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Effet levier d'un Plan wallon d'isolation dans le logement sur l'économie wallonne.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 65 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 21/10/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    Il nous faut bien le reconnaître : la majorité des logements construits avant 1960 ne sont plus adaptés aux exigences actuelles en ce qui concerne les exigences énergétiques liées au développement durable.

    Selon le Ministère de la Région wallonne (repris en cela par la Confédération de la Construction wallonne, la CCW) quelque quarante mille habitations wallonnes devraient faire l'objet d'une rénovation et d'une isolation thermique profonde.

    Tant sur le plan de l'environnemental que sur le plan social, il s'agit là d'un défi politique conséquent qui a toute sa place dans un programme de relance économique de première classe.

    Puis-je demander à Monsieur le Ministre de nous informer un peu plus sur l'analyse faite par le Ministère de la Région wallonne quant à l'efficacité énergétique des logements en Wallonie? Quels ont été les critères à la base de cette analyse? Quelle estimation peut-il en être fait quant à l'investissement à réaliser? Quelle pourrait en être la contribution publique?

    Le secteur de la construction a connu en 2006 une belle croissance de 9 %, réduite à 4 % en 2007. On peut donc dire que la casse été limitée, comparée à d'autres Régions. Durant 2004-2007, quelque 10.000 emplois ont été créés dans la construction.

    Toujours selon la Confédération wallonne de la construction, quelque 15.000 emplois pourraient encore être créés si un grand chantier de rénovation lié à isolation thermique était lancé en Wallonie!

    Seulement, le secteur - qui représente un chiffre d'affaires de dix milliards euros, soit 6 % du produit intérieur brut wallon - craint d'être confronté à une pénurie de main de qualification importante.

    Depuis des années, le secteur réclame une implication plus soutenue de la Région wallonne pour susciter auprès des jeunes et des demandeurs d'emploi (en chômage) l'intérêt pour ces métiers, tout en réduisant bien sûr les pièges à l'emploi qui constituent un frein à l'embauche. Vu l'évolution du coût, notamment des matériaux de construction, le secteur craint aussi la montée du travail en noir.

    Monsieur le Ministre continue-t-il les analyses du secteur ? A-t-il eu l'occasion d'en discuter avec la CCW ? Que faire pour remédier rapidement aux pénuries de qualification ? Pour éviter le travail au noir ? Pour intéresser davantage de jeunes aux métiers de la construction ? Pour inciter les chômeurs à se former dans ces métiers?

    Monsieur le Ministre ne pense-t-il pas qu'une action conjointe des Ministres en charge de l'Economie et de l'Emploi, de la Formation ainsi que du Logement et de l'Energie, s'impose afin de faire avancer ce chantier politique de 40.000 logements à améliorer?

    D'avance, je remercie Monsieur le Ministre pour les réponses complètes qu'il apportera à ce qui apparaît comme un formidable gisement d'emplois pour la Wallonie.
  • Réponse du 13/11/2008
    • de ANTOINE André

    Agoria-Wallonie et la Confédération construction wallonne ont effectivement produit une étude, il y a déjà quelques temps, sur la performance énergétique des bâtiments en Région wallonne. Il en ressort que 400.000 logements et non 40.000 devraient faire l'objet de travaux d'isolation.

    Plus récemment, le Département du logement du Service public de Wallonie a fait connaître les résultats d'une vaste étude sur la qualité de l'habitat. Les projections pour l'ensemble du parc wallon sur base de l'échantillon de logements visités permettent de conclure, avec une marge d'erreur de 1,17 %, que 47,7 % des logements n'ont pas leur toiture isolée. Parmi les logements dont la toiture est isolée, seuls 10 % atteignent la norme d'isolation actuellement exigée pour obtenir une prime énergie. En évaluant le parc de logements wallons à environ 1.400.000, on ne peut que constater que 700.000 logements ont une toiture qui n'est pas isolée et plus de 500.000 ont une toiture peu isolée. Pourtant avec les parois vitrées, les toitures sont les composants du logement qui sont les premiers à être améliorés sur le plan énergétique. L'enjeu est donc énorme tant en termes énergétiques qu'en termes de création d'emplois. Diverses primes dont la prime réha + incitent les propriétaires à investir dans leur logement. Il en va de même par le biais des réductions et déductions fiscales au niveau fédéral. Mais il est vrai que la main d'œuvre vient à manquer et qu'isoler correctement un logement nécessitent des compétences qui peuvent manquer dans le secteur.

    En matière de formation professionnelle, mon collègue, le Ministre Marc Tarabella, œuvre à différents niveaux à la formation et la promotion des métiers de la construction. Prenons quelques exemples soutenus par le Gouvernement wallon.

    Dans le cadre du Plan Marshall, nous retrouvons bien entendu les actions menées en matière de la lutte contre les métiers en pénuries de main d'œuvre. Les besoins sont recensés de manière cohérente par tous les partenaires (secteurs, opérateurs de formation, centres de recherche). Les contenus de formations sont développés en commun et l'offre s'étoffe tant à destination des demandeurs d'emploi que des concepteurs, des entreprises ou des Administrations. Sont plus particulièrement mises sur pied, des actions de formation visant à permettre, par la mise en œuvre de politiques régionales telles que la Performance énergétique de bâtiments, la construction durable dans ses piliers économique, social et environnemental.

    C'est ainsi que dans le cadre du Plan Air Climat, afin de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, une enveloppe spécifique a été dédicacée au centre de compétence « Forem Formation Environnement » de Mons afin d'y renforcer son offre de formation dans trois domaines d'activités, à savoir les « Energies alternatives et renouvelables », la « Performance Energétique des Bâtiments » (PEB) et l’« Eco-Construction ».

    En collaboration avec les secteurs (CCW et FFC), les clusters ainsi que les centres de recherche (CSTC) , les opérateurs de formation (FOREM, IFAPME, ULg) ont présenté, dans le cadre des derniers appels d'offres FEDER et FSE, une adaptation des contenus à la problématique de la Construction Durable et de la PEB, ainsi que l'augmentation de l'offre en génie civil avec priorité à la gestion de la sécurité sur chantier (VCA, travaux à risques, gestion des matériaux à base d'amiante, etc ... ) ou à la gestion de l'eau.

    Enfin, la perception négative du secteur est un élément explicatif de nombreuses difficultés (de recrutement, d'alimentation des filières de formation et surtout d'Enseignement, de mobilisation des demandeurs d'emplois, ... ) et doit mobiliser tous ceux qui peuvent agir sur cette image. Diverses actions sont ainsi mises en œuvre par le secteur et/ou les opérateurs publics afin de mettre en valeur les métiers du secteur, surtout émergents, ainsi que les opportunités d'emploi (par exemple, les dossiers JobFocus liés aux métiers de la construction présentés dans la presse, un CD Rom interactif à destination des jeunes, la Quinzaine de la construction, le projet « Gestion de la diversité » destiné à attirer les femmes dans le secteur, ... ). Toutes ces actions ont pour objet d'agir sur le long terme afin de modifier en profondeur les stéréotypes ancrés dans l'esprit de la population.

    Rappelons également que mon collègue M. Tarabella a confié une mission à l'ASBL Skills Belgium visant à promouvoir par toutes voies et moyens les métiers manuels et techniques : création d'un visuel (Startechs), d'un site internet et d'une WebTV, organisation des sélections francophones pour les événements tels que l'EuroSkills ou le Mondial des métiers, animations diverses dans des lieux fréquentés par les jeunes, ...

    En ce qui concerne les pénuries de main d'œuvre, une série d'actions transversales à l'ensemble des secteurs qui connaissent des pénuries ont été initiées :

    - le Plan de lutte contre les pénuries de main-d'œuvre confié au Forem par le Gouvernement wallon dans le cadre du Plan Marshall (augmentation du nombre de formation, analyse et promotion des métiers dans le cadre de Job Focus, etc.). Ainsi, à titre d'exemple, les métiers de maçon, d'électricien-installateur ou encore de couvreur ont été étudiés ;
    - en matière de promotion des métiers et des filières techniques, en particulier envers les jeunes de 12 à 18 ans une importante mission a été confiée à Skillsbelgium ;
    - il a été demandé au Forem d'encore accentuer les actions menées en matière d'information et d'orientation des demandeurs d'emploi vers les métiers concernés, des actions qu'il doit notamment mener en collaboration avec ses partenaires au sein des Carrefours Emploi Formation. En outre, il faut souligner que le nouveau site internet du Forem comprend une section intitulée « Horizons Emploi » qui est entièrement dédicacée à l'information sur les métiers.

    Quant au secteur de la construction, il est bien entendu visé et associé aux mesures précitées, mais il bénéficie en outre du soutien de la Région wallonne dans le cadre d'une série de mesures spécifiques.

    Ainsi, au niveau du Forem, dans le cadre de la convention qui le lie à la CCW et au Fonds de Formation de la Construction, une « Task Force Construction » visant à développer les rapports avec les entreprises du secteur, à promouvoir l'insertion de ses stagiaires et à développer l'offre de formation, a été mise en place afin d'améliorer le suivi des demandes des entreprises. Au niveau local, il s'agit donc d'une porte d'entrée unique, la meilleure perception des demandes permettant ensuite de développer des plans d'actions sous-régionaux dans chaque Direction régionale du Forem en concertation avec les représentants locaux du secteur. Cela afin d'organiser la meilleure réponse aux demandes des entreprises en termes de gestion de recrutement, d'accès aux aides financières notamment à des fins de soutien à l'insertion, d'utilisation du RAC, de formation des travailleurs, etc.

    Le projet « Construis avec moi ! plus tard, j'exercerai ... le plus beau métier du monde ! » ciblant les jeunes de 5e et 6e primaires, est également soutenu car il contribue à la revalorisation des métiers de la construction et à la lutte contre les pénuries de main d'œuvre du secteur. L'objectif de ce projet, dont la portée est régionale, est de sensibiliser les enfants à la réalité des métiers de la construction et de les amener à considérer ceux-ci comme un choix qualitatif possible pour leur vie professionnelle à venir.

    Lors de la première édition du concours, circonscrit à la Province de Luxembourg, une quinzaine d'écoles ont répondu à l'appel à candidatures et réalisé un travail de présentation multimédia d'un métier de la construction. Lors de la deuxième édition, étendue à toute la Région wallonne, 69 écoles ont réalisé un projet. Enfin, pour la troisième édition, que nous venons de vivre, 32 écoles ont introduit leur candidature et 28 écoles ont finalisé un DVD. De l'avis du jury comme des organisateurs, les films produits par les écoles sont de grande qualité et l'engouement des enfants vraiment enthousiasmant. Quant à savoir si cela suscitera des vocations parmi ces enfants, il est un peu tôt pour le dire ...

    Par ailleurs, ce projet fait partie d'une dynamique beaucoup plus large de promotion des métiers techniques et manuels à laquelle participent les initiatives « Techni'kids » d'ouverture des Centres de compétence aux enfants, de même que le projet « diversité construction » qui vise à favoriser l'insertion de femmes, de jeunes, de travailleurs d'origine étrangère et de travailleurs handicapés dans le secteur de la construction.

    Dans le cadre du projet « diversité construction », une « coach sectorielle », financée par la Région wallonne a été engagée par le Fonds de formation de la construction et travaille, en collaboration avec les jobcoaches des Missions régionales pour l'emploi à lever les barrières entre les chercheurs et chercheuses d'emploi fragilisés de par leur « sexe », leur manque d'expérience ou leur origine, et les employeurs du secteur de la construction.

    En sus de la convention sectorielle cadre signée avec le secteur, reprenant l'essentiel des actions développées (ou à développer), notamment avec le Forem et l'IFAPME, une « charte diversité construction » a été signée avec les partenaires sociaux du secteur (CCW et FFC), le 23 avril dernier, rappelant les engagements du secteur en faveur d'une gestion de la diversité des Ressources Humaines et de la lutte contre les discriminations.

    Enfin, le même jour, a été conclue une convention de collaboration dans laquelle le secteur s'engage à promouvoir le dispositif « APE Jeunes » auprès des entreprises de la construction et à accompagner celles-ci dans leurs démarches de sollicitation des aides régionales afin que 500 jeunes, disposant au maximum du CESS ou d'un titre équivalent, soient insérés, d'ici fin 2009, dans les entreprises du secteur.

    De manière plus générale, la rénovation et l'isolation du bâti wallon constituent en effet des opportunités économiques importantes pour nos entreprises et une manière d'améliorer le pouvoir d'achat de nos citoyens.