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Dépérissement des abeilles.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 296 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 21/04/2008
    • de FOURNY Dimitri
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Au sortir de l’hiver, les apiculteurs belges observent des taux de mortalité anormalement élevés au sein de leurs colonies. Ce dépérissement des abeilles n’est pas neuf chez nous : il touche en effet la Belgique depuis 1999.

    Les spécialistes sont unanimes sur la gravité de ce phénomène, mettant en danger l’équilibre de notre milieu naturel.

    Pour expliquer cette surmortalité, les apiculteurs pointent les pesticides.

    Une étude de la Faculté agronomique de Gembloux datant de 2005 a révélé la présence effective de 56 pesticides différents dans la cire, le miel et les abeilles analysés.

    Une étude a-t-elle été menée sur les incidences de ces pesticides, tant sur les abeilles que sur la santé de l’Homme à travers sa consommation de miel?

    Le parasite Varroa destructor explique également la surmortalité des abeilles domestiques. Cependant, il reste non maîtrisé depuis son apparition en Belgique en 1986.

    La même étude de la Faculté agronomique de Gembloux que celle citée plus haut met en évidence, pour expliquer cette non maîtrise, le manque d’aide et d’encadrement des apiculteurs, mais également le nombre limité de matières actives autorisées dans le traitement contre l’acarien comme l’importance de la date de traitement.

    Monsieur le Ministre peut-il nous indiquer si un plan de lutte global contre le varroa est envisagé pour enfin éradiquer durablement le parasite ? Qu’en est-il de l’encadrement apporté aux apiculteurs dans ce combat et des substances de traitement autorisées ?

    Dans la réponse apportée à Anne-Marie Corbisier qui l'interrogeait sur cette problématique de mortalité, Monsieur le Ministre déclarait attendre le dépôt d’un projet du CARI visant à mieux encadrer les apiculteurs. Peut-il nous informer sur ce projet ?
  • Réponse du 24/04/2008
    • de LUTGEN Benoît

    Je ne sais quelle abeille butineuse a apporté à l'honorable Membre de tels résultats mais ce ne sont pas ceux de cette recherche, commandée en août 2004 – je le rappelle – par mes services à la suite d’une décision du Parlement wallon à la fin de la législature précédente.

    Lors des deux premières années, plus de 1.500 colonies ont été visitées et ce sont 595 analyses « multirésidus » qui ont été réalisées sur le miel, les abeilles et les cires :

    - cinq colonies présentaient des traces d’imidaclopride, un des deux insecticides communément incriminés ; elles étaient toujours vivantes;
    - dix-huit pesticides différents (herbicides, fongicides, insecticides, acaricides et mollucides) furent identifiés à l’état de traces, c’est-à-dire à la limite des seuils de détection dans le miel, les cires et les abeilles, dont des pesticides employés illégalement par des apiculteurs;
    - la varroase est présente dans les 1.500 colonies visitées.

    Cette recherche de résidus de pesticides dans les différents composants de la ruche, ainsi que l’identification des maladies et parasites qui affectent les colonies d’abeilles, sont toujours en cours à la Faculté des sciences agronomiques de Gembloux en collaboration avec le CART (Centre d’analyse des résidus en traces) de l’Université de Liège. Cette étude se terminera en juin prochain.

    Au début de ce printemps, le Centre apicole de recherche intégrée de Louvain-la-Neuve (CARI) estime la mortalité moyenne en Wallonie à environ 20 %, avec une très forte disparité entre provinces, le Hainaut et le Brabant wallon semblant relativement épargnés.

    Plusieurs éléments peuvent expliquer cette situation inquiétante. On peut citer :

    - le parasite Varroa destructor qui, suite aux conditions climatiques clémentes de cet hiver, a vu un développement de ses populations trois fois plus important que les années précédentes, ce qui a surpris de nombreux apiculteurs ;
    - une activité inhabituelle à l’intérieur des ruches, favorisée par un hiver doux, ce qui a entraîné une consommation hivernale deux fois supérieure à la normale, mais avec des réserves trop faibles à la suite de conditions climatiques estivales défavorables ;
    - des cas non expliqués qui continuent de retenir l’attention des scientifiques. Ces cas se multiplient à travers toute l’Europe, même dans les pays où un suivi vétérinaire méticuleux est assuré.

    Concernant la lutte organisée contre la varroase, un programme de lutte a été défini par l’AFSCA. Quatre matières actives ont été autorisées, sous certaines conditions, l’an dernier.

    Depuis la restructuration des services vétérinaires fédéraux qui cofinançaient l’achat de produits et qui proposaient un achat groupé, plus aucun financement fédéral n’est réalisé.

    C’est pourquoi, dans le cadre du programme européen de soutien de l’apiculture et avec le soutien de la Fédération apicole belge, le CARI a proposé aux apiculteurs un nouvel achat groupé de médicaments contre la varroase.

    Une fois de plus, l’attention des apiculteurs sera attirée sur l’importance des traitements curatifs correctement réalisés. Le coût de l’ensemble des traitements revient à la valeur de moins d’un kilo de miel par ruche. Pour les personnes qui craignent la présence de résidus toxiques dans les ruches, il faut préciser que tant le thymol (extrait d’essence du thym) que l’acide oxalique (extrait notamment de certaines légumineuses) sont des produits naturels utilisés dans le cadre de l’apiculture biologique.

    L’apiculture wallonne est composée principalement d’amateurs. Le nombre important de fédérations (qui se font trop souvent concurrence) réduit les possibilités d’un encadrement structuré et ne facilite pas toujours la transmission de l’information.

    Face à cette problématique du dépérissement, le CARI a rédigé un « Guide des bonnes pratiques apicoles », qui a été proposé à l’AFSCA pour validation.

    J’attends toujours le dépôt d’un projet du CARI qui devrait viser à mieux encadrer les apiculteurs. Je relève trois objectifs à ce projet :

    - permettre une adaptation rapide des apiculteurs aux évolutions de la situation par une meilleure circulation de l’information ;
    - favoriser les bonnes pratiques sanitaires apicoles par la diffusion de ce guide ;
    - développer une Indication Géographique Protégée (IGP) pour les miels wallons dont la demande sera introduite à la Région wallonne.

    Je reste particulièrement attentif aux problèmes vécus par nos apiculteurs. Outre le rôle pollinisateur des abeilles, elles sont de véritables sentinelles de l’état de notre environnement.