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"Les sidérurgistes étranglent les consommateurs".

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 219 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 24/07/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine

    J’avoue que le titre est un peu fort, mais je l’ai tiré du journal Le Soir du 8 juillet dernier. En tout cas, il a l’avantage de ne pas manquer de clarté.

    Que Monsieur le Ministre me permette de citer l’article en question. Plusieurs constructeurs automobiles, incapables d’absorber les hausses actuelles par de nouveaux gains de productivité ou en demandant de nouveaux effort du côté des sous-traitants, ont commencé à relever leurs tarifs forcés de répercuter sur le consommateur dans un secteur hyper-concurrentiel les hausses des coûts auxquels ils sont confrontés : l’énergie mais aussi l’acier qui pèse de l’ordre de 5 % de la valeur globale d’un véhicule. Cette tendance lourde s’exprime aussi dans d’autres secteurs : c’est le consommateur final qui doit payer la facture finale, ce qui constitue un risque majeur non seulement au niveau du pouvoir d’achat mais aussi en termes d’inflation et d’une décroissance économique suite à un ralentissement de la demande.

    La rentabilité du secteur est-elle en danger ? Le secteur n’est pas seulement confronté aux prix qui explosent mais aussi aux contraintes d’une réelle pénurie physique d’acier. Notons au passage que le secteur automobile est à la base d’activités économiques multiples générant des emplois dans bon nombre de secteurs de sous-traitance. Toute hausse du prix les touchera donc aussi au moment où la vente d’automobiles viendrait à stagner parce que impayables pour de plus en plus de ménages coincés entre le revenu mensuel disponible et l’augmentation du coût de vie.

    Le déséquilibre entre l’offre déficiente et la demande est durable (surtout en Europe où les capacités de production sont au maximum pour certaines niches de marché) et, de ce fait, le prix d’une tonne d’acier a doublé en un an passant de 600 à 1.200 euros. C’est le constat fait par le Vice-Président de la Division automobile de la maison mère de Cockerill.

    Ce serait – me dit-on – loin d’être la seule explication. En effet, les sidérurgistes sont confrontés avec des prix de leurs propres matière premières, notamment le coke qui a fait un bond de 200 à 400 dollars la tonne alors qu’en même temps le minerai de fer ne finit pas de grimper.

    Une autre question s’impose : les consommateurs d’acier, nous dit le directeur d’Agoria, sont aux prises avec la concentration du secteur sidérurgique, quelques-uns étant d’ailleurs les maîtres du jeu et parmi eux Arcelor-Mittal. Monsieur le Ministre confirme-t-il son analyse ? Quelles en sont les conséquences pour notre économie wallonne et pour le consommateur final ?
  • Réponse du 29/09/2008
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Le prix des matières premières a fortement augmenté au cours des deux dernières années. Parmi celles-ci, ce sont les matières premières énergétiques (pétrole, électricité) et le prix de l'acier qui sont le plus souvent cités comme ayant connu une plus forte croissance.

    Cette hausse du prix des matières a eu un impact non négligeable sur l'évolution de certains secteurs d'activité, et notamment sur le secteur automobile et sur le secteur de la construction.

    Arcelor Mittal a récemment annoncé une hausse de 60% du prix de l'acier. Cette augmentation affecte de plein fouet le secteur de la construction et principalement les activités de génie civil, et donc les travaux publics. .

    Quant aux constructeurs automobiles, s'ils sont couverts par des contrats pour l'année 2008, ils devront faire face à la hausse en 2009. Ceci se traduira par des augmentations des prix des voitures et par une diminution des marges des constructeurs.

    Au-delà de la concentration du secteur sidérurgique, l'explication de ces augmentations est à rechercher dans la surchauffe que l'économie mondiale a connue au cours des derniers mois, notamment du fait de la forte croissance de la demande dans les pays émergents. Ce sont non seulement les secteurs précités qui sont touchés par ces hausses de prix, mais également l'ensemble de l'activité économique.

    L'inflation a atteint des niveaux élevés au cours des douze derniers mois, entraînant des incertitudes sur les marchés et obligeant la banque centrale européenne à relever ses taux d'intérêt.

    Après une période de surchauffe, l'économie est à présent confrontée à un ralentissement de la demande, qui risque d'avoir un impact négatif sur l'activité économique et surtout sur l'emploi.

    Malgré l'adaptation des salaires à l'index, (hors évolution des prix pétroliers, rappelons-le), la majorité des ménages à salaires bas ou même moyens ont de plus en plus de mal à faire face à l'augmentation du coût de la vie.

    Là où les Etats-Unis ont franchement opté pour le soutien de l'activité économique et de la consommation au détriment de la stabilité des prix, la banque centrale européenne semble plus mitigée, laissant la priorité à la lutte contre l'inflation. Il est vrai que l'environnement économique européen est différent de celui des Etats-Unis, nettement plus marqué par une dépendance externe, tant en amont (matières premières) qu'en aval (exportations).

    De ce fait, l'Europe dispose de moins de latitude que les Etats-Unis à laisser monter les prix dans les Etats membres concernés.

    Il serait trop facile d'attribuer les problèmes rencontrés par l'économie wallonne, comme par l'ensemble des économies européennes d'ailleurs, à la seule hausse de l'acier, et encore moins, à la concentration intervenue dans ce secteur. C'est l'ensemble de l'économie qui est malade suite aux spéculations intervenues sur le marché des matières premières.

    Espérons que les prix, et plus encore la production même d'acier, puissent se stabiliser à court terme. D'autant qu'à présent, l'essoufflement de l'économie se fait sentir, risquant d'entraîner avec lui un relent de récession économique.