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Crise du lait dans le secteur agricole.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 455 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 23/06/2008
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Récemment, le secteur laitier a fait part de son mécontentement et de ses craintes pour son avenir. Plusieurs éléments se sont combinés et ont poussé les producteurs à sortir dans la rue et à déverser le fruit de leur travail.

    Premièrement, le prix du lait. Actuellement, le litre de lait se vend à 32 cents. Or, pour que ce soit rentable, certains avancent que le prix devrait se situer entre 40 et 45 cents le litre. Ces derniers mois, l'alimentation des vaches à grimpé de 60 %, l'électricité, essentiellement pour les trayeuses et pour refroidir le lait, de 70 %, et le gasoil pour les machines agricoles est passé de 0,43 cents le litre à 0,74.

    Bref, autant de frais à charge du producteur et qui alimentent son inquiétude face à la volonté affichée de certaines centrales d'achat du lait d'exercer une pression sur les laiteries pour encore faire baisser le prix de 9 cents. D'où la volonté des agriculteurs de recevoir un prix équitable pour leur production.

    Monsieur le Ministre, la FWA souhaite la création d'un observatoire des prix et des marges. Quelle est la position de Monsieur le Ministre face à cette proposition ? Celle-ci est-elle une alternative valable à la situation actuelle ? Quels pourraient être les moyens d'action de cet observatoire ?

    Deuxième point qui attise les sensibilités du secteur laitier : la décision européenne d'augmenter de 2 % les quotas laitiers cette année, afin de permettre une hausse de la production. De plus, la Commission européenne envisage de supprimer complètement les limites quantitatives d'ici 2015.

    Quelle position Monsieur le Ministre va-t-il soutenir auprès de la Commission ? Cette politique européenne est soutenue par la Flandre. Monsieur le Ministre a-t-il des contacts avec son homologue flamand dans le cadre de ce dossier ? Une vision commune sera-t-elle défendue au sein de la Commission ?
  • Réponse du 02/07/2008
    • de LUTGEN Benoît

    J’ai toujours plaidé pour la rémunération correcte des produits agricoles ainsi que le maintien des quotas laitiers, outils efficaces et performants de gestion de l’offre, afin d’éviter des disparités très fortes et une concurrence sauvage au détriment des producteurs les plus faibles et de la qualité des produits.

    Cette ligne directrice balisera mes positions dans le cadre du « bilan de santé » de la PAC, notamment dans le secteur laitier.

    La gestion de l’offre des quotas laitiers a permis aux producteurs de notre Région de continuer à développer leurs activités. On a d’ailleurs mis en place un système différent de celui qui prévaut en Flandre. Nous avons privilégié les transferts familiaux et, en dehors de ceux-ci, le passage par le fonds avec toute une série de critères pour favoriser les jeunes exploitants en leur donnant davantage de quotas. L’objectif est de leur permettre tout simplement d’accéder à une production et d’augmenter leur capacité des quotas au fil des années. De ce fait, une réelle maitrise des prix des quotas existe en Région wallonne, alors que les prix en Flandre sont bien plus élevés.

    Dès lors, face aux propositions de la Commission européenne concernant l’évolution de l’Organisation commune de marché du lait (OCM lait), je réfute le principe d’un abandon inéluctable des quotas au-delà de 2015. Il est totalement prématuré de prendre des décisions en la matière, la situation du marché laitier en 2015 ne pouvant être clairement définie actuellement. J’en prends pour preuve les variations inattendues de ces derniers mois.

    Nous devons donc nous limiter à améliorer la flexibilité du cadre actuel, et surtout corriger les inégalités existant encore dans ce cadre. Je pense notamment au correctif « matière grasse », puisque nous sommes pénalisés.

    J’estime donc qu’il faut se limiter à améliorer la flexibilité du cadre actuel et corriger des inégalités, telles que le correctif « matière grasse », pour pouvoir mieux adapter l’offre et la demande dans les limites du quota laitier européen actuel.

    S’agissant des prix payés aux producteurs, j’aimerais rappeler certains aspects fondamentaux : les laiteries calculent le prix de base du lait en fonction de la valorisation qu’elles peuvent attendre des produits laitiers qu’elles commercialisent sur le marché. C’est ainsi qu’en 2007, la forte envolée des cours du beurre et de la poudre de lait écrémé sur le marché mondial a permis au prix de base d’atteindre, voire de dépasser temporairement, 40 centimes le litre.

    En mai 2008, le prix de base a chuté pour une série de raisons. Celle de l’acceptation de l’augmentation de 2 % des quotas n’est pas directe, car elle n’est pas encore d’actualité au niveau européen, mais elle a pu avoir un effet en matière de positionnement dans le marché des différents intervenants.

    Le mouvement est en fait venu de l’Allemagne. Ce pays connaît une situation fortement différente de la nôtre sur certains aspects, notamment en matière de concurrence effrénée au niveau de la distribution et du hard discount. Cela engendre des conséquences très fortes sur le marché intérieur allemand, avec des répercussions pour nos producteurs. Je vous rappelle que nous dépendons en partie du marché allemand au travers de la laiterie de Pronsfeld. Cinq cents producteurs wallons sont coopérateurs au niveau de cette laiterie, ce qui représente 14 % de la production wallonne.

    Suite aux différents événements, j’ai réuni, le mercredi 4 juin dernier, l’ensemble des acteurs de la filière, producteurs, transformateurs et distributeurs, pour objectiver la situation et renforcer la transparence entre les différents acteurs. Un groupe de travail, sous la présidence de la Fédération wallonne de l’Agriculture a été mis en place pour rassembler les données les plus actualisées possibles concernant l’évolution des coûts de production au cours des derniers mois, leur structure et leur dispersion. Cet exercice d’objectivation devrait aussi permettre d’obtenir une meilleure vision de la formation des prix du lait à la consommation.

    Le secteur des laiteries a affirmé qu’il travaillerait à livre ouvert. Il existe encore quelques réticences au niveau du secteur de la distribution quant à la réalité pointue et précise de leurs coûts.

    De plus, je plaide pour qu’il y ait un observatoire structurel des prix au niveau fédéral pour connaître les coûts de production et leurs impacts, le secteur primaire étant en général le premier touché puisqu’il subit l’augmentation des coûts de production sans bénéficier de leur répercussion. Les producteurs se retrouvent avec un prix qui n’a pas évolué et des coûts de production qui ont augmenté. Ils sont écartelés avec toute la détresse que cela peut engendrer chez certains producteurs, notamment chez les plus fragiles au niveau de leur trésorerie et chez ceux qui ont une monoproduction, que ce soit dans le secteur de la viande ou du lait. Ils ne bénéficient pas d’autres ressources et sont donc dépendants de la réalité d’un secteur.

    En fonction des éléments apportés par les différents acteurs, des mesures pourront être prises de différentes manières au travers de la pression qui peut exister sur l’un ou l’autre acteur.

    Nous sommes face à un double défi sur les marges des uns et des autres : d’une part, les producteurs doivent être justement rémunérés et, d’autre part, le consommateur ne doit pas être pénalisé. Autrement dit, c’est entre les deux acteurs de cette filière que l’on doit trouver la réalité et la pertinence du marché.