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Les séjours de vacances "enfants non admis"

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 547 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 18/08/2008
    • de TILLIEUX Eliane
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme
    Il me revient par voie de presse qu'un nouveau type de séjour de vacances voit le jour et connaît un succès grandissant, en Belgique et ailleurs.

    Le type de séjour visé ici concerne des vacances réservées à une clientèle adulte. De plus en plus d'agences de voyage et d'établissements touristiques proposent en effet des formules de séjours « enfants non admis ».

    Concrètement, on peut lire dans des brochures de tours opérateurs des offres explicites «adults only ». Cette pratique née dans les années nonante dans les Caraïbes est aujourd'hui largement répandue dans les destinations touristiques, comme par exemple en Grèce ou au Mexique.

    Lorsqu'un hôtel ne pratique pas l'exclusion de manière explicite, il arrive également que les familles avec enfants soient acceptées mais confinées dans une aile séparée de l'hôtel et maintenues à l'écart des autres clients. Dans ce cas, deux espaces (restaurants, piscines, etc.) coexistent dans un même établissement.

    Il s'agit donc purement et simplement d'exclusion ou de mise à l'écart d'un groupe social, et donc de ségrégation sociale. On connaît par exemple la tristement célèbre ségrégation sur base de la couleur de la peau ou sur base de la religion. Aujourd'hui, l'exclusion parce qu'on est ou pas un enfant semble prendre le relais.

    Depuis toujours, je considère l'émancipation de l'individu comme un facteur essentiel du bien-être social. Par conséquent nous ne pouvons demeurer passifs et nous avons le devoir moral de nous élever contre ce phénomène.

    La presse flamande a rendu compte de l'existence sur le territoire flamand de formules de vacances « enfants non admis ». Par l'intermédiaire de cette question, je souhaite tout d'abord savoir ce que Monsieur le Ministre pense de cette pratique. Ensuite, Monsieur le Ministre peut-il me dire s'il existe en Région wallonne des établissements touristiques « enfants non admis» et des agences proposant des formules de voyages de ce type? Si tel est le cas, que compte faire Monsieur le Ministre pour enrayer cette maladie sociétale.

  • Réponse du 15/09/2008
    • de ANTOINE André

    A ma connaissance, il n'y a heureusement aucun établissement d'hébergement touristique situé en Région wallonne de langue française qui propose ce type de séjour "enfants non admis".

    Outre le caractère peu sympathique, voire choquant d'un tel concept, il y a même un aspect anti-promotionnel dans ce type d'interdiction : l'établissement qui proposerait cette sorte de séjour se couperait d'une partie importante de sa clientèle, vu la taille limitée du marché.

    En Belgique, il existe des formules non discriminatoires qui offrent aux touristes une alternative aux vacances plus traditionnelles : il s’agit des « fermes ressourcement » ou des « relais du silence ».

    A l'étranger, la situation est bien sûr différente en ce qui concerne certains hôtels ou clubs de vacances où "les enfants ne sont pas les bienvenus". Cela a toujours existé, notamment en France et dans le bassin méditerranéen. Pudiquement, certains exploitants précisent que par "pas bienvenus", il faut entendre : pas de menu enfant, pas de mini-club, pas d'activités sportives ou d'animation et parfois des chambres familiales éloignées des autres logements.

    Si le Commissariat général au Tourisme n'est pas compétent pour contrôler les produits vendus par les agences de voyages, simples revendeurs des produits des tour-opérateurs, il existe néanmoins une directive européenne, adoptée en 2000, qui interdit la discrimination sur base de la conviction religieuse ou philosophique, du handicap, de l’âge et de l’orientation sexuelle.

    En Belgique, cette directive a été transposée dans la législation nationale par la loi du 10 mai 2007 tendant à lutter contre certaines formes de discrimination, loi entrée en vigueur le 9 juin 2007. Celle-ci a une portée très large qui vise tous les domaines de la vie publique : l’accès aux biens et aux services (le logement, l’Horeca, les assurances, les commerces, …), l’emploi tant dans le secteur public que privé, la sécurité sociale et les soins de santé ou la participation à toute activité, qu’elle soit économique, sociale, culturelle ou politique, pour autant qu’elle soit ouverte au public.

    L’application de cette loi ressort des compétences de l’Etat fédéral.