Et si nous demandions gentiment à la vache !

• Session : 2007-2008
• Année : 2008
• N° : 380 (2007-2008) 1

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• Question écrite du 09/04/2008

  • de STOFFELS Edmund
  • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial
  
  La vache nous réserve des surprises : elle nous donne du lait depuis des siècles mais elle est aussi capable de nous donner de l’énergie moins polluante. La démonstration vient d’être faite aux Pays Bas, ou plutôt dans une ferme pilote de l’Université agronomique de Wageningen.
  
  Apparemment, la bouse d’une vache peut alimenter sept ménages en électricité et en chaleur. En effet, la bouse produite pour une centaine de vaches est récupérée et acheminée vers des silos de 1.100 m³ pour y être chauffée à 37 degrés. Ce procédé permet le développement de bactéries produisant du méthane qui alimente une dynamo. Ainsi, entre 6.000 et 8.000 kWh seraient produits par jour – ce qui suffit pour chauffer un lotissement de 800 logements.
  
  Handicap : le KWh coûte entre 15.5 et 18 centimes d’euros.
  
  N’empêche qu’il faut aussi suivre des pistes un peu originales et ... demander gentiment à la vache de nous aider à résoudre le problème du réchauffement climatique.
  
  Poursuit-on des expériences comparables dans le centre de Gembloux ? Dans la négative, que doit-on faire pour l’encourager ?

• Réponse du 21/05/2008

  • de ANTOINE André
  
  Je remercie l'honorable Membre pour cette question qui me permet de faire le point sur une filière encore injustement méconnue et qui a pourtant une place réelle dans notre Région.
  
  En effet, le Gouvernement wallon et spécialement le Ministre ayant l'énergie dans ses compétences sont bien conscients de ce potentiel et ont, depuis maintenant 5 ans, mis en oeuvre plusieurs outils afin de définir et d'assurer des conditions de développement économique, technique et administratif de cette filière.
  
  Tout d'abord, un facilitateur en biométhanisation pour la Région wallonne a été mis en place il y a déjà cinq ans avec pour objectif d'aider les porteurs de projet en biométhanisation dans leurs démarches et la réalisation des études de pertinence afin d'évaluer le bien-fondé des différents projets. Son rôle est également de mettre en oeuvre les conditions de développement durable de cette filière.
  
  Plusieurs mesures ont été prises afin de favoriser ce développement telles que :
  
  - l'application de la notion d'utilité publique pour les porteurs de projets privés ou publics avec pour conséquence la mise en place d'unités de biométhanisation en zone agricole via des dispositions dérogatoires;
  - la durée d'octroi des certificats verts est passée de 10 à 15 ans spécialement à la demande de cette filière;
  - un financement supplémentaire de 84,40 euros/Mwél pourrait être octroyé à titre exceptionnel pour les digesteurs purement agricoles;
  - l'éligibilité du séchage du digestat et des plaquettes de bois aux certificats verts permet de valoriser la chaleur excédentaire;
  - les nouvelles aides expansion économique et spécifiques URE mises en place récemment favorisent également la filière;
  - une liste positive de matières pouvant être orientées vers la biométhanisation est en cours de réalisation.
  
  A ce jour, grâce à ces diverses mesures, la Région wallonne compte quatre unités en fonctionnement, totalisant quelque 2 MWél. Ces quatre unités sont celles de Surice, celle de M. Lenges à Recht, la Ferme du Faascht à Attert et celle de M. Heck à Nidrum.
  
  Sept projets de 150 kWél sont en phase de réalisation ou de procédure d'obtention des pennis et 18 projets sont en réflexion (études de pertinence réalisées).
  
  Toutefois, si le choix d'alimentation en chaleur et électricité de grands lotissements est excellent, il n'est pas suffisant. En effet, il est indispensable de valoriser le maximum de chaleur et pas seulement en hiver, et ce, tant dans le respect du principe de l'octroi des certificats verts qui vise à valoriser la totalité de la chaleur produite pour que l'unité de biométhanisation soit rentable que de l'objectif de lutte contre le réchauffement de la planète (production de la chaleur non utilisée dans l'atmosphère). Il y a donc lieu de rechercher des techniques ou des voies d'utilisation de la chaleur afin de valoriser l'ensemble de la chaleur produite et valorisable toute l'année, même en été.
  
  Quant au niveau des coûts avancés: 15,5 euros/kWth et 18 euros/kWél., ce sont des chiffres appliqués pour l'Allemagne ou le Grand-Duché de Luxembourg mais pas en Région wallonne. En Région wallonne, le prix d'achat et de remise sur le réseau est de 35 euros à 40 euros MWél. L'économie en électricité et en chaleur est celui du marché, à savoir +/- 150 euros MWél. et 70 euros MWth. Les rentrées pour l'exploitant sont à la fois la vente d'électricité (40 euros MWél.) ou l'autoconsommation d'électricité (non dépense de 150 euros MWél.), la consommation ou ta vente de chaleur (70 euros MWth et les certificats verts : +/-170 euros MWél.) produit en tenant compte de la valorisation de la chaleur.