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Présence de pesticides dans les aliments.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 293 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 21/04/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Depuis la seconde moitié du vingtième siècle, l’agriculture a utilisé de plus en plus de produits phyo-sanitaires. Ces produits chimiques n’ont pas toujours été utilisés de manière rationnelle et c’est ainsi qu’il y a eu un certain nombre de problèmes sanitaires et environnementaux. Heureusement les mentalités évoluent et une prise de conscience environnementale permet une nette réduction des pesticides.

    Néanmoins, ces produits sont toujours présents.

    C’est ainsi que, récemment, des fraises de Belgique, des raisins d’Italie, des oranges d’Espagne, des pommes de France… ont été analysés quant à la présence éventuelle de pesticides. Le résultat est interpellant : 28 pesticides furent détectés. Selon certaines sources, ces produits ne seraient pas neutres pour la santé : dix seraient cancérigènes, trois seraient neurotoxiques, trois seraient toxiques pour le développement et huit seraient perturbateurs endocriniens.

    Monsieur le Ministre peut-il nous dire s’il a eu connaissance de ces informations ?

    Dans la plupart des cas, les normes auraient été dépassées. Malgré cela, les fruits arrivent sur le marché belge alors qu’ils devraient être classés comme impropres à la consommation. Le bonheur des uns est le malheur des autres !

    En Région wallonne, l’agriculture et l’horticulture (chez les professionnels et chez les privés) consommeraient quelque 3.000 tonnes de pesticides par an: 51 % dans l’agriculture et l’horticulture et 33 % dans les jardins des particuliers. Notons que l’usage des pesticides en agriculture est en recul grâce aux aides accordées pour passer au bio. Par contre, l’utilisation dans le non agricole est en progression (herbicides utilisés par les particuliers).

    Nous ne sommes pas sans savoir que Monsieur le Ministre est actif dans la lutte pour la réduction de l’utilisation des pesticides. Et je ne peux que l'encourager à aller de l’avant, notamment en sensibilisant les particuliers et en augmentant les efforts en faveur du produit de qualité de préférence sans résidu de pesticide.

    Dans cet objectif, je souhaite interroger Monsieur le Ministre pour connaître les mesures qu'il va adopter dans les prochains mois afin de réduire encore les quantités et afin de permettre au consommateur d’identifier plus facilement les produits de qualité ? Une coopération avec des organisations de protection du consommateur est-elle envisageable ?

    Par ailleurs, Monsieur le Ministre peut-il nous faire un bilan de « la semaine sans pesticide » qui a eu lieu il y a quelques jours ?
  • Réponse du 24/04/2008
    • de LUTGEN Benoît

    Je rappellerai une fois de plus à l'honorable Membre que les matières relatives à la sécurité de la chaîne alimentaire et à la santé publique sont restées explicitement des compétences fédérales lors de la dernière phase de régionalisation de l’agriculture en 2002.

    Tout comme lui, je ne peux que constater la présence de résidus de produits de traitement sur différents fruits proposés à la consommation. Parmi ces derniers, les fraises et les raisins sont régulièrement cités, si bien que la presse a fait également mention de la présence de résidus dans le vin.

    Il ne faut pas non plus généraliser. J'invite l'honorable Membre à lire le rapport d’activité 2006 de l’AFSCA qu'il peut trouver sur le site électronique de l’agence ( www.afsca.be ).

    En 2006, dans sa mission de contrôle, l’AFSCA a prélevé et analysé 1359 échantillons de fruits et légumes, dont 57 % d’origine belge. Cet échantillonnage est ciblé sur les produits considérés à risque, tels les fruits à noyaux, les baies de petits fruits comme la fraise, le raisin et certains légumes comme le céleri à branches. 40 % des échantillons ne comportaient aucune trace de résidus, 51 % présentaient des résidus à un niveau inférieur à la Limite Maximale de Résidus (LMR) et pour 9 %, le taux de résidus était faiblement supérieurs à la LMR. Un seul lot, en l’occurrence du raisin, a dû être retiré de la vente. A noter aussi que les techniques analytiques sont de plus en plus performantes et permettent de détecter des doses infimes de résidus (jusque 0,01 milligrammes/kilo).

    Les dispositions à prendre dans le cadre du plan fédéral de réduction des pesticides et des biocides permettront une meilleure utilisation des produits de lutte. Ce plan prévoit entre autres une scission des agréations entre les usages professionnels et amateurs et une licence de pulvérisation.

    Au niveau des initiatives prises en Région wallonne, il est utile de rappeler les investissements alloués à la recherche agronomique en vue de la création de variétés plus tolérantes aux maladies, d’une meilleure connaissance des parasites, la mise au point et la diffusion des avertissements agricoles, ainsi que les soutiens à la production intégrée et biologique, mais également au Comité régional phyto.

    Concernant les produits de qualité, la production biologique fait appel à des techniques qui interdisent les pesticides de synthèse. Ces produits bios sont identifiés par le label bio garantie. Les produits issus de l’agriculture intégrée sont identifiables également grâce à leur label (par ex. Fruinat, Terra Nostra). Introduire un nouveau label pour les autres filières de production ne me semble pas réaliste, et ce d’autant plus qu’une grande partie des produits à risque ne sont pas produits dans notre Région.

    Je compte également proposer très prochainement en première lecture au Gouvernement wallon le projet de décret relatif à l’interdiction de l’usage des pesticides par les gestionnnaires des espaces publics. La limitation de l’usage des pesticides dans les espaces verts sera aussi de nature à encourager les particuliers à un moindre recours aux pesticides.

    La semaine sans pesticides a connu un beau succès. Plus de 120 actions ont été développées par les associations environnementales, jardineries, bibliothèques, musées, communes et écoles. Les retours dans la presse ont été nombreux avec plus de 60 retours dans la presse écrite et des passages sur les différentes radios et à l’émission « Planète Nature » à la télévision.