Faut-il attendre que les sangliers envahissent le Parlement wallon ?
- Session : 2007-2008
- Année : 2008
- N° : 283 (2007-2008) 1
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Question écrite du 09/04/2008
- de STOFFELS Edmund
- à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme
La problématique du sanglier n’est pas nouvelle. Elle nous occupe déjà depuis des années. Je viens de lire le rapport que vous faites au Gouvernement wallon en la matière. Les statistiques démontrent que la pression cynégétique a donné moins de résultats en 2006-2007 que les années d’avant.
Que Monsieur le Ministre me permette de citer sa note en reproduisant le graphique ci-annexé.
Le taux de mortalité naturelle au sein des populations de sangliers étant stable depuis plusieurs années, on peut considérer que les variations annuelles de mortalité observées sont le résultat des prélèvements réalisés essentiellement dans le cadre de la chasse. « La population de sangliers estimée au printemps 2007 se maintient – à l’échelle de la Région wallonne – à un niveau équivalant à celui du printemps 2004 avec 23.300 unités. » (note au Gouvernement wallon).
« Les résultats de la saison cynégétique 2006-2007 laissent entrevoir une diminution sensible des tableaux de chasse. Le nombre de sangliers abattus ou retrouvés morts en Région wallonne durant cette saison cynégétique est évalué à 18.600 individus. Ce nombre équivaut au résultat obtenu lors de la saison cynégétique 2004-2005. » (note au Gouvernement wallon). La pression sur la population du sanglier a donc diminué largement par rapport à la saison cynégétique précédente.
L’administration n’est pas en mesure de vérifier si les nouvelles périodes d’ouverture de la chasse accordées depuis la saison cynégétique 2004-2005 ont été mises à profit par les chasseurs. Cela nécessiterait de sa part de connaître la date à laquelle chaque sanglier a été abattu. « Au vu des résultats de la saison cynégétique 2006-2007, il semble que les mesures d’allongement de la période de la chasse au sanglier adoptées depuis trois saisons cynégétiques maintenant, n’ont pas contribué à stopper la croissance des populations de sangliers. » (note au Gouvernement wallon). C’est un constat qui m’amène à analyser de façon nuancée les critiques de l’époque exprimées de façon parfois virulentes à l’égard de votre prédécesseur. A Monsieur le Ministre d’en tirer les bonnes conclusions, non seulement en termes de maintien des périodes actuelles de chasse et du régime d’autorisations (je plaide pour le maintien du régime actuel ainsi que pour la période actuelle) des destructions mais aussi en termes de responsabilité à l’égard de celui qui subi les dégâts provoqués par le sanglier.
La population de sangliers a-t-elle augmenté entre 2006 et 2007 ? A-t-elle augmenté de façon normale ou anormale ? Quels sont les pronostics pour l’année en cours ? Les hivers doux et l’abondance de nourriture jouant certainement un rôle. Citons à cet égard la note de Monsieur le Ministre : "Pour rappel, ces laies mettent au monde un plus grand nombre de marcassins viables que celles issues de catégories de poids inférieures (respectivement une moyenne de 4 à 6 marcassins contre 2 à 4). ».
Apparaît un phénomène nouveau : la régulation du gibier dans les zones périurbaines. Dans ces cas, il va falloir être précis quant au mode de chasse pratiqué. Il me semble que la chasse à l’approche ou à l’affût est plus indiquée que les autres modes de chasse. Les agents de la DNF épinglent une politique de nourrissage abusive dans certains territoires de chasse privés ainsi que l’abondance de nourriture dans les banlieues.
Pour augmenter la pression cynégétique sur le sanglier ne faut-il pas augmenter la pression sur les conseils cynégétiques ?
Réponse du 21/04/2008
- de LUTGEN Benoît
L’estimation du niveau de population des sangliers réalisée au printemps 2007 par mon administration suggère une légère diminution (- 1.100 unités) par rapport au printemps 2006 ; par contre, le prélèvement n’a été que de 18.599 sur la saison 2006-2007, contre 22.152 en 2005-2006.
Il apparaît donc qu’il n’y a pas lieu de mettre en cause les actuelles périodes de chasse du sanglier qui ont été élargies, à mon initiative, par le Gouvernement wallon dès le mois de septembre 2004.
Je n’envisage pas de proposer une prolongation de la chasse en battue du sanglier au bois durant le mois de janvier, celle-ci pouvant entrer directement en compétition avec les activités des autres utilisateurs de la forêt. De plus, il n’est pas démontré qu’un tel élargissement de période de chasse permettrait d’augmenter les prélèvements si des restrictions de tir contractuelles, que s’imposent volontairement certains chasseurs, persistent.
Le Gouvernement m’a chargé, en date du 10 avril 2008, de lui soumettre un avant-projet d’arrêté visant à interdire, dans le règlement d’ordre intérieur des Conseils cynégétiques, toute disposition restreignant les périodes d’ouverture de la chasse ou les possibilités de régulation des espèces gibiers provoquant des dégâts aux cultures et à la forêt.
En outre, afin de dégager au mieux les orientations réglementaires à concrétiser pour ramener le nombre de toutes les espèces de grands ongulés sauvages au niveau habituellement admis en fonction de la richesse du milieu pour ne pas compromettre l’avenir de la forêt et limiter au mieux les dégâts à l’agriculture, j’ai chargé le Président du Conseil supérieur wallon de la chasse d’organiser une table ronde sur cette problématique qui rassemblera :
1. une délégation du Conseil supérieur wallon de la chasse ;
2. des représentants de l’Union des villes et des communes ;
3. des représentants des propriétaires privés;
4. des représentants des agriculteurs ;
5. des représentants des pépiniéristes ;
6. des représentants de la Fédération des chasseurs au grand gibier.
Sur base des propositions qui me seront transmises à l’issue de cette table ronde, je proposerai au Gouvernement des avant-projets d’arrêtés visant à rencontrer les objectifs poursuivis.