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Terres contaminées.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 533 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 28/07/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Selon la FWA, près de 25 % des terres seraient contaminées par des nématodes. Et la contamination se propage des champs touchés vers les terres saines.

    Ceci provoquerait, à terme (dans 10 ans ?), une perte allant jusqu’à 50 % de la récolte de pommes de terre, aliment de base.

    Que faire ? Utiliser un nématicide ? Accroître les délais d’attente entre deux cultures (et de combien d’années : 4 ans, 6 ans, comme le prévoit la directive européenne, 7 ans) ?

    Les deux solutions ont des avantages et des inconvénients. La première ne permet pas d’éradiquer totalement les vers. La deuxième réduit fortement les surfaces cultivables.

    En attendant, la Belgique réagit comme elle le fait couramment dans des cas pareils : elle décide d’intensifier …. les recherches pour mieux comprendre.

    Quelle solution Monsieur le Ministre propose-t-il ?
  • Réponse provisoire du 25/08/2008
    • de LUTGEN Benoît

    A l'heure actuelle, l'ensemble des renseignements nécessaires pour répondre de manière précise et circonstanciée à la question de l'honorable Membre ne m'ont pas encore été complètement communiqués.

    Je ne manquerai pas de les transmettre à l'honorable Membre dès que j'en aurai pris possession.
  • Réponse du 05/09/2008
    • de LUTGEN Benoît

    Le nématode à kystes de la pomme de terre est un ravageur connu. En Belgique en particulier, il a été détecté pour la première fois en 1946 en Flandre. Depuis, les détections sont fréquentes et liées surtout au retour fréquent des pommes de terre dans la rotation. Ainsi ce ravageur est-il souvent retrouvé en particulier dans les jardins potagers.

    Il s'agit d'un ver microscopique qui parasite des plantes de la famille des solanacées. Il forme sur les racines des kystes, de la taille d'une épingle, qui contiennent des œufs et des larves. Ces kystes peuvent persister dans le sol pendant de nombreuses années mais leur vitesse de dispersion au sein d'une parcelle est lente (foyers de taille limitée dans une parcelle). Ce n'est donc pas une maladie qui se disperse annuellement de manière rapide comme le mildiou. Le nématode à kystes est déclaré organisme de quarantaine par l'Europe.

    La dispersion est principalement réalisée par le transport de sol et/ou de matériel végétal auquel adhèrent des particules de sol contaminées par des kystes. De ce fait, en Belgique, les parcelles de multiplication de plants de pomme de terre sont rigoureusement contrôlées (action conjointe AFSCA et DGA) par analyse systématique d'échantillons de sol de toutes les parcelles avant implantation de la culture.

    Un projet de recherche financé par le SPF Santé Publique regroupant différentes institutions de Recherche et de Développement du nord et du sud du pays (ILVO Gand, PCA Kruishoutem, SPB Heverlee, CARAH Ath, CRA-W Gembloux) est en cours pour évaluer la prévalence des nématodes à kystes de la pomme de terre à l'échelle du pays, ainsi que pour circonscrire les risques de dispersion (via le sol, les lots de pommes de terre, les effluents de traitement des unités de conditionnement et de transformation des pommes de terres, ... ).

    Cette étude, élaborée en concertation avec l'AFSCA, a pour but d'aider à préparer la Belgique à répondre aux exigences de la nouvelle directive européenne en matière de lutte contre les nématodes à kystes de la pomme de terre qui rentrera en application le 1er juillet 2010.

    En parallèle à ce projet, un groupe de travail réunissant les partenaires de la recherche déjà cités, ainsi que la FIWAP, les associations agricoles (FWA, ABS, Boerenbond) et l'AFSCA, a pour mission d'assurer la sensibilisation de la profession et la mise en œuvre pratique des mesures culturales préventives pour lutter contre ce ravageur.

    Les chiffres annoncés de 25 % de surface contaminée et de 50 % de perte de rendement doivent être relativisés.

    Le degré de contamination est lié directement à l'intensification de la culture. C'est pourquoi les zones de culture avec rotation courte incluant la pomme de terre (de un à trois ans), comme en Flandre occidentale en particulier, sont les plus à risques quant à la multiplication des nématodes et au risque de dispersion. La surface des terres contaminées en Belgique n'est pas encore connue avec précision. Cette donnée sera acquise fin 2009 à l'issue de l'étude en cours.

    Le risque de perte potentielle de rendement de 50 % mentionné dans la presse est correct, mais ne concerne évidemment que les foyers localisés dans les parcelles présentant un taux d'infestation élevé. Par ailleurs, il faut préciser que, dans la littérature, cette valeur est principalement décrite pour une situation de monoculture de pomme de terre après une dizaine d'années. Une telle situation n'est évidemment pas rencontrée dans la zone de culture de la pomme de terre en Belgique puisqu'il est interdit de cultiver la pomme de terre deux années de suite sur la même parcelle. Il faut aussi garder à l'esprit qu'en l'absence de culture de pommes de terre, la décroissance de l'infestation par les kystes de nématodes est de l'ordre de 30% par an. C'est pourquoi la mesure préventive du respect d'une rotation longue (quatre à cinq ans minimum) a tout son sens pour limiter le développement du ravageur. Il faut savoir aussi que (à l'exception de la Bintje) un grand nombre de variétés actuelles de pomme de terre offrent une bonne résistance au Globodera rostochiensis (le plus répandu). La vigilance reste par contre de mise pour le Globodera pallida (beaucoup moins répandu) pour lequel on ne dispose que de peu de variétés résistantes à l'heure actuelle.

    En ce qui concerne les effets sur le rendement, à l'échelle de la parcelle agricole, il n'est pas simple de détecter les pertes potentielles de rendement attribuables spécifiquement aux nématodes, suite à l'interaction avec d'autres facteurs, et étant donné les plages limitées concernées en parcelle contaminée. A l'échelle régionale ou fédérale, le problème n'étant pas nouveau, il n'y a aucune raison de penser que les fluctuations de rendements des dernières années portent la trace d'une aggravation de l'effet du nématode à kystes. A titre indicatif, sur base de prélèvements réguliers réalisés à travers toute la Wallonie, les rendements moyens des dernières années sont les suivants (variété Bintje représentant près de 70 % des surfaces de pomme de terre de consommation - source:
    Centre Pilote Pomme de terre - rendements sortie champ) :
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    2003 2004 2005 2006 2007
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    Rendement final
    Bintje (tonnes/ha) 45 49 47 47 54
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    Enfin, ajoutons que les nématodes à kystes n'ont aucune incidence en matière de sécurité.