Avenir de la carrière de Gore, dernière exploitation publique wallonne de la pierre calcaire.

• Session : 2007-2008
• Année : 2008
• N° : 229 (2007-2008) 1

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• Question écrite du 21/03/2008

  • de TILLIEUX Eliane
  • à DAERDEN Michel, Ministre du Budget, des Finances et de l'Equipement
  
  Ces dernières semaines, la presse a abondamment fait écho du combat opposant la SA Mâle Plume, derrière laquelle se trouvent les groupes Solvay et Van Nieuwpoort, aux riverains du site du Bois du même nom, à cheval sur le territoire des communes de Andenne et de Gesves, où il est projeté de créer une carrière.
  
  Ce projet prévoit de creuser un tunnel de plus de 1,5 km sous le village de Thon-Samson, destiné au transport de la pierre extraite sur le site, sur les hauteurs de la Meuse, vers le fleuve. Le tunnel serait prolongé au-dessus de la R.N. 90 par une structure débouchant sur un hangar de stockage.
  
  Les plans de ce tunnel et des installations, réalisés par les ingénieurs du groupe, ont longtemps laissé perplexes les pouvoirs locaux et les riverains. Le terrain initialement pressenti pour accueillir les bâtiments de stockage et l’aire de chargement des péniches était une propriété de Carmeuse, en bordure du quai de halage, pour lequel les mesures présentées donnaient lieu à de lourdes incohérences.
  
  Aujourd’hui, on apprend que le terrain visé par la SA Mâle Plume serait celui de la carrière de Gore à Sclayn.
  
  Située le long de la Meuse, la carrière de Gore est un site d’extraction, de débitage et de taille de pierre calcaire. Le MET y exploite l’unique et dernière carrière appartenant aux Pouvoirs publics. Cette carrière, qui est la seule propriété de la Région wallonne à caractère productif, fournit une production de grande qualité à haute valeur ajoutée. On fait appel aux 18 employés du site pour des travaux de restauration d’ouvrages d’art, de bâtiments classés, pour des fabrications de prestige,… Les bancs, jardinières et les pavés, ainsi que les pierres destinées à la restauration et des bornes en tous genres qui y sont produits sont donc des ouvrages à grande valeur ajoutée. Elle offre à la Région wallonne un matériau qui serait trop cher si elle devait se le procurer ailleurs.
  
  L'honorable Membre connaît la qualité du travail effectué par cette institution gérée par la Direction des voies hydrauliques de Liège pour l’admirer au quotidien. On doit en effet à cette carrière publique divers ouvrages présents aux abords du bâtiment du Gouvernement (socle de statue, bancs,…).
  
  Ce site de production, est aujourd’hui plongé dans l’inquiétude. Les projets de la SA Mâle Plume jette en effet un doute sur la pérennité des activités d’extraction, qui pourraient pourtant être maintenues pendant encore une vingtaine d’année au vu des quantités de roche exploitables.
  
  Dès lors, j’aurais voulu savoir si des contacts ont eu lieu entre la Région wallonne et les promoteurs à ce sujet ? Un accord existe-t-il déjà sur le projet d’installation d’une aire de stockage en faveur de la SA Carrière Mâle-Plume à l’endroit de la carrière de Gore, propriété de la Région wallonne ? Qu’en est-il ?
  
  Quoiqu’il en soit, dans l’état actuel de notre connaissance du dossier, comment Monsieur le Ministre compte-il se positionner face au risque de voir disparaître la dernière exploitation publique wallonne de la pierre calcaire ? Peut-il rassurer les employés de la carrière de Gore quant à l’avenir de leur service ?

• Réponse du 08/05/2008

  • de DAERDEN Michel
  
  En réponse à sa question, je peux tout d’abord confirmer à l’Honorable Membre qu’il y a déjà eu des contacts entre le Port autonome de Namur et les partenaires Solvay – Van Nieuwport au sujet d’un projet d’exploitation d’un gisement de ressources calcaires sur le site de Mâle Plume. Récemment, les grandes lignes de ce projet ont également été présentées au sein de mon cabinet.
  
  Dans le projet qui a été présenté sur le site de la carrière de Mâle Plume, le volet relatif au transport des pierres à extraire porte effectivement sur le percement d’une galerie souterraine reliant directement le site de Mâle Plume au bord du fleuve et ce, dans l’optique de ne générer aucun charroi routier.
  
  Plus précisément, il est question d’équiper cette galerie d’une bande transporteuse qui déboucherait d’abord dans l’ancienne carrière de Gore inexploitée depuis un certain temps (propriété privée) et non dans la carrière portant le même nom, gérée par la Direction des Voies hydrauliques et toujours en activité. Il importe donc de bien distinguer ces deux sites.
  
  Ensuite, à la sortie du tunnel, la bande transporteuse acheminerait les pierres sur un quai de déchargement, juste après avoir surplombé la nationale 90. Les schémas de principes présentés montrent qu’il est prévu d’y construire un bâtiment contenant des silos destinés à accueillir le flux de pierres amené par cette bande transporteuse, le système permettant aussi un chargement direct des barges.
  
  Sur base de ces éléments, et qui sont les seuls qui m’ont été présentés, on peut établir le constat suivant :
  
  1° a priori, le concept global de ce projet ne remet nullement en cause l’exploitation de la carrière de Gore par la Région wallonne ;
  
  2° quant aux installations à mettre en place sur les quais, nous ne disposons pas, à l’heure actuelle, de plans suffisamment précis que pour pouvoir émettre un avis quelconque sur cet aspect du problème.
  
  De manière générale, il est sans doute également prématuré de vouloir tirer des conclusions à ce stade de la démarche, alors qu’aucune demande officielle n’a encore été introduite, l’étude d’incidence n’ayant même pas encore été lancée. Je me prononcerai définitivement dès que je connaîtrai précisément la nature du projet proposé.