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Prime à la formation.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 239 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 09/09/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine

    Le Député Borsus avance une proposition que M. Kubla, le prédécesseur de Monsieur le Ministre, avait refusée catégoriquement. Il demande l’introduction d’une prime à la formation si un jeune choisit un métier en pénurie (employés de ménage, employés de restauration, responsables d’organisation, vendeurs, mécanicien en motocycles, infirmier …). Lors de la réforme les décrets concernant l’aide à l’investissement et l’aide à l’emploi, j’avais suggéré que la prime à l’embauche soit étendue aux entreprises qui s’engagent à prendre leur responsabilité pour former un jeune dans le cadre d’un contrat d’apprentissage. L’argument du Ministre Kubla consistait à dire que la Région wallonne n’est nullement compétente pour la formation initiale.

    Par ailleurs, la proposition cache la vérité. Elle fait croire que le problème de pénurie de travailleurs est uniquement une question de manque d’intérêt de la part des jeunes. Une partie du problème réside par exemple dans le fait que certains métiers sont trop peu attractifs, demandent une hyper-spécialisation, sont trop mal payés, ou encore présupposent la connaissance d’une ou de plusieurs langues supplémentaires. Une autre partie du problème réside dans la formation trop théorique et trop peu opérationnelle immédiatement à la fin des études. Or, ce que les entreprises demandent souvent, c’est que le jeune soit tout de suite opérationnel.

    Ensuite, la proposition de W. Borsus fait de la problématique de la pénurie en question la seule affaire du jeune et de l’école. Selon ma vision des choses et fort de l’expérience menée en Allemagne et en Communauté germanophone en ce qui concerne la formation en alternance, l’apprentissage de certains métiers a plus sa place dans l’entreprise (milieu qui correspond à la réalité du terrain) que dans l’école (milieu protégé et relativement artificiel en ce qui concerne l’acquisition de certaines compétences). Le patron qui a pu apprécier le jeune pendant sa formation ou encore l’esprit d’entreprendre que ce type de formation aura développé chez le jeune, contribueront bien plus à l’embauche du jeune (aussi dans les métiers en pénurie), voir à la création d’emplois que l’octroi de primes.

    Je pense donc que l’encouragement (à travers une prime à l’embauche) des patrons à participer plus activement à la formation des jeunes est plus une piste à suivre (aussi dans le contexte de la lutte contre la pénurie de travailleurs pour certains métiers) que l’octroi d’une prime dont l’effet va être de très courte durée et risquant d’induire des effets pervers dans d’autres filières de formation. Je suis convaincu que la formation du jeune dans l’entreprise contribuera mieux que certaines autres formations à lui procurer un emploi durable.

    Evidemment, ce type de politique nécessite la coopération entre les entités régionale et communautaire - ce qui sera de toute façon l’avenir portant le titre d’une fédération bi-régionale.

    Puis-je demander à Monsieur le Ministre d’examiner avec attention l’expérience faite en Communauté germanophone ? D’en dégager les avantages et les inconvénients et d’en tirer les conclusions qui permettent de rencontrer les objectifs du Plan Marshall ?
  • Réponse du 09/10/2008
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La formation en alternance relevant des compétences du Ministre de la Formation, je laisserai le soin à ce dernier de développer les axes essentiels de la réforme qu'il propose en la matière et qui sont très certainement une des réponses aux problèmes de pénuries de main-d'œuvre.

    Néanmoins, il m'apparaît important de rappeler que l'acquisition de compétences par le biais de la confrontation au monde de l'entreprise a sous-tendu plusieurs mesures prises tant pour lutter contre les pénuries de main-d'œuvre que pour favoriser l'emploi des jeunes.

    J'évoquerai ici, plus particulièrement, trois mesures relevant de mes compétences directes.

    1° Le Programme de transition professionnelle (PTP), dont l'objectif est double: répondre à des besoins sociaux et sociétaux insuffisamment rencontrés et offrir à un demandeur d'emploi de longue durée, pendant 2 ans, voire 3, un emploi tremplin dans le secteur non marchand, assorti d'une formation obligatoire d'une durée de 30 à 45 jours par an. Près de 5 000 travailleurs sont concernés par ce dispositif.

    2° Le Plan formation insertion (PFI), qui vise à soutenir financièrement une entreprise qui s'engage à former un demandeur d'emploi, à lui permettre d'acquérir les compétences nécessaires pour contribuer à la productivité de l'entreprise et à conclure ensuite un contrat de travail avec lui pour une durée au moins équivalente à la durée de l'aide accordée pendant la formation, celle-ci pouvant s'étendre jusqu'à 52 semaines en ce qui concerne les moins de 25 ans ne disposant pas d'un certificat de l'enseignement secondaire supérieur. Entre le 1er janvier et le 31 août 2008, 1.061 jeunes ont bénéficié de ce dispositif de formation et d'insertion sur le marché du travail.

    3° L'APE Jeune, qui est un dispositif d'aide à l'emploi visant à favoriser l'engagement des jeunes peu qualifiés (disposant au maximum du certificat de l'enseignement supérieur) au sein des TPE et des PME. Cette aide octroyée aux entreprises vise à compenser le manque de productivité du jeune durant les 2 voire les 3 premières années de son engagement par l'entreprise et à permettre à cette dernière d'encadrer le jeune pour qu'il engrange des compétences techniques et professionnelles. Le dispositif, lancé dans le cadre du Plan Marshall, a effectivement vraiment démarré début 2008 et, à ce jour, 545 jeunes ont été engagés ou devraient l'être dans les 6 mois au sein de près de 300 entreprises. Ces résultats fort prometteurs laissent augurer que l'objectif des 1.000 jeunes peu qualifiés, insérés dans les TPE et PME d'ici fin 2009, sera largement atteint.

    Ces trois mesures développées, voire initiées en ce qui concerne le PFI jeune et l'APE jeune, dans la dynamique du Plan Marshall s'appuient sur le constat que, pour certains publics, et notamment les publics fragilisés, les compétences et l'employabilité peuvent utilement se développer au sein de l'entreprise, parfois mieux et plus efficacement que dans un circuit plus formel d'enseignement ou de formation et permettent! en outre, de répondre à des pénuries de main d'œuvre objectivées. Le succès de la mesure APE jeune dans le secteur de la construction en est une preuve.