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Maladie de la langue bleue.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 260 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 18/03/2008
    • de SENESAEL Daniel
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Une étude conjointe des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix de Namur et de l'Université de Liège estime que la maladie de la langue bleue va devenir endémique.

    Les résultats de cette étude ont été présentés récemment: 4.457 troupeaux bovins, 2.400 troupeaux ovins et 13 troupeaux caprins ont été touchés en 2007, contre 296 troupeaux bovins et 399 troupeaux ovins en 2006 selon les chiffres de l'AFSCA.

    Le professeur Saegerman de l'Ulg estime que l'extension de la fièvre catarrhale ovine est inquiétante notamment en raison des risques de mutation génétique du virus pouvant entraîner un renforcement de sa virulence. Il craint aussi que le type de virus connu en Europe du Nord n'atteigne le bassin méditerranéen où il rencontrerait un autre type de moucheron, plus fort comme vecteur du virus.

    Depuis son apparition en Belgique en août 2006, la maladie a fait tache d'huile. Plus qu'à des mesures de précaution contre les moucherons, c'est à la vaccination qu'il faut faire appel. Il doit s'agir d'un vaccin inactivé. Un vaccin atténué (vivant) comporterait plus d'inconvénients que d'avantages.
    Plusieurs firmes travaillent sur un vaccin qui devrait être disponible mi-2008.

    Le professeur Saegerman déclare qu'on attend une décision de la Région wallonne concernant un projet de recherche qui se pencherait notamment sur les coûts et les bénéfices de la vaccination.

    Monsieur le Ministre peut-il nous informer sur l'état d'avancement de ce dossier ? Est-il du même avis que le professeur Saegerman ?

    Récemment, un groupe de travail « langue bleue » réunissant le Fédéral et les Régions a été mis sur pied. Il a notamment pour tâche de solliciter auprès de l'Europe une enveloppe ou un cofinancement en ce qui concerne l'indemnisation des agriculteurs, et de déterminer, dans chaque entité, dans le cadre de leurs compétences respectives, les mesures complémentaires qui pourraient être mises en place. Ce groupe de travail a-t-il déjà débuté ses travaux ?

    Outre la possibilité de postposer d'un an le remboursement des emprunts contractés au Fonds d'investissement agricole et de mettre en place des crédits de soudure, quelles pistes sont actuellement envisagées afin de venir en aide aux agriculteurs touchés par la fièvre catarrhale ?
  • Réponse du 11/04/2008
    • de LUTGEN Benoît

    Retenue comme seule alternative possible dans la lutte contre la maladie de la langue bleue, la vaccination des bovins et des moutons sera effective dès le début de cet été. Cette campagne de vaccination doit permettre la levée des restrictions à l’exportation dès lors que des garanties comme la vaccination seront apportées. Outre la protection des animaux sains, la symptomatologie des animaux affectés sera aussi allégée.

    Un appel d’offre pour 6.000.000 de doses a été lancé par l’Agence fédérale de la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) à plusieurs firmes pharmaceutiques produisant le vaccin. Les offres ont récemment été examinées. La fourniture du vaccin a été attribuée ce 17 mars à deux firmes. La première livraison, comportant plus de 2 millions de doses, est attendue en mai. Les livraisons suivantes sont prévues en juin et juillet. La campagne de vaccination 2008 pourra donc bien commencer dès le mois de mai prochain.

    J’ai décidé de lancer un appel à projet thématique en fin de l’année dernière, ayant pour objet « l’étude quantitative sur les pertes économiques directes et indirectes subies par les éleveurs dans le cadre de la fièvre catarrhale ovine en Région Wallonne et étude coût-bénéfice d’une stratégie de vaccination ».

    Après analyse des différents projets, l’étude a été attribuée au Professeur C. Saegerman de l’Université de Liège (et aux partenaires associés). Ce dernier a lancé un appel à candidats : les entretiens ont eu lieu le 4 avril dernier et les candidats retenus devraient être prochainement engagés pour travailler sur ce projet.

    A la suite d’une première enquête exploratoire, un second questionnaire devrait être envoyé aux exploitants ovins et bovins afin de recueillir un maximum d’information sur les pertes engendrées par la maladie lors du début de la période de naissance 2008. La durée de ce projet étant d’un an, des résultats devraient donc nous parvenir pour fin de l’année 2008.

    Entre-temps, plusieurs mesures importantes ont été prises au niveau de la Région wallonne. C’est ainsi qu’une avance de 80% de la prime vache allaitante a été versée aux agriculteurs au début du mois de décembre 2007, au lieu des 60% autorisés en temps normal par les autorités européennes. Les dispositions ont été prises pour que les exploitants qui n’ont pu respecter certains seuils en matière de quota laitier ou de vaches allaitantes perçoivent quand même les primes, sans être pénalisés.

    Des reports de crédit peuvent être sollicités par les agriculteurs qui, éprouvant des difficultés financières à la suite de la fièvre catarrhale, pourront obtenir un différé d’amortissement des crédits en cours bénéficiant d’une intervention du F.I.A.

    Les exploitants touchés par la maladie pourront aussi avoir accès à des crédits de soudure dont le montant maximal sera calculé sur base des pertes réellement encourues. Ces crédits permettront de soulager la trésorerie des agriculteurs qui doivent faire face au remboursement de leurs différents engagements auprès des organismes bancaires.

    Pour ces deux dernières mesures, les producteurs intéressés peuvent s’adresser à leurs organismes de crédit.

    Enfin, le groupe de travail « langue bleue » réunissant le Fédéral et les Régions s’est réuni le 12 février dernier. Cette réunion a porté sur une demande d’intervention financière de l’Union Européenne ainsi que sur les mesures supplémentaires à prendre au niveau fédéral et régional.

    Le Fédéral a maintenu sa position exprimée antérieurement concernant l’activation du fonds des calamités agricoles. Il n’est pas disposé à faire intervenir ce fonds, invoquant la récurrence de la maladie malgré un avis juridique non contesté qui précise que le caractère exceptionnel de la maladie n’est pas vérifié à l’aune de sa fréquence, mais bien des dommages qu’elle entraîne. Même si ce fonds était régionalisé en 2009, il me semble important que le fédéral prenne ses responsabilités et que, sans délai, reconnaisse cette maladie comme étant une calamité agricole. De plus, j’ai proposé que la Région wallonne soutienne le Gouvernement fédéral, s’il activait le Fonds de calamité, par le préfinancement de ces indemnisations. Ce serait une réponse concrète supplémentaire de la Région à l’appel urgent des éleveurs de bovins et d’ovins.

    Vu l’ampleur des dommages que provoque cette maladie, il est important d’envisager toutes les possibilités, à tous les niveaux de pouvoir, pour venir en aide au secteur. De plus, il me semble important de promouvoir la recherche (pour endiguer le développement de cette maladie, favoriser la fertilité de nos troupeaux) et la surveillance épidémiologique des maladies émergentes (prévention).