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Politique de lutte contre l'homophobie en Wallonie.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 126 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 06/05/2008
    • de SENESAEL Daniel
    • à DONFUT Didier, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    L’hostilité envers les homosexuels, hommes et femmes, a malheureusement toujours existé. Ce qui est nouveau, et l’on ne peut que s’en réjouir, c’est la prise de conscience et la dénonciation de l’homophobie.

    L’homophobie repose sur des préjugés individuels mais aussi sur des préjugés sociétaux ou systémiques. L’homophobie est une attitude réelle d’hostilité ou d’exclusion envers les personnes homosexuelles, hommes et femmes, et se répercute bien souvent à de nombreux niveaux.

    Comme pour toutes les attitudes fondées sur les préjugés ou sur la haine, comme le sexisme ou la misogynie, le racisme ou l’antisémitisme, l’homophobie ne repose sur aucun fondement sérieux et provient de l’impossibilité à se représenter la différence. Celle-ci étant perçue comme une menace pour des individus et pour la société en général.

    Les arguments homophobes ont des origines très diverses : religieuses, pseudo-scientifiques ou issues de l’éducation de l'individu. Aucun de ces arguments ne résiste à un examen sérieux.

    La Journée internationale contre l’homophobie célébrée chaque année le 17 mai entend combattre les préjugés envers les personnes homosexuelles et assurer à toutes et à tous une place pleine et entière au sein de la société. Le 1er juin 2005, notre assemblée adoptait la proposition de résolution relative à la participation de la Région wallonne à la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, le 17 mai.

    Dans ce texte, le Parlement wallon demandait au Gouvernement :

    - « de mettre en place une politique régionale transversale en matière de lutte contre toute les formes de discriminations sur base de l’orientation sexuelle … »
    - « d’œuvrer conjointement avec l’autorité fédérale auprès des instances internationales dont l’ONU, le Haut Commissariat aux Droits de l’homme et la Commission européenne, afin qu’elles inscrivent cette journée dans leur agenda officiel pour donner plus de visibilité aux initiatives futures et renforcer les expériences engagées en la matière ».

    Suite à l’adoption de cette résolution, Monsieur le Ministre peut-il nous faire le bilan des initiatives mises en œuvre par la Région wallonne depuis l'adoption de ce texte ? De nouvelles initiatives seront-elles expérimentées cette année ?

    Sur un plan plus pratique, plus proche de nous, Monsieur le Ministre a-t-il eu connaissance de répercussions positives de la part de victimes d’homophobie depuis la mise en place de cette journée ?

    Une ligne d’écoute, dont la création avait été évoquée il y a quelques temps, sera-t-elle effectivement mise à la disposition des victimes d’actes ou de paroles homophobes ?

    Monsieur le Ministre connaît mon engagement pour le droit à la différence. Le combat pour le respect des droits des homosexuels s'inscrit bien dans cette perspective.
  • Réponse du 16/06/2008
    • de DONFUT Didier

    En tant que Ministre wallon en charge de l'Egalité des chances, une de mes priorités est de contribuer au bien-être de toutes celles et de tous ceux qui vivent une sexualité différente.

    Depuis le début de la législature, mes prédécesseurs et moi-même avons progressé sur deux axes de travail: offrir des lieux d'accueil, de service et de convivialité aux homosexuels, et travailler avec les associations. Cette politique commence à porter ses fruits.

    Tout d'abord, à l'initiative de mon département, les associations gayes et lesbiennes ont été invitées à se regrouper au sein d'une fédération. Cette dernière a vu le jour en juin 2007. Elle s'intitule « Arc en Ciel Wallonie ». Actuellement son siège social se situe à Liège. Elle a à son actif la publication d'un guide des associations lesbiennes, gayes, bisexuelles et transgenres « lGBT ». Ce guide est à la disposition de l'honorable Membre auprès de mon Cabinet.

    Par ailleurs, suite aux nombreux contacts avec le secteur, il est apparu nécessaire de disposer dans les principaux centres urbains de Wallonie, de centres de services pour les lesbiennes et les gays. En Wallonie, il y a neuf villes de 50.000 habitants et plus, réparties sur sept centres urbains. Actuellement, grâce à des financements de la Région, de la Communauté, des provinces et des communes, il existe quatre centres semblables à Verviers, liège, Namur et Mons. Les initiatives de Verviers et de Mons sont portées par Tels Quels, le Centre gay et lesbien de Namur est une initiative, encouragée et soutenue par mon département, de quatre associations namuroises. A Liège, la Maison Arc en Ciel offre à l'initiative d'Alliàge, une infrastructure pour les activités « lGBT » de la Région liégeoise.

    Dans la mesure des moyens disponibles, je souhaite, avec le concours de la Fédération " Arc en Ciel Wallonie ", étendre le réseau des centres d'accueil, de service et de convivialité, pour les « lGBT » aux sept centres urbains que compte la Wallonie, sans pour autant oublier la province de Luxembourg ou le Brabant Wallon.

    Les homosexuels, hommes ou femmes, et leurs proches, savent combien l'adolescence est difficile pour tous ceux qui vivent une sexualité différente. La période durant laquelle se fait le " coming out " est aussi un moment particulièrement ardu. Et, malgré de notables progrès, les homosexuel(le)s restent encore et toujours en but aux moqueries et au mépris de certains de nos concitoyens.

    Pour ces différentes raisons, des permanences sociales s'avèrent nécessaires, pour écouter ceux qui souffrent de pratiquer une sexualité différente. C'est ce que « Tels Quels» a bien compris en ouvrant des permanences sociales à Tournai, Mons, Charleroi, Namur et Verviers, avec le soutien de mon département. Ces permanences n'ont leur sens que si les travailleurs sociaux qui y travaillent peuvent relayer les demandes reçues vers des services du réseau psychosocial.

    Enfin, je soutiens différentes associations du secteur pour des réalisations diverses. Je souhaite en citer deux :

    - Ex aequo: cette association mène depuis de nombreuses années un travail d'information de grande qualité. En 2008, outre le guide du « Safer sex », j'ai financé un outil et un réseau de soutien aux parents d'enfants homosexuels. L'association vient de publier une bande dessinée, avec un message de prévention, à l'attention des gays séropositifs;

    - Lalucarne.org: l'association liégeoise, avec Promotion et Culture, mène depuis plusieurs années des actions de lutte contre l'homophobie et le sexisme dans le monde du travail. En 2007, elle a publié, avec le soutien de mon département, une brochure: « Je suis homo, je vaux moins qu'un hétéro ?» sous-titrée: « Construire ensemble l'égalité ». Le 13 mai dernier, lalucame.org a mis en ligne un site Internet (http :www.homo-hetero.be). pour lequel j'ai aussi accordé une subvention.

    Il n'y a pas, à mon sens, lieu de créer une ligne téléphonique propre aux questions « lGBT » : « Télé accueil » peut assurer ce service pour autant que les centres gays et lesbiens, ainsi que les permanences sociales dont je viens de parler, puissent prendre le relais, en seconde ligne.

    L'honorable Membre me pose la question de la transversalité. Un décret anti-discrimination est en préparation au sein de mon administration pour toutes les matières, à l'exception de l'emploi et de la formation(1), pour lesquelles la Région wallonne est compétente. Ce décret transposera en droit wallon cinq directives européennes et il sera coordonné avec les lois Dupont de mai 2007 ainsi que le décret que sortira conjointement Rudy Demotte à la Communauté française.

    Le décret wallon prévoit d'inverser la charge de la preuve et permettra aux victimes de discriminations de porter plainte pour obtenir réparation. Des condamnations au pénal seront également possibles pour les auteurs d'actes de discrimination.

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    (1) Un récent décret sera proposé au vote du Parlement wallon pour l'emploi et la formation à l'initiative des Ministres Marcourt et Tarabella.