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Progression constante des exportations wallonnes.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 160 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 06/05/2008
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine

    Selon la Banque nationale de Belgique, la Wallonie a vu ses exportations (hors gaz naturel) augmenter de plus de 10 % sur les neufs premiers mois de l'année 2007. Il s'agit d'une progression supérieure à celle de la Flandre, qui atteint elle les 8,4%, et à celle de l'Union européenne des 15.

    L'AWEx précise que ces bonnes performances doivent une part de leur existence (estimée à 39 % des exportations wallonnes) aux pôles de compétitivité mis en oeuvre par le Plan Marshall.

    Il s'agit là d'une bonne nouvelle pour l'ensemble du pays et particulièrement pour la Wallonie. Cette bonne nouvelle est d'ailleurs renforcée par la hausse des investissements étrangers, qui progressent quant à eux de 13,7 % dans notre Région.

    Selon l'OCDE, les exportations européennes semblent bien résister à la hausse de l'euro, et l'Organisation pour la coopération et le développement maintient ses prévisions de croissance dans la zone euro pour les deux premiers trimestres de l'année. Peut-on espérer une confirmation de ces prévisions en Wallonie pour les mois à venir ?

    Différents indicateurs économiques peuvent influencer la capacité d'exportation d'une Région. Ainsi en est-il par exemple du taux de change effectif entre le dollar et l'euro, selon la monnaie de facturation. Certaines entreprises prestent des services ou fournissent des biens facturés en dollar, ce qui peut se révéler moins rentable actuellement, au vu de la prise de valeur de l'euro.

    Dispose-t-on de statistiques récentes sur la place de l'euro dans les transactions internationales? L'euro grignote-t-il des parts de marché sur le billet vert, qui reste majoritairement la monnaie de référence en matière d'échanges internationaux ?

    En ce qui concerne l'importance de la Wallonie au sein du total des exportations européennes, elle représente environ 1,1% des parts de marchés. La tendance est apparemment à la hausse depuis plusieurs années, environ 15% en 10 ans, pouvez-vous nous le confirmer ?

    Loin derrière la France et l'Allemagne qui sont nos marchés de tête, les Etats-Unis (6ème marché) et la Chine (11ème marché) connaissent des évolutions économiques internes différentes, voire carrément opposées. Les courbes de nos exportations vers ces deux pays suivent d'ailleurs des tendances clairement inverses. Ce mouvement est-il amené à se confirmer ? Selon quelle ampleur et avec quelles conséquences?

    Les matières premières, et le secteur de l'alimentaire et de l'agro-alimentaire, sont actuellement secoués par une crise internationale. Cinquième secteur des exportations wallonnes, les produits alimentaires et boissons représentent 5,6 % des exportations, et 9,1% si on y ajoute les animaux vivants et les produits du règne animal. Au vu de la crise alimentaire qui se développe, quelles répercussions peuvent être attendues sur ces segments?

    Enfin, en ce qui concerne les actions communes entre les Régions et l'Etat fédéral, une collaboration accrue entre l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (l'AFSCA) et l'AWEx a récemment été décidée (en accord avec les organismes de promotion des autres Régions). Un protocole a été signé pour améliorer la coopération entre les services pour la promotion des produits relevant de la compétence de l'AFSCA.

    Monsieur le Ministre peut-il nous donner des détails de ce protocole?

    Il convient de souligner les effets bénéfiques des mesures du Plan Marshall sur la croissance de nos exportations et donc sur l'emploi qui y est lié. Nous encourageons dès lors Monsieur le Ministre à continuer à oeuvrer dans cette voie afin que, malgré la crise économique internationale qui prédomine, l'économie wallonne continue à se hisser vers des résultats en progrès.
  • Réponse du 18/06/2008
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Comme l'honorable Membre le signale fort justement, les exportations wallonnes ont à nouveau connu de très bons résultats au cours des neuf premiers mois de l'année 2007. Selon les dernières statistiques de la Banque nationale de Belgique, le montant des exportations wallonnes s'élève en effet à 28,3 milliards d'euros durant cette période.

    Si cela représente une augmentation sensible de 10,1 % par rapport à la période correspondante de 2006, il importe toutefois de mentionner que ces chiffres sont ceux hors gaz naturel. Gaz naturel compris, l'augmentation n'est que de 1,7 %, les exportations wallonnes de gaz naturel (- 56,9 %), ayant en effet été pénalisées par la forte diminution de la consommation énergétique en Europe due aux températures anormalement douces de l'hiver 2007.

    Si on examine les chiffres sur une plus longue période de temps, soit de 1996 à 2007, ce qui permet de dégager des tendances fondamentales quant à la compétitivité des produits wallons sur les marchés étrangers, la progression moyenne des ventes extérieures wallonnes est de 8,5%, ce qui devance les résultats à l'exportation de la Flandre (+ 7,7 %), des Pays-Bas (+ 7,9 %), de l'UE des 15 (+ 7,0 %) et de la France (+ 5,6 %).

    Il faut donc en conclure que, malgré l'impact de plusieurs éléments négatifs sur le commerce extérieur wallon, le benchmarking avec nos principaux référents indique une évolution plus que satisfaisante des exportations wallonnes depuis dix ans.

    Ainsi, le poids de la Wallonie dans le total des exportations européennes est passé de 0,95 % en 1996 à 1,10 % en 2007, ce qui constitue une augmentation de 15% de part de marché durant cette période.

    Hors zone européenne, le handicap de l'appréciation de l'euro sur la compétitivité-prix des produits wallons semble malheureusement se confirmer surtout par le coup d'arrêt de nos exportations aux Etats-Unis (- 12,2 %). Toutefois, outre ce mauvais résultat sur le marché américain, les exportations wallonnes croissent de 8,0 % en 2007 sur l'ensemble des régions extérieures à la zone euro, ce qui démontre quand même une bonne résistance à la hausse de la monnaie européenne l'année dernière. Les exportations wallonnes dans l'ensemble des quatre pays BRIC augmentent d'ailleurs de façon significative (Inde: + 53,8 %, Chine: 34,2 %, Brésil: + 23,8 % et Russie (+ 11,2 %), ce qui témoigne d'un renforcement de la présence de nos exportateurs dans ces marchés locomotives de l'économie mondiale.

    Si les exportateurs wallons ont donc subi, comme leurs concurrents européens, l'impact négatif de la vigueur de l'euro, ces bons résultats à la grande exportation démontrent qu'ils ont su préserver leur positionnement concurrentiel à l'étranger. Trois facteurs agissent en faveur de la limitation de l'impact de la hausse de l'euro sur les exportations wallonnes:

    1° 70 % des exportations wallonnes sont destinés aux pays de la zone euro, et 4 % - 5 % seulement vers les Etats-Unis. En comparaison, la part des exportations françaises et allemandes représentée par les marchés situés dans la zone euro est plus faible: elle est respectivement de 50 % pour la France et de 40 % pour l'Allemagne. Par conséquent, la structure du commerce extérieur de la France et de l'Allemagne rend leur économie beaucoup plus sensible à l'appréciation de l'euro;

    2° une part importante des exportateurs wallons est constituée par des PME qui exportent en général des produits de niche plus sensibles aux facteurs liés à la qualité et aux propriétés technologiques du produit qu'à son prix. Ce sont surtout les critères de qualité et de technicité des produits (stratégie de niche) qui déterminent le succès des entreprises wallonnes sur les marchés hors zone euro ;

    3° L'euro est de plus en plus utilisé dans les échanges commerciaux mondiaux comme devise de facturation.

    Quant au défi de la hausse des prix matières premières agricoles, il impose à nos entreprises du secteur agro-alimentaire plus d'efforts d'innovation et de développement de nouveaux produits, afin de pouvoir profiter de la demande agro-alimentaire colossale des marchés émergents à fort potentiel de croissance tels que la Chine, l'Inde, la Russie et le Brésil.

    Enfin, le 31 mars 2008, un protocole a en effet été signé entre, d'une part, l'Agence fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire (AFSCA) et, d'autre part, les services régionaux qui sont entre autres compétents pour l'exportation, à savoir l'AWEx, la FIT, le VLAM et Bruxelles Export. Ce protocole tend à améliorer la coopération entre les services afin de promouvoir les possibilités d'exportation des produits qui relèvent de la compétence de l'AFSCA.

    Il permet à l'AFSCA d'examiner les possibilités d'exportation pour les régions à un stade précoce et ce, par rapport aux exigences sanitaires et phytosanitaires des pays tiers. En outre, grâce à cette coopération, il est possible de réagir plus efficacement aux éventuels problèmes commerciaux ou à un embargo décrété. Les différents services s'engagent finalement à un échange permanent d'informations sur les modifications éventuelles des conditions sanitaires et phytosanitaires des pays tiers concernés.

    La concentration des forces favorise, dans une large mesure, les possibilités d'exportations de ces produits. On peut donc espérer que ce protocole, bel exemple de coopération entre les autorités régionales et fédérales, permettra également à nos entreprises de relever le défi de la hausse des produits alimentaires.