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Mille kilomètres de haies en dix ans.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 486 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 10/07/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    La Région wallonne veut sauvegarder la biodiversité et appelle à la plantation de 1000 kilomètres de haies en dix ans. Jusqu’à présent, la tendance était plutôt à l’arrachement des haies en terres cultivables – ce qui facilite le travail de l’agriculteur et augmente son rendement.

    Avec la disparition progressive des haies, notre paysage change et les terres risquent d’éroder au fur et à mesure (notamment si le terrain se trouve sur des pentes). C’est également une perte en termes de biodiversité, non seulement en ce qui concernent les haies elles-mêmes mais aussi parce qu’elles sont l’habitat de nombreuses espèces.

    En réagissant à cette tendance, Monsieur le Ministre a-t-il adopté un arrêté modifiant les subventions pour la plantation et l’entretien des haies vives, de vergers et d’alignement des arbres. Pour les particuliers, les primes ont doublées portant l’aide à quelque 70 % du coût réel (en d’autres termes environ 2.5 euros par mètre courant planté en mono-rang ….) pour les jeunes plants. Monsieur le Ministre accorde une attention particulière à la plantation en zone Natura 2000 ou à proximité de celles-ci.

    Pour les collectivités (écoles, communes, asbl …), la Région wallonne offre des arbres ou arbustes à ceux qui en font la demande.

    La mesure est très bonne, et je félicite Monsieur le Ministre, mais elle peut être complétée. Trois exemples pour illustrer mon propos :

    - la Région wallonne. accorde chaque année de nombreux permis de bâtir ou de permis de lotir. Trop souvent encore, les permis sont octroyés sans que les pouvoirs publics ou les particuliers ne soient encouragés à planter de la verdure autour de leur demeure. Il me semble que la Région wallonne ferait bien d’accorder aussi une aide spécifique au jeune candidat bâtisseur ou au lotisseur qui spontanément proposent sur leurs plans la plantation de haies ou d’arbres et notamment, j’insiste, d’arbres fruitiers. Pour les demandeurs publics d’un permis, la Région wallonne pourrait en faire une obligation. De cette façon, on contribue à la formation esthétique et paysagère des zones d’habitat.

    - la Région wallonne investit ou subventionne chaque année dans l’entretien et la création de routes régionales et communales. Pourquoi ne pas encourager la plantation systématique de haies ou d’arbres le long des voiries (tout en veillant à ne pas créer de problèmes sur le plan de la sécurité routière); ce ne seront pas mille kilomètres que Monsieur le Ministre pourra se fixer comme objectif mais +/- 80.000 kilomètres (telle est la longueur approximative du réseau routier tous réseaux confondus).

    - en matière de développement rural, Monsieur le Ministre octroie des subsides aux communes afin qu’elles puissent développer des projets indispensables à relancer la dynamique locale. Monsieur le Ministre a-t-il fait l’analyse; combien il y a de communes qui font appel à cette aide dans le but de contribuer à la formation du paysage par la plantation de haies ou d’arbres; serait-ce une piste à creuser ?
  • Réponse du 07/08/2008
    • de LUTGEN Benoît


    Je remercie l’honorable Membre pour son appréciation positive concernant la modification de l'arrêté relatif aux subventions accordées pour la plantation et l'entretien des haies vives, vergers et alignements d'arbres.

    En ce qui concerne l'inclusion dans les permis de lotir et de bâtir de dispositions relatives à la plantation de haies et d'arbres fruitiers, il s'agit d'une compétence du Ministre de l'aménagement du territoire. Je signale toutefois que lorsque l'avis de la DNF est demandé, des suggestions en la matière sont le plus souvent formulées.

    En ce qui concerne une éventuelle subvention au candidat bâtisseur ou lotisseur, elle peut être obtenue si elle répond aux critères de l'arrêté. Si les plantations sont plus modestes, il semble logique qu'aucune subvention ne soit accordée, les démarches administratives devenant trop conséquentes pour un montant modeste. La plupart du temps, les essences indigènes et les arbres fruitiers ont un coût moindre que les essences exotiques généralement proposées par les horticulteurs. Il s'agit donc plus d'un travail de sensibilisation de la population que d'un problème de coût.

    A propos de sensibilisation, l'organisation annuelle de la semaine de l'arbre en novembre, semaine au cours de laquelle 120 000 arbres sont distribués gratuitement dans une cinquantaine de communes, permet de rappeler à chacun que le temps des plantations est arrivé et que les essences indigènes sont à privilégier.

    La plantation d'arbres et de haies le long des routes régionales est une pratique largement répandue depuis les années 80, lors de l'extension du réseau autoroutier. Comme l’honorable Membre le fait remarquer, sur les routes plus étroites se pose le problème de la sécurité.

    Les bords de routes, d'un point de vue écologique, constituent également un milieu de refuge pour la flore et la faune des milieux ouverts et ce d'autant plus lorsqu'ils ne subissent pas les retombées d'engrais et pesticides ou qu'ils ne sont pas tondus par les particuliers. C'est pourquoi il est intéressant de conserver des bords de routes non boisés et gérés peu intensivement. L'opération « fauchage tardif» à laquelle adhèrent 185 des 262 communes wallonnes a pour objectif de favoriser la floraison de flore indigène à laquelle est associé un grand nombre d'espèces animales, en particulier les insectes.

    Dans le cadre des opérations de remembrement, la Région intervient pour 100 % des coûts liés aux études d'aménagement de sites et de plantations et à hauteur de 80 % pour les travaux d'aménagement de sites et de plantations. Dans le cadre des subventions pour la rénovation des voiries agricoles, le taux d'intervention passe de 60 à 80 %, par palier de 5 % selon l'importance des plantations de haies.

    Enfin, la haie est un élément valorisant pour le paysage si elle est placée avec discernement. Elle peut constituer un écran visuel intéressant. L'option d'un couloir vert continu le long des routes engendrerait par contre une monotonie dangereuse pour l'automobiliste et couperait visuellement le voyageur de toute vue sur la campagne wallonne. Une haie continue implique la perte de tout contact visuel, donc social avec les secteurs traversés. C'est pourquoi mon administration ne préconise pas l'alignement ininterrompu, mais bien un maillage diffus, adapté aux conditions paysagères, agricoles et environnementales locales.

    L'autoroute française, après des années d'une politique de fermeture par la végétation, est aujourd'hui considérée comme la première vitrine touristique des régions traversées. Des fenêtres paysagères y sont soigneusement orchestrées pour donner au touriste l’envie de s’attarder. C'est de cette façon que nous entendons aussi valoriser le terroir wallon, dont les paysages sont un atout touristique majeur.

    Pour ce qui concerne les aides octroyées aux communes, la mesure est proposée pour la première fois dans le cadre de la semaine de l'arbre 2008. Les demandes sont clôturées depuis le 31 juillet 2008 et il est donc un peu tôt pour tirer un bilan de cette nouvelle politique.