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Tricastin.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 622 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 28/07/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    Lors de différents débats concernant la dépendance de la Région wallonne à l’égard des importations d’énergie, j'ai entendu Monsieur le Ministre dire que nous importons de l’électricité alors que la France serait autonome en la matière grâce à son engagement dans le nucléaire. De façon spontanée, je lui répondais que l’indépendance est chère payée parce que la France a du interdire l’accès du public à des paysages et à une rivière probablement contaminés par de la radioactivité (cobalt 58). Ce que je ne savais pas, c’est que le prix de cette indépendance risque d’être encore plus important : en effet, je lis dans la presse allemande qu’environ 100 collaborateurs du réacteur en panne ont été contaminés « de façon légère », disent les producteurs d’électricité. Il n’empêche que des experts se penchent maintenant sur le sujet.

    Selon le Groupement de scientifiques pour l'information sur l'énergie nucléaire (GSIEN), environ 150 incidents de ce genre sur un total de 800 ont un impact sur l’être humain. Ainsi, l’instance de contrôle nucléaire (ASN) aurait classé l’incident de Tricastin à un niveau 0 sur une échelle de 0 à 7. Ainsi, ils apaisent les craintes en diffusant que la dose de radioactivité qui a touché les collaborateurs serait « insignifiante ».

    Ce qu’ils ne disent pas c’est qu’il s’agit du quatrième incident dans le même réacteur intervenu les dernières semaines. 74 kg d’uranium ont contaminé les rivières il y a deux semaines. La semaine dernière, 15 collaborateurs ont été contaminés lors d’une inspection. Jeudi dernier, un tuyau de canalisation a été détecté après avoir laissé s'échapper entre 120 et 800 g d’uranium. Et maintenant l’incident dont il est question dans la présente question.

    Les viniculteurs s’inquiètent. En effet, Tricastin concerne la région de Rhône. Le nucléaire et les bons vins de qualité : ce sont deux paires de chaussures. Les viniculteurs proposent donc de changer d’étiquette « Côteaux de Tricastin », tout en gardant le contenu.

    La France souhaite conforter sa position de leadership en matière d’énergie nucléaire. D’autres réacteurs sont programmés ou en voie de construction. D’autres enfin seront exportés. Et nous importons cette énergie, comme l’Italie qui, depuis le retour de Berlusconi, construira de nouveaux réacteurs de la nouvelle génération.

    Vu les risques liés à l’énergie nucléaire, n’avons-nous pas le devoir de réduire notre dépendance à l’égard des importations énergétiques en amplifiant les efforts en matière d’énergie alternative (l’argument du coût ne vaut pas dans une comparaison avec les nouvelles centrales nucléaires) ?
  • Réponse du 18/09/2008
    • de ANTOINE André

    J'aimerais tout d'abord rappeler que la Région wallonne a doublé sa production d'énergie verte entre 2004 et 2007 et que si la croissance se poursuit, nous allons, comme le prévoit le régulateur la CWaPE, dépasser l'objectif qu'avait fixé mon prédécesseur. Le développement spectaculaire des énergies renouvelables en Région wallonne ne peut pas, seul, permettre de se passer du nucléaire existant. Et comme l'honorable Membre me l'a justement fait remarquer, à plusieurs reprises ces dernières semaines, le développement de l'électricité d'origine renouvelable pèse de plus en plus dans la facture du consommateur.

    Le nucléaire, c'est environ 55 % de l'électricité en Belgique. L'électricité renouvelable, si tout le potentiel était exploité sans se soucier du prix à payer, pourrait nous fournir tout au plus 20 % selon les plus pessimistes à environ 35 % de notre électricité selon les plus optimistes. Il n'y a donc pas de solution miracle au problème énergétique, nous devons continuer à la fois une vigoureuse politique d'amélioration de l'efficience énergétique dans tous les secteurs de la consommation, un développement de ses ressources en énergie renouvelable pour atteindre les objectifs fixés par l'Union européenne et enfin promouvoir la recherche/développement de produits et procédés plus performants.

    Même des politiques régionales ambitieuses en la matière menées simultanément à Bruxelles en Flandre et en Wallonie, qui est pour l'instant la Région le plus performante tant pour l'utilisation de l'énergie que pour la proportion d'électricité verte produite, ne permettront pas de clore définitivement le chapitre du nucléaire en Belgique sans faire, au niveau fédéral, des choix stratégiques.