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La pauvreté encore en progression.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2008
  • N° : 242 (2007-2008) 1

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  • Question écrite du 19/09/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à DONFUT Didier, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Citons la presse verviétoise ! Elle a fait largement écho d’un fléau social qui fait tache d’encre.

    En 2007, l’arrondissement de Verviers, communes germanophones comprises, a enregistré une hausse globale de 5,2 % du nombre de bénéficiaires du Droit à l’intégration sociale(DIS) par rapport à 2005. Signe que la précarité et la pauvreté sont malheureusement toujours en progression.

    Le premier enseignement est la concentration de la précarité en zone urbaine, essentiellement à Verviers et à Dison. La progression reste importante à Verviers (+13 % entre 2005 et 2007) tandis que Dison affiche une certaine stabilisation avec une progression de moins d’1 % entre les deux dates. Force est cependant de constater que Dison, avec 373 bénéficiaires du DIS sur une population totale de 14.407 personnes et une population d’âge actif (18-64 ans) de 8.566 personnes, affiche par rapport à cette population d’âge actif un taux supérieur à la moyenne des grandes villes de Wallonie : 4,35% contre 3,74% pour l’ensemble des grandes villes.

    Avec 293 bénéficiaires du DIS en 2007, Eupen pointe à la troisième place du tableau, en valeur absolue (sa population est plus importante que celle de Dison, par exemple). La progression par rapport à 2005 est relativement importante : 23,6 %, soit plus de 10 % de plus que la progression verviétoise.

    Avec 92 bénéficiaires, Malmédy enregistre quant à elle une progression de 15,3 % en 2007 par rapport à 2005.

    On notera enfin, et de manière générale, que les femmes et les jeunes sont « sur-représentés » parmi les bénéficiaires du DIS, tant par rapport à l’ensemble des bénéficiaires du DIS que par rapport à la population d’âge actif. Monsieur le Ministre confirme t-il ces observations ?

    Si j’ai repris les statistiques de quelques villes de taille moyenne ou petite et de communes rurales proches ou éloignés des villes, c’est pour illustrer que le phénomène gagne du terrain partout, même si on doit encore constater une concentration en milieu urbain. Il est fort probable que dans les entités rurales et moins peuplées, le phénomène existe d’une façon plus importante que les chiffres ne laissent croire. On observe souvent que les personnes concernées essayent de cacher leur situation devant les autres.

    Monsieur le Ministre confirme-t-il que la dualisation de notre société s’amplifie partout – dans les centres urbains comme dans les communes profondément rurales ? De quelle manière touche-t-elle les enfants et les jeunes ? Il est grand temps de corriger cette tendance en commençant par les ménages mono-parentaux, plus exposés aux risques sociaux que les ménages à double revenu. Puis-je demander à Monsieur le Ministre une analyse circonstanciée des risques auxquels une maman seule avec ses enfants est confrontée ? L’objectif de ma question étant que ce groupe-cible sera mis au centre du débat politique.
  • Réponse du 16/10/2008
    • de DONFUT Didier

    La question de l'honorable Membre fait écho à l'étude menée par Philippe Defeyt en septembre 2008 pour le compte de l'Institut pour un développement durable. J'ai en effet pris connaissance de ce document.

    Cette étude propose et analyse quelques statistiques relatives aux bénéficiaires du Droit à l'intégration sociale en Wallonie, avec un regard spécifique sur les grandes villes.

    Selon les éléments communiqués, en Wallonie, 113 des bénéficiaires du Droit à l'intégration sociale ont moins de 25 ans. 60 % des bénéficiaires sont des femmes.

    Les huit grandes villes wallonnes représentent environ un quart de la population mais comptent près de la moitié des bénéficiaires du Droit à l'intégration sociale.

    Les exemples suivants issus de l'étude apportent quelques chiffres-clé pour deux grandes villes wallonnes en 2007, ces entités vous sont proches.

    Liège a compté en moyenne 7.054 bénéficiaires du Droit à l'intégration sociale (DIS)
    - ce qui représente 5,89 % de la population des 18-64 ans;
    - 25,6 % d'entre eux avaient moins de 25 ans;
    - et 52,0 % d'entre eux étaient des femmes.

    Verviers a compté en moyenne 1. 942 bénéficiaires du Droit à l'intégration sociale
    - ce qui représente 5,98 % de la population des 18-64 ans;
    - 26,7 % d'entre eux avaient moins de 25 ans;
    - et 54,4 % d'entre eux étaient des femmes.

    En comparaison, la Wallonie a compté en moyenne 40.095 bénéficiaires du Droit à l'intégration sociale
    - ce qui représente 1,89 % de la population des 18-64 ans;
    - 31,1 % d'entre eux avaient moins de 25 ans;
    - et 59,7% d'entre eux étaient des femmes.

    Ces chiffres reflètent assez bien des préoccupations de l'honorable Membre.

    Comme l'étude semble le dire, les femmes et les jeunes sont largement représentés au sein des bénéficiaires du DIS, tant par rapport à l'ensemble des bénéficiaires qu'en termes relatifs (par rapport à la population d'âge actif). Cette double réalité doit probablement mériter l'attention de tous les acteurs et responsables sur l'impact des dispositifs mis en place et davantage par rapport à leur évaluation quantitative et qualitative pour les jeunes. Les mesures sont-elles suffisantes, doivent-elles être ajustées ?

    Quant à l'indicateur de précarité évoqué pour les prochains plans de cohésion sociale en Wallonie dans le cadre de l'observation des réalités locales, il constitue une avancée. Il nécessitera toutefois des interprétations prudentes et nuancées sur les réalités socio-économiques.

    D'autre part, pour permettre au Gouvernement wallon d'objectiver ce que sont la précarité et la pauvreté, la 0115 et l'IWEPS ont fait un important travail, qui a abouti à la publication des deux premiers volets du rapport sur la cohésion sociale en Région wallonne. Je vous invite à vous procurer ces documents qui sont accessibles gratuitement auprès de la DIIS, ils contiennent des réponses aux questions techniques que l'honorable Membre m'adresse.

    Au delà d'une bonne connaissance des mécanismes qui concourent à conduire à la pauvreté, le Gouvernement wallon a pris un certain nombre de mesures depuis le début de la législature. Avec mes collègues, j'ai pris l'initiative de réaliser un état des lieux de ces actions. Cet état des lieux, qui sera répété chaque année, réalisé avec la DIIS et la DGASS, a été soumis, pour la première fois à l'examen du Gouvernement le 8 mai dernier. Il faut prévoir qu'il soit un instrument de mesures d'impact ou d'initiatives ajustées aux besoins des wallons.

    Réduire le risque de pauvreté en accordant un revenu digne ou en facilitant l'accès à l'emploi ne sont pas que des politiques wallonnes, des concertations avec nos Collègues fédéraux sont nécessaires pour donner cohérence et ampleur aux mesures de lutte contre la pauvreté.

    D'autres acteurs que les CPAS concourent à la mise en œuvre du DIS, je rappelle d'ailleurs les projets développés en région wallonne dans la convention cadre Forem/CPAS, ceux-ci sont tout à fait complémentaires et préparatoires aux mesures de mises à l'emploi.

    J'ai aussi pris connaissance des réactions de la Ministre Marie Aréna et du Secrétaire d'Etat Jean-Marc Delizée concernant la publication de l'étude. Si ces derniers travaillent à des pistes qui pourraient s'orienter vers un soutien renforcé aux CPAS qui font plus d'efforts en matière d'activation vers l'emploi des bénéficiaires de l'intégration sociale, mes prédécesseurs au département et moi-même avons déjà travaillé à simplifier la vie des CPAS dans les mesures de subventionnement wallon à ces dispositifs. Le temps ainsi retrouvé, le montant connu des subventions proméritées permet aux CPAS d'intensifier leur politique de mises à l'emploi, de réunir les partenariats nécessaires et les conditions qui placent les usagers en situation optimale d'augmenter leurs compétences et chances de mise à l'emploi.

    Sur les méthodes d'accroche spécifique d'un public jeune, je ne doute pas que les CPAS, dans un principe d'autonomie locale, développent déjà des initiatives et cela se concrétise dans les projets très innovants de la convention cadre Forem/CPAS.

    Quant au public féminin, souvent représenté en famille monoparentale, il mérite que l'on s'attarde à identifier les mesures à prendre ou à renforcer pour ne pas l'exclure du marché de l'emploi et tenir compte de l'environnement dans lequel des mères en charge famille peuvent réunir toutes les chances d'accès à l'emploi. N'oublions pas alors de réfléchir aussi aux pièges à l'emploi.

    Il nous reste du travail, pas seulement en Wallonie, l'Etat fédéral doit aussi assumer ses responsabilités.