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Brûler les aliments ou les manger ?

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 620 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 24/07/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    La Banque mondiale vient de tirer la sonnette d'alarme. Elle le fait à la veille du sommet du G8 au Japon. Elle a identifié la production de biocarburants comme un des motifs qui expliquent le renchérissement des denrées alimentaires – un thème qui nous mène directement vers la question éthique suivante : comment justifier que, d'un côté, les prix des denrées alimentaires explosent (tant pour nos ménages à revenu bas ou moyen comme pour les pays en voie de développement), alors que, de l'autre côté, on transforme des denrées alimentaires en biocarburant ou biodiesel.

    J'avais déjà interpellé Monsieur le Ministre sur le thème il y a environ un an d'ici. C'était à l'occasion de la mise en vigueur de l'arrêté concernant les primes à l'énergie parmi lesquelles nous trouvons celle en faveur des chaudières biomasse à chargement automatique. J'interrogeais Monsieur le Ministre afin de savoir pourquoi nous octroyons des primes à des investissements qui servent à brûler des aliments. Il me répondait à l'époque que le nombre de chaudières brûlant des céréales ne pose pas encore de difficultés, mais qu'il serait vigilant et d'accord de revoir la situation dès que la situation change.

    Vu le cri d'alarme de la Banque mondiale, j'estime que je ne suis plus le seul à se poser la question s'il est moralement défendable de brûler les aliments plutôt que de les manger. Mais je souhaite connaître la position de Monsieur le Ministre sur cette question. Avons-nous opté pour la bonne formule en subsidiant des chaudières destinées à brûler des aliments ? Comment réagit-il face à l'action de la Banque mondiale ? Est-ce un signal d'alarme que nous pouvons ignorer ?
  • Réponse du 09/09/2008
    • de ANTOINE André

    Les primes pour ce type d'équipements sont au nombre d'environ 200 par an. La grande majorité de ces primes est utilisée pour de la biomasse ligneuse. Les chaudières étant souvent mixtes, il n'est pas possible de donner le nombre exact d'appareils qui utiliseront du grain. Il se situe entre 5 et 10 %. Cette prime concerne donc tout au plus 20 appareils/an utilisant des céréales. Il faut environ 7 t/an de céréales pour assurer le chauffage d'un logis moyen. Globalement, il est donc possible d'évaluer l'impact de cette mesure à 150 t/an de céréales au maximum. Au niveau macro, cela ne représente en rien une menace pour l'alimentation des populations du tiers monde ou une contribution à la perte du pouvoir d'achat du fait du prix des denrées alimentaires. Par contre, au niveau d'une exploitation, cela aide certains agriculteurs pour qui la vie n'est pas facile et qui encaissent de plein fouet les prix du baril de pétrole à garder la tête hors de l'eau.

    En outre, lorsque le blé atteint des prix importants qui mettent en danger l'équilibre alimentaire des pays du tiers-monde ou réduisent le pouvoir d'achat de nos ménages, il y a beaucoup moins, voire plus du tout d'intérêt, pour l'agriculteur de fonctionner au blé, mieux vaut le vendre et utiliser de la biomasse ligneuse ce que permet ces appareils la plupart du temps puisque les chaudières sont souvent mixtes.