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Maladie de l'aulne.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 501 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 17/07/2008
    • de BORSUS Willy
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    La Wallonie possède un réseau hydrographique de quelque 18.000 kilomètres dont les berges sont couvertes d’espèces végétales adaptées aux conditions humides. La ripisylve compte notamment parmi ses essences les plus fréquentes, les érables, les frênes, les saules ainsi que les aulnes.

    Cette végétation constitue un véritable corridor écologique qui lie entre eux des habitats naturels et permet la migration écologique. Elle joue donc un rôle clé dans la constitution du maillage écologique et dans l’impact paysager.

    Cependant, certains aménagements et pollutions diverses, souvent de nature anthropique, ont un impact important sur l’état sanitaire des plantes. Ainsi, l’aulne est, depuis 1999, contaminé par un agent pathogène, le Phytophthora alni.

    Il aurait depuis colonisé la majeure partie des rivières wallonnes et affecterait près de 30 % des aulnaies rivulaires.

    Puis-je dès lors connaître les résultats des dernières mesures effectuées ? Confirment-elles ce phénomène ? D’autres agents pathogènes sont-ils en voie de développement actuellement ?

    Monsieur le Ministre peut-il fournir un état des lieux de la situation phytosanitaire actuelle des principales espèces ligneuses rivulaires citées ci-dessus ? Quels sont les moyens mis en œuvre pour lutter contre les agents pathogènes identifiés ? Des moyens financiers supplémentaires devront-ils être investis dans ce monitoring ?
  • Réponse du 07/08/2008
    • de LUTGEN Benoît

    L'aulne, le saule, le frêne et l'érable sont effectivement les 4 essences principales de la ripisylve.

    Grâce à leur système racinaire, ces espèces jouent un rôle important dans la fixation et le maintien des berges des cours d'eau et constituent des couloirs écologiques importants. A cet effet, la Région wallonne s'est dotée depuis 2002 d'un réseau de monitoring des bandes riveraines le long des cours d'eau, associant étroitement le Centre de recherches agronomiques wallon (Département Lutte biologique et Ressources phytogénétiques) pour les aspects relevant de la recherche fondamentale (identification des pathogènes et de leurs actions) et la Faculté des Sciences agronomiques de Gembloux pour les conseils pratiques aux gestionnaires des cours d'eau.

    En relation avec la maladie de l'aulne due au Phythophtora alni, la surveillance phytosanitaire a montré une évolution lente et progressive. Actuellement, 36 % des arbres rivulaires sont infectés. Par contre, les aulnes forestiers sont très peu infectés. La maladie se manifeste par des houppiers dégarnis, par la formation de petites feuilles jaunes et par des nécroses suintantes au niveau du tronc.

    Concernant les autres espèces de la ripisylve, la surveillance phytosanitaire fait état d'un équilibre dans l'évolution de la maladie sans aggravation. Cependant, d'autres agents pathogènes ont été mis en évidence tels les armillaires ou des insectes ravageurs comme les chrysomèles, les charançons et les tenthrèdes.

    Une attention particulière est portée actuellement à un dépérissement du frêne, non seulement en milieu rivulaire mais également en milieu forestier. Ce dépérissement provoqué par un champignon, le Chalara fraxinea, non identifié en Wallonie, a été relevé en Europe du Nord et de l'Est. Une fiche technique a été transmise aux services extérieurs de la DNF pour signaler d'éventuelles attaques.

    Au niveau de la lutte contre le Phytophtora alni, il convient d'appliquer les mesures de gestion suivantes :

    - en cas d'abattage, assurer une bonne mise en lumière des souches pour favoriser une bonne reprise de celles-ci en recépant par petites trouées de 1520 m de long;
    - effectuer le recépage avant un stade de dépérissement trop avancé, c'est-à-dire avant le stade "aulne mourant";
    - effectuer l'abattage en hiver pour éviter que les parties de plantes infectées rejetées dans la rivière participent à la dispersion de la maladie (peu ou pas de production de zoospores de Phytophtora alni par température basse) ;
    - éloigner de la rivière les rémanents de l'exploitation pour éviter tout contact avec la rivière, sauf si la température est basse (inférieure à SOC).

    Une analyse plus approfondie est en cours pour étudier plus précisément les caractéristiques des arbres ainsi que pour comparer plus méthodiquement la situation en bordure de cours d'eau et en forêt.