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Les maçons.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 54 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 24/07/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à TARABELLA Marc, Ministre de la Formation

    Nous avons connu maintenant plusieurs années de croissance dans le secteur de la construction.

    Ceci a eu un impact sur l’évolution des entreprises et notamment sur l’emploi dans celles-ci.
    En même temps ; le nombre d’ouvriers disponibles sur le marché de l’emploi s’est vu fondre comme de la neige au soleil – de façon à ce qu’on parle aujourd’hui de pénurie de maçons.

    Le métier est en plus caractérisé par un roulement assez important. Ce qui aggrave dans certains cas le manque flagrant d’ouvriers.

    La formation dans ce métier peut être améliorée, notamment via la formation continue. En effet, le métier de maçon évolue avec le temps en ce qui concerne les qualifications demandées.

    De ce fait, plus la qualification demandée est importante, plus la demande en main d’œuvre reste souvent insatisfaite pendant des semaines, voire des mois.

    La meilleure formule de formation est celle des PFI.

    L’attractivité de la profession doit être améliorée, notamment chez les jeunes.

    N’est-il pas envisageable que la formation initiale du jeune comme maçon se fasse plutôt dans un cadre de formation en alternance ? A comparer, ce type de formation me paraît plus prometteur - tant sur le plan de la formation que sur le plan de l’emploi - pour ce métier que d’autres types de formation.

    Que faire pour motiver davantage de chômeurs à s’intéresser pour ce type d’activité ? Faut-il, le cas échéant, être un peu plus directif et offrir des formations qualifiantes aux chômeurs ? J’ai du mal à admettre que parmi des 200.000 chômeurs il y en ait si peu qui ne pourraient pas trouver un débouché dans ce métier.
  • Réponse du 19/08/2008
    • de TARABELLA Marc

    N'est-il pas envisageable que la formation initiale du jeune comme maçon se fasse plutôt dans un cadre de formation en alternance?

    L'honorable Membre a entièrement raison. La formation en alternance pour les jeunes encore soumis à l'obligation scolaire est tout à fait adaptée à l'apprentissage de certains métiers. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai entrepris de revaloriser cette filière: un projet d'accord de coopération entre la Région wallonne, la Communauté française et le COCOF est en cours d'élaboration et devrait parvenir au Parlement wallon dès l'automne.

    Pour ce qui concerne les jeunes adultes (18-25 ans), deux formules d'apprentissage en entreprise sont privilégiées, à savoir le «Régime Apprentissage Construction» (RAC), qui est une mesure sectorielle mise en œuvre avec le Forem et le PFI, que l'honorable Membre cite, mais surtout sa récente adaptation au public jeune (PFI Jeunes).

    En 2005, 408 stagiaires « RAC » ont été pris en charge par le Forem.
    En 2007, ils étaient plus de 600.
    En 2008, au 30 juin, leur nombre s'élevait déjà à 388.

    Le tableau n°1 en annexe apporte quant à lui les données concernant les dossiers PFI pour le métier de maçon.

    Pour ce qui concerne le réseau de l'IFAPME, chaque année, une moyenne de trois cents jeunes apprentis choisissent la formation de maçon et une bonne centaine d'adultes débutent une année préparatoire pour rejoindre les effectifs globaux des sections de maçon (environ 800 apprenants). Il faut noter que le taux d'insertion pour ce métier est particulièrement élevé: de l'ordre de 90%.

    Que faire pour motiver davantage de chômeurs à s'intéresser à ce type d'activité?

    La perception négative du secteur est un élément explicatif de nombreuses difficultés (de recrutement, d'alimentation des filières de formation, de mobilisation des demandeurs d'emplois), ce qui implique d'agir sur l'image de ses métiers et de rétablir certaines vérités les concernant.

    Le Forem participe à la mise en visibilité des métiers du secteur et des opportunités d'emploi ainsi qu'à la mobilisation des demandeurs d'emploi, notamment dans le cadre des actions Job Focus : Communications presse Vers l'Avenir, Sud Presse, Vivacité et ce, pour les métiers de maçon, d'électricien installateur, couvreur, coffreur, installateur sani-chauffagiste.

    De plus, le récent projet Skills Belgium auquel s'associe le Forem relève du même objectif d'amélioration de l'image des métiers, notamment de la construction. Un jeune wallon a d'ailleurs concouru dans l'épreuve de maçonnerie du dernier Mondial des métiers au Japon.

    En partenariat avec la Confédération de la Construction wallonne (CCW), initiatrice du groupement Perle1, le FFC, le Forem et l'IFAPME entre autres participent également activement à d'autres actions:

    - un DVD Rom interactif sur les métiers de la Construction, à destination principalement des jeunes en fin d'études primaires;
    - des journées techniques de découverte des métiers pour les écoles, à l'initiative du secteur ou dans le cadre du projet Technikids qui, depuis cette année, s'étend notamment à la Construction et à la filière bois;
    - des journées chantiers ouverts qui attirent un public de plus en plus nombreux ;
    - des portes ouvertes organisées régulièrement dans les centres de formation dédicacés aux métiers du secteur;
    - des actions telles que la Quinzaine de la Construction avec pour objet de baliser l'ensemble du processus « information-formation-insertion» ;
    - des outils à destination des opérateurs d'orientation, notamment sur la gestion de la Diversité (la Charte Diversité vient d'ailleurs d'être signée avec le secteur) ;
    - des stages découvertes métiers de la construction pour les élèves de fin d'école primaire organisés par l'IFAPME ainsi que, depuis trois ans au centre PME de Charleroi, des stages d'été pour un public de 8-12 ans organisés sur le principe des « stages sportifs» ;
    - un stand d'information « Startech » sur les festivals de musique au cours de cet été: Les Ardentes, Les Francofolies et Dour.

    Toutes ces actions ont pour objet d'agir sur le long terme, afin de modifier notablement les stéréotypes ancrés en profondeur dans l'esprit de la population: métiers durs, sales, exigeant de la force physique, filière de relégation après nombre d'expériences négatives.

    Nous voyons cependant déjà apparaître :

    - une modification dans l'approche, de plus en plus positive, qu'en ont les jeunes;
    - un intérêt manifeste aux techniques qui sont présentées;
    - un accueil aux arguments de développement et d'épanouissement personnel;
    - une meilleure perception de la place importante qu'occupent ces métiers dans le contexte socio-économique.

    Une consolidation permanente est cependant nécessaire, un langage vrai doit être utilisé et une coordination globale doit être assurée. Dès lors, le Gouvernement wallon a confié cette mission à Skills Belgium. Une approche intégrant une autre vision du monde des métiers manuels et techniques est ainsi mise en place et des événements et campagnes de communication sont lancés comme récemment avec l'intervention des Startechs dans les gares des grandes villes wallonnes ainsi qu'à Bruxelles en avril dernier.

    Faut-il, le cas échéant être un peu plus directif et offrir des formations qualifiantes aux chômeurs?

    La question de l'honorable Membre reflète en elle-même toute la complexité du problème évoqué. Comment, en effet, arriver à concilier une approche plus directive (sachant qu'une personne qui entre en formation avec des « pieds de plomb» n'est pas nécessairement le candidat idéal pour s'insérer ultérieurement dans la profession visée) avec un discours mobilisateur sur la pertinence et la qualité des formations qualifiantes proposées?

    Quoi qu'il en soit, on peut à ce jour noter les éléments suivants:

    - un demandeur d'emploi qui refuserait sans motif valable toute action (y compris de formation) visant à le réinsérer dans l'emploi s'expose clairement à des sanctions de l'ONEM ;
    - toutefois, si les demandeurs d'emploi sont aujourd'hui plus encouragés que par le passé à s'investir dans des actions de formation professionnelle, le choix de la formation doit être posé par le candidat lui-même, après avoir été dûment informé et orienté, voire bilanté ;
    - la formation professionnelle pour adultes (en centres de formation) rencontre toujours un grand succès, en particulier dans les métiers de la construction.
    Pour ce qui concerne plus particulièrement la formation au métier de maçon voir tableau en annexe)
    - enfin, grâce à la convention liant le Forem à l'IFAPME pour les actions pénuries (Plan Marshall), des formations sont organisées à l'intention des demandeurs d'emploi et des actions de formation avec les Mire et Forem conseil sont mises en place sur demande.

    Quid d'une formation améliorée via la formation continue à l'IFAPME?

    Les techniques de maçonnerie mais surtout le rôle du maçon ont fortement évolué ces dernières années. Avec la prise en compte croissante du respect de la performance énergétique des bâtiments, le métier de maçon ne consiste plus à simplement élever des murs stables et étanches mais davantage à garantir une exécution parfaite prenant en compte l'ensemble des phénomènes thermiques.

    De nouvelles techniques de construction ont également vu le jour ces dernières années telles que: maçonnerie de parement collé, blocs béton collé, crochet d'ancrage adapté aux épaisseurs des nouveaux isolants, etc.

    A l'IFAPME, ces nouveaux défis ont été très rapidement pris en compte aussi bien dans la formation de base en apprentissage qu'en formation chef d'entreprise. Grâce au partenariat avec le Fonds de la Formation de la Construction (FFC) et la Confédération de la Construction wallonne (CCW), l'IFAPME organise annuellement une moyenne de 16.000 heures de formation/travailleur. Ces formations visent à relever le niveau de compétences des ouvriers afin qu'ils acquièrent une parfaite autonomie et un pouvoir d'analyse face aux travaux à réaliser. La formation aux nouvelles techniques est également fortement demandée par les entreprises pour leurs travailleurs.
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    1 Le concours PERLE fait partie d'un ensemble d'actions que le secteur de la construction met en œuvre pour favoriser une meilleure image de marque des métiers de la construction afin d'attirer les jeunes dans le secteur.