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Electricité verte qui ne peut être raccordée au réseau.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 433 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 19/05/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    En lisant les comptes rendus de la Chambre, je m’aperçois que le problème de ne pas pouvoir raccorder un site de production d’électricité verte au réseau existe de façon plus générale et moins ponctuelle que je ne pensais. Un exemple : il paraîtrait qu’à St-Vith, on ne saurait ériger des éoliennes parce que le réseau existant déjà fort chargé n’est pas capable d’accepter en plus le transport de l’énergie verte.

    En effet, et je cite Tinne Van der Straeten (Ecolo-Groen!) « l’actuel réseau de distribution est en voie de saturation et il ne reste plus guère d’espace pour l’électricité verte sur le réseau. Le ministre serait informé du problème et aurait désigné un groupe d’experts pour l’étudier. ».

    Willem-Frederik Schiltz (Open Vld) : « Je voudrais ajouter que les aménagements qui doivent être apportés au réseau de distribution pour y amener davantage d’électricité verte requerront beaucoup de temps et d’argent. Je crains dès lors que ces frais soient mis à charge du consommateur. Par quels moyens le ministre soutiendra-t-il ces aménagements ? Quand seront prises des mesures concrètes ? Le danger existe-t-il que le pourcentage d’électricité verte exigé par la Commission européenne ne puisse être amené sur le réseau ? »

    Voilà des questions pertinentes qui doivent aussi nous préoccuper.

    En effet, le Ministre Paul Magnette confirme qu’un groupe d’experts est constitué afin d’étudier les problèmes que pose le raccordement des unités décentralisées au réseau. Ils analysent actuellement un certain nombre de projets. Ils devront formuler des propositions concrètes à l’intention des instances et des pouvoirs de régulation, à la lumière de leur faisabilité technique et financière, de la durabilité et des conséquences tarifaires.

    Le Ministre précise dans sa réponse que les Régions sont compétentes pour les raccordements et l’aménagement des réseaux de distribution. Dès que je serai en possession des propositions du groupe d’experts, je verrai ce qu’il est possible de faire dans le cadre des compétences fédérales et en collaboration avec les Régions.

    Le problème existe donc bel et bien. Monsieur le Ministre en est-il informé ? Est-il consulté ? Participe-t-il au groupe d’experts ? Que faire pour remédier à ce problème ? Quelle est son ampleur ? Empêchera-t-il l’investissement dans la production d’électricité verte comme c’est le cas à St-Vith pour le moment ?
  • Réponse du 06/06/2008
    • de ANTOINE André

    Les réseaux de distribution en Région wallonne ont une structure radiale alimentée par des postes à haute tension d'Elia. Ils ont été conçus pour transmettre l'énergie de la haute/moyenne tension vers la basse tension.

    Le niveau d'électricité renouvelable aura une influence sur le fonctionnement des réseaux de distribution électrique wallons.

    La question de l'honorable Membre doit être décomposée en deux aspects : l'impact global sur le réseau wallon et les difficultés qui peuvent être rencontrées localement.

    Sur le plan global, à l'échelle de la Wallonie dans son entièreté, il n'y a pas de problème. Certains pays, de par leur potentiel et politique d'encouragement, ont actuellement une part importante de leur production d'électricité assurée par des productions décentralisées. Leur exemple est la meilleure référence disponible pour déterminer ce que peut accepter un réseau. Ils ont rencontré des problèmes quand le taux de pénétration de l'électricité décentralisée a dépassé 20 %.

    Un taux de pénétration de 20 % commencerait donc à poser des problèmes en Wallonie aussi. Globalement, la situation en Wallonie n'est donc a priori pas problématique. D'autant plus qu'il faut remarquer que ce taux serait atteint seulement avec un taux de pénétration des E-SER et de la cogénération bien supérieur à 20 % étant donné qu'une partie de cette production est soit centralisée, soit autoconsommée.

    En effet, certaines installations de production à partir de SER peuvent tout à fait être considérées comme des installations centralisées à partir du moment où elles sont d'une puissance telle qu'elles sont raccordées au réseau de transport. Ces centrales peuvent parfaitement être gérées de façon centralisée comme une centrale classique.

    Une ressource entièrement continue ne posera aucun problème pour le réseau étant donné qu'elle est parfaitement identifiée. Par contre une ressource intermittente nécessite une capacité de réserve additionnelle pour constituer une réserve permanente pour la capacité de pointe. En effet. une ressource intermittente ne peut être reprise dans le calcul de capacité du réseau car elle ne sera pas, par définition, toujours disponible pour couvrir les pointes. Il est évident que c'est le caractère intermittent qui peut poser des problèmes au réseau.

    Je m'étais inquiété de cette question dès 2005 et avait chargé un consultant Altran d'étudier la question: Une estimation du quota de certificats verts maximum donnait une valeur à ne pas dépasser de 34 % à l'époque.

    Localement, dès aujourd'hui, il peut y avoir des problèmes.

    Le réseau qui doit assurer le transit de la production décentralisée est soumis à plusieurs contraintes.
    Il doit pouvoir maintenir le plan de tension dans les limites d'exploitation avec et sans la présence de la production décentralisée.

    La puissance totale des productions décentralisées ne doit pas dépasser la puissance des transformateurs HT/MT en situation n-1 du réseau.

    De même dans un réseau BT la puissance totale des productions décentralisées ne doit pas dépasser la puissance du transformateur MT/BT.

    De plus le transit de la puissance doit se faire sans excéder la capacité des éléments du réseau. Enfin le supplément de puissance de court-circuit cumulé à la valeur de la puissance de court-circuit du réseau doit être compatible avec le niveau réel du matériel. En conséquence, localement, le raccordement peut nécessiter dès aujourd'hui des renforcements du réseau.