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Le radon et ses effets sur la santé des Wallons.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 222 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 14/07/2008
    • de FOURNY Dimitri
    • à DONFUT Didier, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Le radon est un gaz d'origine naturelle qui émane du sous-sol. Il n'a pas d'odeur, il est incolore et insipide. Il a aussi la particularité d'être radioactif !

    Les éléments radioactifs du sous-sol sont présents en proportions variables dans la plupart des roches. En se désintégrant, ces éléments donnent naissance à des descendants eux-mêmes radioactifs.

    Le radon se dilue normalement rapidement dans l'atmosphère, dès qu'il atteint la surface du sol. Néanmoins, lorsque ce gaz s'infiltre jusqu'aux caves et pièces d'habitation de maisons non aérées, il peut s'y accumuler et parfois atteindre des concentrations importantes.

    La concentration en radon varie donc de manière significative d'une région à l'autre, et d'une maison à l'autre, en fonction de la nature géologique du sous-sol. Elle varie aussi en fonction du moment de la journée, des saisons, des conditions météorologiques.

    On le sait, le Sud de la Belgique est plus exposé que le Nord, et c'est avant tout dans la région de l'Ardenne que l'on enregistre les valeurs les plus élevées.

    Dans le cadre de la prime à la réhabilitation de la Région wallonne, une aide financière est déjà accordée pour les travaux d'assainissement du radon.

    Le radon est un cancérogène et, de ce fait, il augmente les risques de développer un cancer du poumon. En réalité, lorsqu'on le respire, le radon lui-même ne restera que quelques secondes dans les voies respiratoires. Par contre, les descendants immédiats du radon auront tendance à se fixer sur les particules fines constamment présentes dans l'air.

    Ces poussières inhalées viendront alors se déposer d'une part sur les bronches et, d'autre part, sur les parois des poumons, puis s'y désintégreront en les irradiant.

    Le radon serait ainsi responsable de 10 à 30 % des cancers du poumon.

    Enfin, le risque encouru par des fumeurs exposés au radon serait aussi beaucoup plus grand car, pour eux, les effets nocifs du tabac et du radon se combinent et se renforcent l'un l'autre ! Lorsqu'il y a interaction entre tabac et radon, les risques à concentration égale seraient vingt fois plus grands chez les fumeurs.

    Le radon serait à l'origine de plus de 50% de l'exposition de la population belge aux radiations ionisantes. Des études ont aussi montré que le radon serait responsable de 500 décès/an dans notre pays.

    Monsieur le Ministre peut-il confirmer les chiffres que je viens de présenter ? Qu'en est-il d'éventuelles études wallonnes de santé à propos de l'exposition de la population au radon, de données relatives aux cancers des voies respiratoires et de l'incidence annuelle du radon sur ceux-ci au niveau du territoire wallon ? A partir de quel niveau de concentration de radon doit-on constater un effet négatif sur la santé de la population ?

    Si des actions concrètes ont déjà vu le jour pour lutter contre les effets de ce gaz sur la santé des gens, notamment à l'initiative des provinces à travers les « ambulances vertes », beaucoup doit encore être fait : organiser une meilleure collaboration entre les différents pouvoirs publics concernés (fédéral, régional, provincial, santé, environnement, logement) pour proposer des outils de prévention et de remédiation concrets et efficaces ; harmoniser les pratiques ; disposer de l'ensemble des données.

    Le radon est en effet une des priorités retenues par le Gouvernement en juin 2005, dans le cadre de l'élaboration de sa stratégie régionale en matière de santé environnementale. Le Cabinet de la Ministre Vienne et l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) devaient examiner la question de l'identification des habitations touchées dans les zones à risque, du seuil au-delà duquel des mesures de remédiation s'imposent, ainsi que des mesures de prévention susceptibles d'être mises en oeuvre dans les zones à risque.

    Aussi, depuis début 2006, une étude sur les concentrations de ce gaz est menée de concert par le Service d'Analyse des Milieux Intérieurs (SAMI) de la Province de Luxembourg et l'AFCN. Les résultats sur cinq communes (Bertrix, Libramont, Neufchateau, Paliseul, Saint-Hubert) ont montré des taux élevés qui concerneraient dix mille habitants subissant plus de 400 Becquerel/m3, et plus de mille habitants pour lesquels la concentration serait supérieure à 800 Bq/M3).

    En 2007 et 2008, onze nouvelles communes devaient normalement bénéficier de cette action. Aussi, une cartographie détaillée est annoncée pour fin 2008. Qu'en est-il aujourd'hui? Les délais annoncés seront-ils bien respectés ?

    De manière plus générales, Monsieur le Ministre peut-il me rappeler toutes les mesures mises en œuvre sous cette législature au sein de votre administration, en collaboration ou non avec d'autres administrations wallonnes, afin d'agir contre les risques qu'entraînent le radon pour la santé des wallons ?

    Qu'en est-il d'éventuelles campagnes de sensibilisation à l'égard du grand public vivant dans les zones à risque ?
  • Réponse du 30/07/2008
    • de DONFUT Didier

    Je tiens à souligner que la lutte contre les risques liés au radon doit figurer parmi les priorités en matière de politique préventive relative à la santé. Cela avait été souligné en 2006, après une large consultation des partenaires sociaux, dans le cadre de l'élaboration d'un programme d'actions régionales environnement santé.

    Le radon est d'ailleurs une des priorités retenues par le Gouvernement wallon le 2 juin 2005 dans le cadre de l'élaboration de sa stratégie régionale en matière de santé environnementale.

    Dans le cadre des primes à la réhabilitation, le radon a déjà une place. D'autre part, le radon a été pris en compte dans le projet d'arrêté du Gouvernement déterminant les critères minimaux de salubrité approuvés par le Gouvernement wallon le 30 août 2007.

    Dans le cadre de mes compétences, je finance actuellement un projet santé et habitat qui traite bien évidemment des pollutions intérieures et qui aborde la question du radon à l'attention du public mais aussi à l'attention des acteurs sociaux du domicile.

    Notons aussi le projet développé par le Ministre Lutgen dans la Province de Luxembourg qui consiste en une étude des milieux intérieurs des écoles.

    L’honorable Membre souligne aussi dans sa question une étude sur les concentrations du radon menée de concert par le Service d'analyse des milieux intérieurs (SAMI) de la Province de Luxembourg et l'Agence fédérale de contrôle nucléaire. Je peux informer l’honorable Membre d'une vaste campagne de mesure du radon depuis janvier 2006. Huit communes ont participé à la campagne en 2006 : Bertrix, Daverdisse, La Roche, Léglise, Libramont, Neufchâteau, Paliseul et Saint-Hubert; douze communes ont participé à la campagne en 2007 : Bastogne, Fauvillers, Herbeumont et Vielsalm en janvier et février; Bertogne, Gouvy, Martelange et Vaux-sur-Sûre en septembre; Bouillon, Houffalize, Tellin et Wellin en décembre. Cela fait vingt communes au total. La cartographie est, quant à elle, réalisée par l'Agence fédérale de contrôle du nucléaire (qui relève des compétences du Ministre de l'Intérieur) et est toujours en cours.

    Quant aux études de santé en relation avec l'exposition au radon, elles relèvent de la compétence de l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN).

    En effet, un arrêté royal du 20 juillet 2001 (Moniteur belge 30 juillet 2001) portant règlement général de la protection de la population, des travailleurs et de l'environnement contre le danger des rayonnements ionisants élargit, par rapport à la situation antérieure, le champ d'application du règlement, notamment, à la présence de radon dans les habitations.

    Dans cet arrêté, l'article 70 du chapitre IX relatif aux « dispositifs de surveillance du territoire et de la population dans son ensemble et planification d'urgence» dispose notamment qu'en matière de contrôle de la radioactivité du territoire et des doses reçues par la population, l' AFCN est chargée du contrôle de la radioactivité du territoire dans son ensemble et de la surveillance de ces doses.

    L'AFCN rassemble tous les résultats de ces contrôles selon l'article 71 de cet arrêté.

    Lorsque l'Agence a identifié une situation d'exposition durable, présente ou potentielle, résultant de la présence de gaz radon dans les habitations ou dans le sol, elle veille, en fonction du risque d'exposition, à :

    l'investigation des taux de radon dans le voisinage des habitations touchées et à la délimitation des zones concernées par une intervention;
    la coordination de la mise en œuvre de toute intervention appropriée, en concertation avec les niveaux de pouvoir concernés, y compris la réglementation de l'usage des terrains et de la construction des bâtiments situés dans les zones délimitées.

    Dès lors, l'initiative de toute intervention appropriée en matière de radon dans les habitations relève de la compétence fédérale de l'AFCN.

    En ce qui concerne l'impact du radon sur la santé, le risque du cancer du poumon augmente avec le nombre d'atomes de radon présents dans l'air d'un espace clos et avec la durée pendant laquelle on respire cet air. Il existe un effet de synergie tabac-radon. En effet, à exposition égale, le risque d'avoir un cancer du poumon est vingt-cinq fois plus élevé pour un fumeur que pour un non fumeur. Les résultats récents des études épidémiologiques effectuées sur les continents américain et européen confirment bien l'existence d'une augmentation du risque de cancer du poumon en rapport avec l'exposition au radon dans l'habitat. Il est par ailleurs très difficile de déterminer dans quelle proportion le radon intervient dans la problématique des cancers des voies respiratoires. Il est admis que 10 % des cancers pulmonaires seraient liés au radon. Aussi, dans une étude des pays nordiques (Olsen et al) en 1997, le pourcentage de cas de cancers dus au radon est estimé à moins de 1 %.