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La Fête de l'Internet.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 29 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 01/04/2008
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à SIMONET Marie-Dominique, Ministre de la Recherche, des Technologies nouvelles et des Relations extérieures

    La huitième Fête de l’Internet en Wallonie s’est déroulée du 17 au 21 mars. Répartis dans quatre-vingts lieux, une centaine d’opérateurs locaux publics et non-marchands ont proposé près de trois cents activités aux utilisateurs d’Internet, néophytes ou initiés.

    Quel bilan Madame la Ministre tire de cette huitième édition ? Combien de visiteurs ont été enregistrés ? Quelles sont les activités qui ont rencontré le plus de succès ?

    L’objectif de cette Fête de l’Internet était de réduire la fracture numérique. Comment atteindre cet objectif au-delà de l’organisation même de la manifestation ?

    Quel est le pourcentage de Wallons qui n’ont pas encore accès à l’Internet ?

    Quelles sont les conclusions des spécialistes de l’Internet présents en matière de finalités, d'usages et de risques de l’Internet ?
  • Réponse du 22/04/2008
    • de SIMONET Marie-Dominique

    Imaginée en France il y a 11 ans sur le principe de la Fête de la Musique, la Fête de l'Internet entend susciter et promouvoir - une fois par an - des initiatives locales non marchandes de sensibilisation à Internet et de lutte contre la Fracture numérique.

    Cette semaine est également l’occasion, sur cette période, de focaliser l’attention des médias et des décideurs sur les enjeux de la Fracture numérique, dont les causes demeurent principalement socio-économiques.

    Instaurée en Belgique en 2001, la Fête de l’Internet fut coordonnée successivement par l’ASBL bruxelloise Esnet, puis par l’entreprise d’économie sociale Ages.

    En décembre 2007, l’ASBL Technofutur TIC - Centre de compétences - a été invitée à en reprendre la coordination, du fait de ses relations étroites avec le secteur de la Formation professionnelle, le réseau les espaces publics numériques de Wallonie, mais aussi les organismes d’insertion socioprofessionnelle actifs en matière de TIC.

    Ont également été associés à la coordination 2008 : l’Agence wallonne des télécommunications, le Commissariat Easi-Wal, le Forem, ainsi que des associations d’éducation permanente.

    En dépit du statut des structures sus-évoquées, la Fête de l’Internet demeure une initiative privée, à finalité non-marchande. Les moyens engagés par les acteurs de la coordination le sont dans le cadre de leurs missions ordinaires. Aucun subside spécifique de la Région wallonne ne leur a été ni promis ni garanti en 2008.

    Il en va de même pour les opérateurs de terrain qui sont les réels porteurs de la Fête de l’Internet.

    Il s’agit, dans leur très grande majorité, des structures locales, actives en matière sociale (CPAS), de formation, de sensibilisation aux TIC (PMTIC, Espaces publics de Wallonie,…), d’orientation professionnelle, d’accès à la culture (bibliothèques), d’alphabétisation ou encore d’intégration.

    Certaines communes ont aussi décidé de coordonner les initiatives de terrain (cfr Waterloo). Un important réseau de seniors (mouvement social des aînés) s‘y est aussi fortement impliqué.

    Les participants de l’édition 2008 sont représentatifs du maillage du territoire de la Wallonie en opérateurs oeuvrant en matière de sensibilisation et de formation TIC.

    Il importe de souligner que la lutte contre la fracture numérique ne peut réussir au seul départ de structures régionales ou centralisées. Ce projet - pour ambitieux et impérieux qu’il soit - exige qu’il soit porté sur le terrain par des acteurs de proximité, au contact des publics exclus de la Société de l’Information. L’accès à la technologie implique la plupart du temps une médiation humaine d’accompagnement et de formation.

    Telle est notamment la mission de la cinquantaine d’Espaces publics des pouvoirs locaux de Wallonie, initiés par le Gouvernement wallon et associés à la Fête de l’Internet.

    En ce qui concerne le bilan de la Fête de l’Internet 2008, les données collationnées au départ des opérateurs locaux indiquent les volumes suivants : 249 activités organisées par 84 acteurs dans 70 communes wallonnes sur 95 implantations

    L’évaluation a posteriori est en cours de réalisation par les acteurs de la Coordination.

    Une première estimation, minimale et non définitive, laisse entrevoir :

    - 2200 participants aux activités de sensibilisation au sens strict;
    - 1300 participants aux conférences, colloques, activités scientifiques et autres forums associés à la Fête;
    - les participations aux inaugurations et autres activités protocolaires ou de rencontre ne sont pas comptabilisées.

    Ces données ne constituent cependant pas une fin en soi. La Fête de l’Internet, fondée sur des bases participatives, se veut d’abord une occasion pour les opérateurs de terrain de s’ouvrir sur leur environnement, d’organiser des activités extraordinaires, d’accueillir de nouveaux publics, de sensibiliser les mandataires locaux.

    De même - et la présente question parlementaire en est le reflet - elle entend rappeler aux décideurs, prescripteurs, médias et autres relais d’opinion que la lutte contre la Facture numérique demeure un enjeu d’actualité.

    S’agissant précisément de la lutte contre la fracture numérique, l’AWT réalise annuellement une enquête sur l’utilisation des TIC par la population wallonne. Voici quelques commentaires sur les résultats 2006 publiés en 2007. Les chiffres de 2007 seront disponibles en juin de cette année.

    Malgré des effets de paliers observés tous les deux ans pour la plupart des technologies étudiées par l'AWT, la diffusion des équipements au sein des ménages wallons et l'intensification des usages observée chez les individus wallons se poursuivent depuis une dizaine d'années. Néanmoins, les équipements se répandent de manière inégale en Wallonie et les usages se développent selon certaines spécificités, au regard des caractéristiques socio-économiques et personnelles des Wallons et de leur ménage.

    En réalité, le taux de non usagers des technologies diminue d'année en année, mais leur distance par rapport aux usagers est de plus en plus difficile à rattraper avec l'arrivée permanente de nouveaux produits et la complexité grandissante des nouvelles technologies.

    Caractéristiques de la fracture numérique

    En 2006, l'équipement en téléphonie mobile échappe toujours à un sixième de la population et, de manière plus marquée, on observe également une disparité par rapport à l'équipement du domicile en technologies comme l'ordinateur qui est absent dans 37% des ménages et Internet dont l'accès est limité à la moitié des ménages wallons.


    L'absence des TIC au sein des ménages est fortement influencée par:

    - l'âge du chef de ménage: plus l'âge du chef de ménage est élevé, moins l'ordinateur et Internet sont disponibles au domicile;
    - le niveau d'éducation du chef de ménage: la pénétration des TIC est moins importante dans les ménages où le chef de ménage est peu instruit;
    - le genre du chef de ménage: les ménages dont la femme est le chef sont moins équipés que lorsqu'un homme est à la tête du ménage,
    - la catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage: l'absence d'activités professionnelles chez le chef de ménage, surtout après 60 ans, constitue un obstacle à l'adoption des TIC;
    - le niveau de vie des ménages: un faible niveau de vie par rapport aux revenus du ménage empêche ou ralentit l'arrivée des technologies au sein du ménage;
    - la taille et le type de ménage: la présence d'enfants et de deux adultes (couple) au minimum sont des éléments incitant à l'appropriation des TIC. A contrario, le fait d'être une personne seule ou sans enfant est un facteur défavorisant par rapport à l'accès aux technologies.

    Quant à l'usage des technologies, le taux de non usagers diminue quelque peu ou bien stagne par rapport à 2005, avec 33% des Wallons qui n'utilisent jamais d'ordinateur et 35% des Wallons qui n'utilisent jamais Internet.

    Le profil du non utilisateur est assez proche de celui du chef de ménage pour lequel la technologie n'est pas disponible au domicile. Ainsi, on constate que l'usage des technologies est plus problématique dans les catégories de population suivantes:

    - chez les femmes (même si le fossé entre femmes et hommes tend à se réduire considérablement depuis 2003);
    - chez les personnes de plus de 50 ans;
    - chez les personnes sans diplôme ou ayant un certificat d'études primaires;
    - chez les inactifs de plus de 60 ans;
    - chez les personnes estimant la vie difficile ou très difficile avec les revenus du ménage;
    - chez les personnes seules ou chez les couples sans enfant.

    Comme l'AWT l'avait déjà observé depuis 2004, un fossé subsiste entre les "ayant" et les "n'ayant pas" accès aux TIC. Il s'agit d'un fossé à deux niveaux:

    - une fracture numérique de premier niveau qui se constate au niveau de l'accès matériel aux technologies;
    - une fracture numérique de second niveau qui s'inscrit dans les difficultés d'usage des technologies.

    Au vu de ces éléments objectifs et au-delà des considérations d'accès ou de scepticisme quant à l'usage, il est évident que la fracture numérique est à la fois générationnelle, éducationnelle, culturelle, sociale et économique.

    Précisément, en collaboration avec l'Université des aînés et la Région wallonne (DGTRE), l’AWT a édité un CD-Rom intitulé "Premiers pas dans les TIC" dont le but était notamment de favoriser l'appropriation des TIC par les aînés. En effet, les enquêtes sur les usages TIC de l'AWT montrent que parmi les catégories sociales ayant le moins accès aux TIC, on retrouvait essentiellement: les personnes âgées de 60 ans et plus, les personnes qui n'ont pas poursuivi d'études au delà du niveau primaire, et les non-actifs.

    Le succès de ce CD-Rom a largement dépassé la frontière des aînés pour toucher toutes les personnes désireuses de ne pas rester du mauvais côté de la fracture numérique.

    A ce jour, plus de 60.000 exemplaires du CD-Rom « Premiers pas dans les TIC » ont été distribués.

    La campagne d’information télévisée « Juliette Reine du Net » qui faisait notamment la publicité du CD-Rom a touché 2 millions de téléspectateurs en avril, mai, septembre et octobre 2006. Elle décrivait l’utilisation des TIC à l’aide de situations de la vie quotidienne.

    Une nouvelle version de ce CD-Rom est réalisée en 2008, en collaboration avec le commissariat EASI-WAL. Il s’agit d’un DVD hybride dont l’édition est prévue en juin cette année.