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Pénurie d'infirmières

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 45 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 23/06/2008
    • de BORSUS Willy
    • à TARABELLA Marc, Ministre de la Formation

    La presse relayait récemment le manque d'infirmières et d’infirmiers dans les maisons de repos et les hôpitaux namurois. Il semblerait en effet, selon le Forem, que les besoins des employeurs soient en augmentation constante, tant en termes qualitatifs que quantitatifs.

    Je souhaiterais dès lors connaître l’analyse de Monsieur le Ministre de cette situation ? Est-elle similaire dans toute la Wallonie ? Quelles sont les actions mises en œuvre, notamment en termes de formations, pour tenter de répondre à ces besoins en personnel ?
  • Réponse du 15/07/2008
    • de TARABELLA Marc

    La problématique de la pénurie d'infirmiers a fait l'objet d'un Groupe d'action pénuries (GAP) dans le cadre de l'action Jobfocus menée par le Forem. Les conclusions ont été publiées le 17 mai dernier.

    L'analyse de la situation est la suivante

    Les écoles d'infirmières diplôment chaque année de nombreux candidats, mais confrontées par la suite à des conditions de travail pénibles pour une faible valorisation salariale, nombre d'infirmières choisissent de réduire, voire de cesser complètement leur activité après quelques années de travail. D'autres choisissent de se réorienter vers d'autres secteurs, y compris via l'intérim.

    Les aménagements de fin de carrière et les écartements prophylactiques sont d'autres facteurs qui réduisent le personnel en activité. Celui-ci est difficilement remplacé à cause du budget limité des soins de santé et d'un manque de main d'œuvre mobilisable.

    Ainsi, les équipes fonctionnent le plus souvent en sous-effectifs, ce qui durcit davantage les conditions de travail du personnel en activité et encourage dès lors les passages à temps partiel, les arrêts prématurés de la carrière ou les fuites vers d'autres secteurs.

    Se crée dès lors une dynamique négative de l'épuisement et de la démotivation : « les moindres périodes de formation, congés de maternité, vacances et congés de maladie exacerbent les difficultés d'organisation des services et accroissent encore la charge de travail ».

    Dans les hôpitaux, les difficultés de recrutement de personnel infirmier sont donc surtout des difficultés de remplacement du personnel absent et des difficultés de rétention du personnel en place.

    Les observations sur le terrain permettent toutefois de constater que ces difficultés de recrutement ne sont pas vécues de manière aussi sensible d'une institution à l'autre. Les institutions mettant en place une stratégie de GRH moderne ne rencontrent pas ou peu de difficultés à recruter des infirmières. Une telle politique passe par l'écoute des besoins et attentes du personnel, des horaires de travail permettant de mieux concilier la vie de famille et la vie professionnelle, une ambiance de travail moins conflictuelle entre les différents services, une politique de formation continue, etc.

    D'autres institutions offrent également divers avantages de manière à attirer chez eux les candidats à un poste: avantages financiers (en ce compris une reconnaissance barémique du diplôme de spécialisation), assurance hospitalisation, reconnaissance des années d'ancienneté effectuées dans une autre institution, jours de congés supplémentaires, engagement sous CDI immédiat (pas de passage par un CDD), meilleur plan de carrière et soutien pour l'avancement professionnel, crèche, etc.

    Une véritable concurrence voit le jour entre les institutions. Les jeunes diplômés, en position de force sur le marché du travail, choisissent les institutions leur offrant les conditions de travailles plus confortables. Les institutions ayant investi dans des politiques de GRH modernes attirent chez eux une grande majorité des infirmières créant ainsi des pénuries dans d'autres institutions.

    De leur côté, les maisons de repos et les soins à domicile éprouvent des difficultés à attirer les infirmières vers le travail en milieu extra hospitalier. Malgré des conditions de travail moins pénibles, le travail en milieu extra hospitalier serait en effet perçu comme moins diversifié et comme comportant moins « d'actes techniques». Il serait donc moins attirant pour les jeunes diplômés. Pourtant, les évolutions dans le mode de fonctionnement des soins de santé ont tendance à techniciser davantage le travail en dehors des hôpitaux (médicalisation de divers lieux dont les maisons de repos et le domicile), ce qui devrait donc augmenter l'attrait de ces sous-secteurs dans les années à venir.

    Au vu de ces constats, il faut admettre que le Forem n'est pas maître des leviers d' actions qui permettront de résoudre les difficultés de recrutement des infirmiers. Quelles que soient les actions qui seront développées par le Forem dans ce cadre, celles-ci n' agiront jamais qu'en marge de la problématique.

    Un plan d'action en trois points va néanmoins être mis en œuvre

    1° Développement d'une formation de « Management de terrain en milieu hospitalier » :

    Le contexte de « pénurie» actuel et le turn-over important vécus par le secteur hospitalier, imposent, à tout hôpital, de maximiser la satisfaction et le degré d'implication des infirmières, de manière à renforcer leur sentiment d'appartenance à l'organisation. Un leadership infirmier novateur et dynamique, susceptible de provoquer des changements profonds concernant les attitudes et les valeurs fondamentales des infirmières, permettrait de rencontrer ces objectifs.

    Ainsi, le Centre de compétences management & commerce va mettre en place, dans le courant de l'année 2008, une formation en Management de terrain, spécialement dédiée au milieu hospitalier. Cette formation s'adressera aux infirmières exerçant des fonctions d'encadrement au sein des hôpitaux. Le moment venu, une campagne de communication sera développée de manière à faire connaître cette nouvelle offre de formation aux hôpitaux de la Région wallonne.

    2° Anticipant une éventuelle croissance des besoins pour la fonction d'assistant logistique en milieu hospitalier, le Forem a prévu de contacter les différents hôpitaux de la Région wallonne pour analyser leur besoin en personnel logistique et/ou administratif. En fonction des résultats et des possibilités d'insertion des stagiaires, des formations seront mises en place.

    3° Afin d'améliorer l'image de la profession et de renforcer l'attractivité de la profession d'infirmière et du travail en milieu extra hospitalier, un salon du non marchand sera organisé au printemps 2009.

    Au-delà des aspects qualitatifs que je viens d'évoquer, je livre à l’honorable Membre quelques données statistiques.

    Le taux de satisfaction des offres relatives aux infirmiers généralistes est de 71 % contre 84 % pour l'ensemble des offres tous métiers confondus en 2007, le taux de satisfaction des offres relatives aux infirmiers de service spécialisé (83%) est lui aussi, mais dans une moindre mesure, inférieur à la moyenne. (Considérant les offres déposées au Forem).

    Enfin, l’honorable Membre doit savoir qu'en Communauté française, l'Enseignement de Promotion sociale, pour lequel j'exerce la tutelle, organise la formation de Bachelier en Soins Infirmiers ainsi que la formation de Bachelier en Soins infirmiers pour les titulaires d'un brevet d'infirmier hospitalier.

    Ces formations, correspondantes à celles de l'enseignement de plein exercice sont reconnues de grande qualité, tant par le secteur que par les étudiants, et rencontrent un vif succès. Des moyens complémentaires pourraient bien sûr permettre à cet enseignement d'augmenter le nombre de formations.

    D'autre part, dès septembre prochain, l'Enseignement de promotion sociale organisera la formation d'aide soignante en réponse aux nouvelles réglementations.