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Crise alimentaire.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 54 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 05/11/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Réunis à Bruxelles les 15 et 16 octobre dernier, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UE ont opté pour une série de mesures destinées à éviter une nouvelle crise financière. Plus question de la crise alimentaire qui faisait la une, il y a un an.

    D’ autant que l’on s’attend pour 2008 à une récolte céréalière record. La demande mondiale de produits alimentaires risque d’être affectée, notamment par la tentation qu’auraient les pays développés de réduire leur aide au développement (" Plein Champ " du 23 octobre 2008)

    Voilà que l’actualité d’une crise en cache une autre toujours d’actualité mais passant au deuxième rang. Et la crise alimentaire ne concerne pas que les pays en voie de développement. L’augmentation des aliments touche également de plus en plus de ménages dans les pays dits développés : pour bon nombre de ménages, le pouvoir d’achat fond comme la neige au soleil.

    Nous observons une volatilité des prix des aliments qui profite plus aux industriels, aux commerçants et aux intermédiaires qu’aux producteurs.

    Je plaide donc pour une meilleure transparence des prix. Pour que le consommateur soit mieux informé sur la formation et la structure du prix ainsi que sur les facteurs qui l’influencent. C’est à mes yeux le seul moyen de créer l’alliance entre le consommateur qui attend un produit de qualité et le producteur qui attend des prix corrects pour son produit.

    Mais je plaide aussi pour une meilleure prise en considération de la crise alimentaire – chez nous (quart monde) comme dans les pays en voie de développement.

    A l’inverse, je suis stupéfait lorsque j’entends certains nier carrément la crise alimentaire. D’où mes questions :

    - quelle est l’analyse de Monsieur le Ministre;
    - y a-t-il une situation alimentaire chez nous au quart monde de plus en plus difficile;
    - a-t-il une crise alimentaire sur le plan international ou est-ce la théorie de gens qui n’ont pour objectif que « de semer la panique » ?
  • Réponse du 02/12/2008
    • de LUTGEN Benoît

    Comme l'honorable Membre le mentionne, les crises financières et économiques ont tendance à refouler au second plan les difficultés alimentaires des pays en voie de développement.

    Il est bien difficile de cerner avec précision l’évolution de la situation. Indéniablement les effets conjugués de la hausse du dollar, du prix du pétrole et de la production de viande, mais aussi des spéculations financières, des aléas climatiques et du développement des agro-carburants, ont conduit, en 2007, à des hausses importantes, non seulement du prix des produits alimentaires, mais aussi à des changements d’utilisation de ces produits de base (agro-carburants et/ou alimentation du bétail plutôt qu’alimentation humaine). Ces changements placent les populations les plus démunies, tant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement, dans des situations difficiles. Les plus fragiles, où qu’ils se trouvent, sont les premiers et les plus durement touchés.

    Depuis mi-2008, bon nombre de ces paramètres ont changé. Et il est bien difficile d’évaluer la situation exacte dans les pays en voie de développement. Les prix des produits agricoles ont clairement diminué, relâchant la pression sur les consommateurs, mais réduisant également les recettes des agriculteurs, où qu’ils se trouvent. Par ailleurs, le ralentissement de l’activité économique a des effets sur les revenus des ménages.

    D’un côté, cela réduit la capacité d’achat des classes moyennes, et donc la demande en viande, grande consommatrice d’aliments pour bétail à base de céréales, soja et maïs. D’un autre côté, la pauvreté augmente. Or, la faim dans le monde est avant tout un manque d’accès à la nourriture dû à la pauvreté plutôt qu’un manque global d’aliments.

    A court terme, on ne peut répondre à cette situation que par des distributions alimentaires. A moyen ou long terme – d’où tout l’enjeu de l’aide au développement – c’est via la formation et la fourniture d’intrants de base pour la relance de la production agricole qu’une solution pourra être apportée. Dans ce cadre, je ne peux que regretter les délais pris par l’Union européenne pour mettre en place un vaste plan d’aide à la sécurité alimentaire des pays les plus pauvres.

    Je dois également souligner qu’on ne peut ignorer la relation directe entre instabilité politique, pauvreté et sous-alimentation. Quels que soient les efforts consentis par la communauté internationale, sans une bonne gouvernance et un cadre légal et économique stable, il n’y a aucune perspective durable de développement et de lutte contre la sous-alimentation.

    Au niveau belge également, des réponses à court et à moyen terme doivent être menées de concert. Il est indispensable de libérer des moyens supplémentaires pour renforcer les actions des banques alimentaires. Je soutiens totalement la proposition de la Commission européenne de renforcer le programme de distribution de vivres aux plus démunis. Pour ce qui concerne la formation et la réinsertion, j’estime indispensable de renforcer les mesures en ce sens et invite l'honorable Membre à s'adresser auprès de mes Collègues en charge de ces compétences.