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Emploi des jeunes.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 206 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 14/07/2008
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine

    J'ai pu avec plaisir lire dernièrement Monsieur le Ministre et en même temps partager son enthousiasme relatif à la réelle amélioration au niveau de remploi des jeunes qui a progressé remarquablement ce derniers mois au sein de notre Région.

    Si ce sujet, je le sais, préoccupe Monsieur le Ministre, qu'il sache qu'il m’est également cher et c'est la raison pour laquelle je souhaite l'entendre plus largement aujourd'hui sur cette question de société.

    Une question de société qui paraît également essentielle à bon nombre d'acteurs de notre Région tels que le Conseil économique et social de la Région wallonne qui a souhaité organiser un colloque le 27 février dernier à Gembloux à ce sujet. Le rapport qui en fait suite, fort bien présenté, révèle une quantité d'informations importantes et assez révélatrices.

    L'idée générale qui se dégage de ces travaux est à la fois porteuse et remplie d'espoir. Elle rejoint totalement les chiffres positifs que Monsieur le Ministre a souhaité souligner dernièrement : « Les jeunes, un atout pour l'emploi. L'emploi, un atout pour les jeunes ».

    Si j'ai voulu interpeller Monsieur le Ministre, c'est parce que je pense qu'il est de notre devoir de parlementaire d'impulser des débats de ce genre sur base des idées que je viens d'évoquer. Il serait d’ailleurs sans doute plus qu'intéressant de consacrer un moment des travaux de cette commission sur ce sujet. Dans sa réponse Monsieur le Ministre nous encourage sans doute à poursuivre nos discussions sur un sujet aussi crucial.

    Qu'il me permette de revenir tout d'abord sur le contenu de ce rapport qui évoque dix points clés et les constats qui permettent de cerner la problématique et qui transversalement dressent le portrait des jeunes face au marché du travail. Des constats certes mais également des réflexions et des pistes d'actions se dégagent.

    Monsieur le Ministre ne m'en voudra pas de vouloir ici me servir de la conclusion des actes de ce colloque pour partir vers la réflexion que nous ferons immanquablement naître en ces murs.

    Une conclusion qui attire notre attention quant au rapport de l'OCDE sur les jeunes qui interpelle nos institutions du marché du travail.

    Une conclusion qui rappelle deux nécessités impérieuses:

    - procéder à une évaluation approfondie et rigoureuse des mesures en place et à créer;
    - veiller à une lisibilité d'ensemble du dispositif légal concernant le marché du travail.

    D'une manière générale, que pense Monsieur le Ministre des résultats des travaux menés par le CESR wallon ? Partage t-il les analyses et les constats évoqués dans cet ouvrage ?

    Les stratégies d'action de Monsieur le Ministre ont-elles ou seront-elles revus à la lumière de ces travaux ?

    Peut-il à nouveau nous brosser le tableau des mesures et actions qu’il a voulu prendre en faveur des jeunes ?

    J'en reviens aux chiffres. Monsieur le Ministre se réjouissait dernièrement, et à juste titre, de la bonne évolution du taux d'emploi des jeunes. Peut-il nous en faire prendre connaissance?
  • Réponse du 19/08/2008
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L'emploi des jeunes constitue en effet une priorité pour le Ministre de l'Emploi et pour le Gouvernement wallon et, même si la situation n'est, hélas, pas encore idyllique, il faut néanmoins souligner que la situation évolue positivement en ce domaine. Ainsi, sur base des dernières données statistiques publiées fin mai, l'ONEM montrait que, pris dans son ensemble, le chômage wallon a diminué en un an de 1,6 %, soit la plus forte baisse enregistrée, la Flandre baissant de 0,5 % et Bruxelles de 0,3 %, faisant passer la moyenne nationale sous la barre des 10 %, soit à 9,9 % (15,4 % en Wallonie / 5,4 % en Flandre et 19,5 % à Bruxelles).

    Quant aux derniers résultats de l'enquête EFT, menée par le SPF Economie, on y constate une réelle amélioration au niveau de l'emploi des jeunes, celui-ci ayant progressé, en un an, de 5,2 % en Région wallonne, seule Région du pays où le nombre de jeunes ayant un emploi a augmenté! (la moyenne belge est de + 0,5 % avec -0,9 % en Flandre et -4,2 % à Bruxelles). La même enquête faisant également apparaître une évolution positive du taux d'emploi des 15-24 ans ces dernières années, celui-ci étant passé progressivement de 20,8 % en 2003 à 23,1 % en 2007, soit + 2,3 points de pourcent.

    Enfin, il faut également souligner que le nombre de demandeurs d'emploi inoccupés (DEI) wallons âgés de moins de 25 ans est orienté à la baisse depuis 2003, ce nombre étant passé de 63.627 personnes fin 2003 à 56.546 personnes fin 2007, soit une diminution de 11,1 %, portant la part que représente ce public à 22,8 % de l'ensemble des DEI. En comparaison, fin 1985, les jeunes DEI de moins de 25 ans représentaient 37,5 % de l'ensemble des DEI.

    En ce qui concerne le Colloque organisé par le CESRW sur l'Emploi des Jeunes («les jeunes, un atout pour l'emploi. L'emploi, un atout pour les jeunes»), en ce compris la publication intégrale des interventions dans un numéro spécial de la Revue Wallonie, il faut souligner l'intérêt de cette initiative en ce qu'elle permet notamment à l'ensemble des acteurs concernés (politiques, secteurs, Forem, partenaires sociaux, DE, etc.) de prendre la mesure de la situation et de son évolution ces dernières années, non seulement en termes statistiques ou concernant le passage, pas toujours simple, de l'école vers l'emploi, mais aussi au niveau du vécu et de la perception qu'ont les jeunes du monde du travail, ces éléments étant particulièrement illustrés dans l'étude de la Fondation Travail Université et des Jeunes CSC, présentée lors du Colloque.

    Enfin, la quatrième et dernière partie du Colloque (et donc de l'ouvrage qui en découle) était consacrée à des réflexions et pistes d'action qui ne manquent pas non plus d'intérêt, qu'il s'agisse d'exposer la nécessité de développer une stratégie d'autonomisation («empowerment») ou des commentaires de Bruno Van der Linden, chercheur à l'IRES, concernant le dernier rapport publié par l'OCDE sur l'emploi des jeunes, et qui, outre une mise en perspective des résultats de l'enquête PISA et le rappel de la nécessité de veiller à la cohérence des politiques menées et à la nécessité de les évaluer, souligne également que des actions en cours actuellement tendent à répondre à certains constats et recommandations posés.

    Quant à l'incidence de ces débats sur les actions et dispositifs mis en œuvre au niveau de la Région wallonne, il est évident que, même s'ils constituent pour la plupart un rappel, il faut tenir compte des données exposées lorsqu'il s'agit de mettre en œuvre ou d'évaluer les politiques en place dont, en ce qui concerne plus particulièrement les jeunes:

    - Le PFI qui a été modifié depuis le 1er janvier 2008. Ainsi, outre un suivi particulier accordé par le Forem aux jeunes entrant dans ce dispositif, le texte prévoit que la durée du PFI peut être portée à un maximum de 52 semaines (au lieu de 26) pour les jeunes de moins de 25 ans peu qualifiés (non détenteurs du CESS). Les premiers résultats disponibles sont quantitatifs et montrent, sur les 5 premiers mois de fonctionnement, une augmentation de 12,7 % des PFI signés avec des moins de 25 ans par rapport à la même période en 2007.

    - Le DIISP Jeunes. Pour rappel, en juillet 2007, le Gouvernement a adopté définitivement un arrêté modificatif qui vise à ce que, tout en tenant compte des besoins et des caractéristiques de ce public et des opportunités offertes par le marché de l'emploi, le Forem propose, de manière systématique, aux jeunes de moins de 25 ans qui s'inscrivent comme demandeurs d'emploi à l'issue de leurs études, sans avoir obtenu un diplôme du troisième degré de l'enseignement secondaire, la conclusion d'un contrat crédit insertion.

    - Job Tonie, au sein duquel s'intègre d'ailleurs parfaitement le Dnsp et qui part du principe fondamental et positif de confronter les jeunes avec le marché de l'emploi dès leur première inscription comme demandeur d'emploi et d'éviter ainsi leur enlisement dans le stage d'attente. Pour rappel, à la demande du Gouvernement wallon, c'est en juillet 2007 que ce dispositif a été mis en place par le Forem avec pour objectif de prendre en charge, dès leur inscription, tous les jeunes de moins de 25 ans afin de faciliter leur transition de l'école vers le monde du travail, visant ainsi une intégration plus rapide.

    Alors qu'au départ, le public prioritaire était constitué principalement des peu ou pas qualifiés (disposant d'un diplôme inférieur au CESS), qui se voyaient proposer un large éventail d'actions (entretien de bilan, suivi d'une initiation à la recherche d'emploi et tables de suivi tous les 15 jours), ainsi que la conclusion d'un Contrat Crédit Insertion (contrat type lié au DIISP), le Gouvernement wallon a, sur la proposition conjointe des Ministres de l'Emploi et de la Formation, décidé d'apporter des modifications au processus mis en place, mais aussi d'élargir le public prioritaire en intégrant au sein de Jobtonic l'ensemble des jeunes disposant au maximum du Certificat d'étude secondaire supérieur (CESS), soit plus de 30.000 jeunes qui vont s'inscrire au Forem dans les prochaines semaines. Concrètement, cela signifie que dorénavant, à l'issue d'un 1er entretien de bilan, le jeune sera orienté:

    - soit, par le Forem, vers le marché de l'emploi s'il semble avoir la capacité, le bagage pour s'insérer rapidement;
    - soit, tout en gardant la logique «work first », outre vers Forem Formation, chez un opérateur externe (MIRE, EFT, OISP, etc.) s'il s'avère que son insertion nécessite un accompagnement ciblé ne pouvant être pris en charge par Forem Conseil lui-même;
    - soit enfin, vers le DIISP si un suivi plus long s'avère nécessaire puisque, pour rappel, dans ce cadre, un contrat d'une durée maximale de 2 ans reprenant l'essentiel des actions à mener est signé.

    A noter également dans ce cadre qu'il a été décidé d'apporter une série d'améliorations au niveau des screenings et des formations spécifiques proposés aux jeunes par le Forem et qu'un travail particulier est mené dans les villes pilotes de Tournai et de Mouscron, ainsi que les initiatives lancées, dès 2007, dans plusieurs quartiers en difficulté.

    Enfin, comme l'honorable Membre le sait, le décret APE a été révisé pour y intégrer l'APE marchand Jeunes qui, après quelques lenteurs dans la mise en œuvre, a bel et bien démarré, notamment suite au lancement d'une campagne de communication et à la rencontre de différents acteurs comme l'UCM, l'UWE et un certain nombre de secteurs avec qui des conventions spécifiques ont été conclues.


    Pour rappel, son objectif premier est de faire entrer un maximum de jeunes sur le marché du travail et de les faire pénétrer dans l'entreprise le plus vite possible après leur scolarité, sans stage d'attente. Pour ce faire, les TPE et PME qui souhaitent engager des jeunes demandeurs d'emploi de moins de 25 ans peu qualifiés peuvent recevoir une aide directe annuelle d'un montant de 8.226 euros par an. Et ce, pour une durée de 2 ans, 3 dans certains cas. A ce jour, et c'est de bon augure, plus de 150 formulaires de demande ont déjà été introduits en vue d'engager plus de 320 jeunes chômeurs peu qualifiés.

    Enfin, cette problématique étant relevée dans les conclusions du Colloque, que tirait le Président du CESRW, Monsieur Marc Becker, il faut également souligner que la réforme de l'alternance est entamée, le Ministre de la formation ayant en effet présenté au Gouvernement fin mai 2008, en première lecture, un nouvel Accord de coopération en la matière entre la Région wallonne, la Communauté française et la COCOF.