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Réintroduction du saumon en Région wallonne - Pisciculture d'Erezée.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 403 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 29/05/2008
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    En 1987, a été lancé officiellement le projet Meuse Saumon 2000, mené conjointement par la Région wallonne et les Universités de Liège et Namur. J'avais adressé à Monsieur le Ministre une question écrite sur le sujet mais celle-ci restant sans réponse de sa part, je me permets, en vertu de l’article 70.4 du règlement, de revenir vers lui pour obtenir davantage d’informations sur le sujet.

    Une des actions principales des chercheurs était d’inventorier les entraves à la remontée des poissons migrateurs.

    Le constat de ces entraves devait conduire à la construction de passes à poissons, parallèlement aux barrages, afin de permettre aux poissons migrateurs de réinvestir la Meuse, enjeu important pour l’écosystème.

    Quels sont les constats posés, par cette étude, sur l’ensemble du territoire wallon ? Quelles sont les mesures prises afin de permettre, dans nos eaux wallonnes, la réintroduction du saumon et la reproduction d’espèces menacées ?

    En marge de ces recherches, la création de la pisciculture d’Erezée, pisciculture pilote, a été justifiée par la nécessité pour la Région wallonne de disposer d’une pisciculture de référence, notamment dans le cadre de l’opération de réintroduction du saumon atlantique dans le bassin mosan. L’objectif de ce projet était de créer une pisciculture de très haut niveau technologique afin de servir d’exemple technique, aussi bien dans le milieu professionnel des pisciculteurs, que dans l’enseignement à orientation piscicole.

    Dans un article de presse daté du 28 mars 2007 (Sudpresse Lx), Monsieur le Ministre a précisé qu'il espérait faire fonctionner la pisciculture au printemps 2007 avec, comme objectif, la réintroduction du saumon dans les rivières wallonnes.

    Aujourd’hui, en mai 2008, cette pisciculture est-elle en activité ? A-t-elle acquis ses lettres de noblesse en tant que pisciculture de référence au sein du secteur concerné ? Remplit-elle les objectifs annoncés à la base du projet ?

    Si tel est le cas, ce n’est certainement pas l’outil Internet qui l’a permis … De fait, la description de la pisciculture d’Erezée est inaccessible sur le net. De même que les objectifs, l’historique, les descriptions, … et les photos disponibles sur le site datent de 2003.

    Au vu des engagements financiers de la Région dans ce projet, j’estime que nous sommes en droit d’attendre des résultats concrets.

    Selon les informations que Monsieur le Ministre a fournies à une réponse écrite, l’ensemble du projet, actuellement en voie d’achèvement, représente une intervention régionale de 6.753.000 euros au 13 mars 2008.

    Peut-on qualifier ce projet de raisonnable ? Quel est le rapport entre le coût de ce projet et la plus-value apportée par celui-ci ? N’y a-t-il pas une disproportion par rapport à l’objectif poursuivi ? Je rappelle à Monsieur le Ministre que, pour la seule année 2007, 1.146.293 euros ont été engagés à charge du budget (A.B.70.01.01). Cette somme, considérable, a-t-elle permis de parachever les travaux ?

    Un financement annuel sera-t-il alloué au fonctionnement de cette pisciculture ? Des rentrées financières propres seront-elles dégagées ?
  • Réponse du 09/06/2008
    • de LUTGEN Benoît

    Sur la Meuse, on relève quinze barrages, dont:

    - cinq sont équipés de passes à poissons modernes ;
    - sept sont équipés de passes à poissons classiques à agrandir pour les grands poissons;
    - trois ne sont pas encore équipés de passes à poissons.

    Ma priorité est d'ouvrir la voie de l'Ourthe car c'est dans ce sous-bassin que le saumon venait traditionnellement se reproduire. Ainsi, une passe à poissons est en phase de réalisation sur le barrage des Grosses-Battes sur l'Ourthe.

    La remontée du poisson vers les frayères nécessite également des travaux sur les cours d'eau non navigables. Un inventaire des obstacles a été établi avec l'aide des associations de pêcheurs. Sur base de critères de franchissabilité établis par l'Université de Liège, des priorités ont été fixées et des travaux déjà réalisés sur l'Amblève, l'Aisne, la Berwinne, la Méhaigne, etc.

    Pour plus de détails, je vous renvoie à cette brochure assez complète réalisée en 2007 sur le projet « Meuse Saumon 2000 ».

    Les travaux de la pisciculture d'Erezée sont toujours en cours et leur achèvement est programmé pour la fin de cette année.

    Le budget important libéré en 2007 pour terminer les installations et les rendre opérationnelles sera suffisant et, comme j'ai déjà eu l'occasion de le préciser dans ma réponse à votre question écrite, le budget 2008 ne prévoit plus que 100.000 euros au niveau des investissements dans les piscicultures domaniales, essentiellement pour l'aménagement des abords en ce qui concerne la pisciculture d'Erezée.

    Quand bien même la pisciculture aurait été opérationnelle ce printemps, il serait largement trop tôt pour affirmer aujourd'hui que la pisciculture a acquis « ses lettres de noblesse» et a rempli ses objectifs. Ce n'est évidemment qu'au bout de plusieurs années que l'on pourra vraiment juger de la réussite du projet qui a surtout comme objectif de reconstituer une souche de saumon.

    Le fait qu'il s'agisse d'un projet « pilote» explique en bonne partie le coût total du projet.

    L'investissement consenti par la salmoniculture de Chanteuge en France, certes plus importante que celle d'Erezée mais inaugurée il y a six ans déjà, est du même ordre de grandeur (5,4 millions d'euros).

    Un tel coût doit toutefois être resitué dans son contexte, wallon et international. Il fait ainsi partie du prix que l'on est disposé à consentir pour améliorer la biodiversité dans nos cours d'eau et en particulier voir revenir dans nos rivières les poissons migrateurs aujourd'hui disparus, dont le saumon atlantique est l'espèce la plus emblématique. Un prix qui comporte nécessairement aussi celui de tous les travaux indispensables pour lever progressivement les obstacles (NB: 1,375 million d'euros pour la seule échelle de Lixhe !). Le coût de l'investissement doit aussi être mis en rapport avec la perte économique et écologique liée à la disparition dans nos eaux de ces espèces migratrices.

    Pour le fonctionnement de cette pisciculture, je souhaite confier la gestion de la salmoniculture à une asbl à créer, réunissant notamment les acteurs du projet saumon 2000, à savoir les universités de Liège et de Namur, et les services compétents de l'administration wallonne. Cette asbl sera financièrement aidée par la Région mais d'autres soutiens pourront être recherchés par elle (communes, entreprises privées), le projet devant acquérir progressivement aussi une dimension touristique et pédagogique.

    Au moins dans un premier temps, le budget wallon devra supporter les frais de fonctionnement de la pisciculture. Globalement, si l'on s'en réfère au coût de fonctionnement de la salmoniculture de Chanteuge en France, une première estimation situe la charge financière annuelle aux alentours de 200 à 250.000 euros, personnel compris.

    Par ailleurs, la production de poissons est dans un premier temps au moins exclusivement destinée à rempoissonner en saumoneaux nos rivières wallonnes. A court terme, il n'est pas prévu d'en vendre.