonnablement se réaliser que par un examen approfondi des demandes au cas par cas, notamment par le biais de l'étude d'incidences et par la concertation préalable avec la population prévus dans le cadre de la procédure de permis unique.

    Contrairement à l'idée que certains peuvent s'en faire, la planification de l'implantation d'éoliennes en Région wallonne aurait donc plus d'effets négatifs que positifs pour le développement de l'énergie éolienne.