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Ou commence la pauvreté ?

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 233 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 24/07/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à DONFUT Didier, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    En Région wallonne , une personne sur sept doit être considérée comme pauvre. Presque 90 % des gens en risque de pauvreté sont inactifs (chômeurs, pensionnés, ...) sur le plan professionnel. La plupart d’entre eux sont locataires, isolés ou avec enfants.

    Selon le SPF Economie, le seuil de pauvreté commence à 822 euros/mois pour un isolé. Pour une famille avec deux enfants en-dessous de 14 ans, il est de 1.726 euros (soit 822 euros pour le premier adulte, de 0.5 x 822 euros pour le deuxième adulte et de 0.3 x 822 euros pour les enfants). Théorique ?

    Pas du tout ! Les ménages qui déclarent ces revenus sont davantage des femmes (53.2 % alors qu’elles représentent 50.8 % de la population) et parmi elles les familles monoparentales (avec 14 %) sur-représentées parmi les pauvres alors qu’elles représentent 6 % des ménages.

    L’étude du SPF Economie met aussi en évidence le phénomène de transmission sociologique de la pauvreté, de génération en génération.

    Ainsi et par la force de la situation, les habitudes de consommation des ménages pauvres diffèrent largement de celles des ménages à revenu aisé. Et les différences ne concernent pas seulement les domaines non indispensables tels que les voyages ou les articles de luxe. Elles concernent notamment les domaines qui doivent être considérés comme faisant partie des domaines élémentaires tels que la nourriture, les boissons, la santé, le chauffage, le loyer, la mobilité, l’école, ...

    Je souhaite que Monsieur le Ministre aborde le phénomène de la pauvreté à travers ce dernier angle de vue en nous décrivant de quelle manière un engagement plus fort de la Région wallonne en ce qui concerne l’information et la protection du consommateur peut contribuer à réconforter les ménages en précarité ou en risque de précarité.
  • Réponse du 10/09/2008
    • de DONFUT Didier

    J'ai l'honneur d’informer l’honorable Membre que le SPF Economie organise la régulation et l'organisation du marché entre consommateurs et entreprises. Ce service fédéral qui vise la protection des consommateurs :

    - met au point le suivi et l'évaluation de la politique de protection du consommateur, tant au niveau national qu'international;
    - veille à la mise au point et au suivi de législations spécifiques;
    - assure la promotion du règlement extra-judiciaire des litiges de consommation.

    En Région wallonne, l'aspect protection du consommateur que l’honorable Membre évoque régulièrement dans ses questions se révèle indirectement, au travers de la mission de prévention du surendettement, politique essentiellement remédiatrice au travers des compétences que j'exerce: elle a été intégrée au sein du travail accompli dans les structures existantes.

    La mission de prévention de proximité est réalisée par les groupes d'appui qui se mettent en mouvement à l'initiative des services de médiation de dettes et par les centres de référence directement.

    L'Observatoire du crédit et de l'endettement donne quant à lui une formation spécifique à destination des animateurs des groupes d'appui de prévention du surendettement et participe à l'élaboration d'un programme de prévention du surendettement global pour la Région wallonne.

    L'action de prévention générale doit cibler le monde des travailleurs, les personnes confrontées aux difficultés de gestion budgétaire et de surendettement et les personnes qui ont quitté le cercle infernal du surendettement et qui doivent renforcer leurs capacités pour éviter toute rechute face aux pièges du crédit ou modifier leur comportement de consommateur.

    En ce qui concerne l'ouverture à un public plus large, tout public intéressé par la gestion budgétaire a déjà la possibilité d'intégrer un groupe d'appui pour la prévention du surendettement.

    A ces mesures, il faut associer le programme du Crédit social accompagné développé en Région wallonne par l'ASBL Osiris-Credal Plus. Cet outil est un moyen de prévention au surendettement car il permet l'accès au crédit pour des familles en difficulté dans un programme d'utilité sociale, mais avec des risques financiers mesurés et limités.

    L’honorable Membre évoque « la transmission sociologique de la pauvreté».

    La situation économique et sociale de la Wallonie nécessite que chaque citoyen participe au redéploiement et dans ce contexte puisse s'entourer des chances et moyens qui le placeront dans une situation de dignité.

    Les centres de référence sont régulièrement sollicités pour dispenser une animation auprès des écoles et autres services en charge de jeunes. Bien que ce ne soit pas l'objet principal de leurs missions, ils devraient pouvoir apporter des outils pédagogiques aux personnes relais que sont les enseignants et les animateurs, proches d'un public jeune consommateur, pour développer:

    - une bonne information sur les risques du crédit et les attitudes responsables en tant que consommateur pour éviter à la fois toute reproduction de comportement inadéquat mais aussi éveiller aux pièges de la communication intensive dans les offres « alléchantes» ;
    - pour que chaque acte de consommateur soit précédé d'une mûre réflexion voire que chaque dépense soit vécue comme une nécessité pour le projet de vie raisonné par rapport aux envies;
    - pour une prise de conscience que chaque crédit ou chaque dépense doit être adapté(e) sans déséquilibrer le budget de la personne ou de la famille;
    - pour aider à la transparence des échanges entre consommateurs et prescripteurs de crédit ;
    - pour viser la qualité des conseils qui peuvent participer à la prévention de l'endettement et du surendettement ;
    - pour renforcer les actes ou capacités de résistance de ces jeunes face « aux violences invisibles» qu'exercent certaines publicités, le marketing, ...

    La méthodologie à développer auprès du public de jeunes doit être proactive car elle doit le mettre en situation, même fictive, d'être un consommateur et lui faire prendre conscience de la responsabilité et des impacts de ses choix, mais aussi des imprévus de la vie à devoir assumer. Elle doit conduire à la prise de conscience, la compréhension et la décision raisonnable à la suite d'une analyse budgétaire projetée dans le temps.

    La méthode peut associer la dimension psychologique de l'individu, son contexte économico-financier et son image sociale en tant que consommateur.

    Aborder la gestion budgétaire, les éléments qui la composent, dont le coût de la vie et les revenus, les risques que tout consommateur encourt peut permettre d'aider à déployer des attitudes responsables et désamorcer le déclenchement d'une spirale vers l'endettement.

    L'exercice de traduction sur les économies susceptibles ou non d'être réalisées ou à réaliser, sur les dépenses évitables ou à éviter, sur les recettes certaines ou aléatoires, apporte une vision, une comparaison dans chaque situation qui a un impact soit de dissuasion positive, soit de réorientation plus raisonnable admissible par le consommateur.

    Des outils existent au sein des centres de référence et de leurs partenaires, ils peuvent être développés, reproduits et diffusés. Dès lors, des partenaires oeuvrant en matière de prévention générale sont enclins à collaborer pour toucher directement les professionnels qui assurent l'accompagnement des jeunes et qui peuvent ainsi dispenser l'information, les conseils et développer des méthodes adaptées au public qui fréquente leurs services.

    Les centres de jeunes et organisations de jeunesse favorisent la citoyenneté active, critique, solidaire et responsable des jeunes. Ces services soutiennent et suscitent par et pour les jeunes des actions visant des changements sociaux, culturels et économiques. Ils contribuent ainsi à renforcer les potentialités des jeunes en favorisant leur participation individuelle et collective au travers d'apprentissages.

    L'enseignement obligatoire quant à lui vise à promouvoir le développement de la personne qu'est le jeune. Il l'aide à s'approprier les savoirs, à acquérir les compétences pour appréhender la vie et avoir une place active dans la vie économique, sociale et culturelle. Il prépare le jeune à devenir un citoyen responsable et l'aide à réunir les chances de son émancipation sociale.

    Quant aux actions développées dans les AMO dans le secteur de l'Aide à la Jeunesse, elles visent l'épanouissement du jeune dans son environnement social et familial afin de prévenir ou d'enrayer toute situation de rupture, avec cet environnement. Les services d'aide en milieu ouvert travaillent dans une logique préventive et offrent une forme d'aide positive et émancipatrice: il s'agit de donner aux jeunes qui le demandent, l'acceptent, la possibilité de participer à la vie qui les entoure, de pouvoir faire des choix, de trouver ou retrouver les conditions de leur épanouissement personnel. Le travail des AMO consiste donc à accompagner des jeunes, leurs familles afin qu'ils découvrent leurs ressources et celles de leur environnement et qu'ils puissent les utiliser pour dépasser les difficultés qu'ils rencontrent, Les services d'aide en milieu ouvert mettent en œuvre des projets individuels, collectifs ou communautaires.

    Tant la Région wallonne (à laquelle s'associe la VSZ) que la Communauté Française, au travers des compétences et secteurs précités, vont tenter de réunir les moyens et mesures nécessaires à lutter contre toutes les formes d'exclusion de ce public jeune. C'est donc naturellement que ces secteurs sont appelés à collaborer et que les Gouvernements wallons et de la Communauté Française ont souscrit un protocole de collaboration

    Le programme se coordonnera dès septembre 2008, sous l'égide de l'Action sociale - secteur surendettement -, avec les secteurs des Centres de jeunes, des Organisations de jeunesse, les organes de représentation et de coordination des pouvoirs organisateurs de l'enseignement secondaire et de l'Aide à la Jeunesse via les services d'aide en milieu ouvert pour apporter une plus value dans la lutte contre le surendettement.

    Donner de l'ampleur au projet, en raison du nombre croissant de situations évoquées, et des jeunes déjà confrontés directement ou via leur milieu familial ou social à des difficultés de gestion budgétaire ou de crédit, nécessite une action réfléchie entre les partenaires:

    - sur la participation des secteurs, chacun avec le public qui le concerne en respectant les méthodes de travail et les conditions dans lequel chacun exerce;
    - sur l'équipe de professionnels (Centres de référence) qui visera, par cette approche, à souligner la dimension sociale du surendettement et à dispenser les outils et l'information aux personnes relais (enseignants, animateurs, éducateurs .. ) ;
    - sur la constitution d'un comité de suivi qui établit actuellement le programme, et devra évaluer la mise en œuvre et le cas échéant l'adapter aux évolutions des secteurs.

    Chaque partenaire, chacun dans le métier qui est le sien, devra être en mesure de toucher l'ensemble des travailleurs professionnels de ses départements ou les secteurs qu'il souhaite privilégier compte tenu de priorités et, au travers eux, le public des jeunes consommateurs pour que celui-ci tourné vers l'avenir, puisse adopter une consommation adéquate et raisonnée.

    J'ose espérer avoir répondu à la question de l’honorable Membre en démontrant un engagement réel et important de la Région wallonne dans le secteur qui n'est pourtant pas le sien de la protection des consommateurs qui deviendront, je l'espère, des consommateurs éclairés!

    Pour renforcer encore le travail de prévention, et en primeur d'ailleurs, j’informe l’honorable Membre qu'avant la fin de cette année, je lance une large campagne d'information de lutte contre le surendettement dont je finalise les modalités.